Une centaine de personnes s'est donnée rendez- vous samedi 24 septembre à Montréal afin de débattre un sujet de grande envergure dans le milieu communautaire et dans le pays multiculturel qu'est le Canada. Il s'agit de la presse écrite multiethnique en tant levier dans la vie sociale et économique du Québec et du Canada et force de proposition et comme force de résolution des problèmes des minorités invisibles et de promotion des compétences de la diversité. Organisé par le Forum des Compétences Canado-marocaines (FCCM) en présence de Mme Habiba Zemmouri, consule générale du Maroc à Montréal, ainsi qu'un représentant de la ville de Montréal, l'événement, qui a réuni le Maroc, l'Algérie, Haïti et le Québec, a attiré de nombreux représentants de la presse communautaire écrite (Atlas-Montréal), audio (Radio Centre-ville, Radio-Canada International, CBC Radio-Canada International, en ligne (Espace MRE) et québécoise (Journal Métro et Radio-Canada). Un bouquet de panélistes triés sur le volet et représentant les différents supports participants ont pu exposer leurs points de vue à bâtons rompus au sujet de la presse ethnique et de ses enjeux à l'ère des NTIC. Cette dernière est perçue comme une source d'information orientée vers une communauté ethnique, comme l'a souligné le panéliste Guy Daoust, représentant de Radio Canada, lors de son intervention : «C'est le journal de quartier, version communauté ethnique, et c'est comme cela qu'on la perçoit comme une société au Québec, car nous aussi nous sommes des immigrants. Il faut dire que la presse est en mutation actuellement comme l'est l'ensemble de la communauté des médias avec l'avènement du web et des médias électroniques. Le journal, lui qui est un rassemblement et un lieu commun aux immigrants, une source d'information remarquable, a atteint sa limite au moment où elle devient aux yeux des autres une sorte de ghetto, une possibilité d'enfermement, voire même une forme de lobbying. » Pour le panéliste, la presse multiethnique signifie davantage une présence multiethnique à travers des sujets, des dossiers à caractère multiethnique traités dans les grands médias, une présence des figures de proue des différentes communautés dans les grands organes de presse ; c'est ainsi qu'on bâtit une société multiethnique qui se tient ». Dans son intervention sur le rôle de la presse communautaire, le panéliste Ismail Harakat, directeur du site web d'information Espace MRE, a mis l'accent sur l'importance de toucher, par la ligne éditoriale de sa publication, sa communauté et du risque à s'en écarter et ce en sortant des sentiers battus qu'on s'est assignés au début. Il a également attiré l'attention sur les défis liés au manque de moyens de financement, aux difficultés d'accès à l'information et l'éparpillement du marché publicitaire qui sévit encore dans les publications nouvelles disposant de moyens frugaux. Il a enfin mis l'accent sur la manière idéale de traiter l'information et qui peut décider de l'avenir de la publication : « L'information est présente partout, souligne-t-il, mais il reste l'angle de traitement et c'est là que réside l'intérêt de la presse communautaire ; c'est –à-dire qu'elle va chercher des sujets des quels le lecteur va se sentir proche. » La presse ethnique c'est d'abord le premier lien avec la société d'accueil pour les immigrants fraichement débarqués dans le pays d'accueil : « Lorsqu'on arrive comme immigrant, relate Mme Mariama Zhouri, la secrétaire générale du FCCM, une des premières attaches qui nous tient avec le pays qu'on a quitté et le pays où l'on est, c'est le journal, c'est la radio, c'et la télévision. » Ce premier contact sensé informer sur le loyer, les écoles, le travail se transforme avec le temps en une quête de nouvelles sur sa communauté. Et c'est là que se constate : « le décalage entre les médias conventionnels et les médias ethniques comme ajoute Mme Zhouri. Pour elle, il y avait assez de matière journalistique et de matière grise pour que l'on tente de voir comment on pourrait arriver à ce que ces médias soient encore plus à l'image des communautés, vers leur intégration et leur réalisation.