Le rideau est tombé le vendredi 2 septembre sur les travaux de la Semaine mondiale de l'eau que la capitale suédoise –Stockholm- a abrités depuis le 28 août sous le thème « L'eau, pour une croissance durable ». Organisée par le Stockholm International Water Institute (SIWI) avec le soutien de la ville de Stockholm et des gouvernements suédois et allemand et en partenariat avec l'Organisation de Coopération et de Développement Economique (OCDE), la Water Research Commission (Afrique du Sud) et le 2030 Water Resources Group (Groupe de travail rassemblant les secteurs public et privé ainsi que les représentants de la société civile), cette importante manifestation a vu la participation de plus de 3000 participants et experts venus de 130 pays, représentant les gouvernements, les organisations de développement, les bailleurs de fonds, les sociétés privées de gestion des ressources en eau, les ONG de développement,... Au menu de cette rencontre, les participants se sont déployés à donner à leurs travaux une connotation concrète. C'est donc la question de l'eau et la mise en œuvre de l'accort de Paris, de même que la question des objectifs sur le développement durable tels qu'adoptés par les Nations Unies lors du Sommet sur le développement durable en 2015, les conclusions de la COP21 ainsi que les perspectives qui s'ouvrent à l'équilibre environnemental et climatique à travers la COP 22 prévue à Marrakech en novembre prochain, qui ont été fortement présentes lors des débats et échanges entre participants. Présent en force à cette rencontre, notre pays, qui capitalise sur une grande expérience et sur une expertise en matière de gestion des ressources hydriques, mondialement reconnue, a été très écouté compte tenu de l'intérêt de l'approche qu'il préconise, une approche qui force l'intérêt et dont la pertinence est de nos jours érigée en modèle de par le monde. Le Maroc, qui mesure à juste titre tous les défis que présente la problématique de l'eau dont la gestion est si complexe et a de telles ramifications qu'elle ne peut se prêter à un traitement purement technique, pas plus qu'elle ne peut être évaluée moyennant de simples aménagements partiels ou ponctuels, ne cesse de plaider pour que soient adoptées de nouvelles politiques et que des choix soient pris à la faveur de technologies de pointe pour compenser les pénuries en eau qui frappent une proportion croissante de la population mondiale. Une orientation dictée par l'impératif de parvenir à une gestion rationnelle et intégrée des ressources en eau, et ce, à un moment où, au regard des pressions qui s'y exercent, la ressource devient une matière première rare, contraignante, très convoitée et même source de conflit dans certaines régions. L'on sait d'ailleurs qu'aujourd'hui, l'eau est recensée parmi les quatre priorités essentielles de la politique de l'environnement au cours des deux prochaines années. Quelques données disent l'ampleur des défis auxquels la communauté mondiale se trouve confrontée aujourd'hui. Dans ce cadre, selon des sources onusiennes, le défi de l'eau ce sont 47 pour cent de la population mondiale qui vivront dans des régions soumises à un fort stress hydrique. Des sources indiquent également que les niveaux des ressources naturelles en eau potable par habitant de la planète sont en constante régression. Ce déclin est encore plus accentué dans les zones arides, notamment le Proche Orient et l'Afrique du Nord, où les ressources d'eau douce par habitant ont diminué de façon drastique dès le début de l'actuelle décennie. Plus inquiétant, certaines études établissent que le volume d'eau disponible par habitant au Maghreb et au Moyen Orient aura diminué de 80% en l'espace d'une vie d'homme, passant de 3400 mètres cubes en 1960 à 1250 aujourd'hui et à 650 en 2025, soit nettement en dessous du seuil d'alerte fixé par la Banque Mondiale à 2000 mètres cubes. Certes, sur ce sombre tableau, nombre d'experts soutiennent que le problème est moins le manque d'eau à l'échelle mondiale que l'inégalité de sa répartition. Arguments à l'appui, environ 15% des ressources mondiales en eau douce se trouvent en Amazonie, là où ne vit que 1,3% de la population mondiale. En revanche, l'Asie concentre 60 % de la population mondiale pour 30 % des ressources disponibles. Aussi, ce sont 1,5 milliard d'habitants de la planète (soit une personne sur quatre) qui n'ont pas accès à l'eau potable et plus de 2,5 milliards (soit près d'un sur deux) ne sont pas raccordés à un réseau d'assainissement. Selon l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), chaque année, 5 millions de personnes meurent et 30 millions sont malades du fait de l'insalubrité de l'eau. La raréfaction des ressources en eau s'explique aussi par la dégradation qualitative des ressources due à la pollution industrielle et à l'utilisation par l'agriculture de produits chimiques qui détériorent les nappes souterraines. Entre autres éléments qui renseignent sur les difficultés, de plus en plus accentuées, d'accès à une ressource dont on redécouvre - tardivement malheureusement - qu'elle n'a pas de substitut possible ni pour la santé des populations ni comme matière de base à forte valeur économique. De surcroît, en devenant un bien rare, gaspillé par certains, onéreux pour d'autres, convoité par beaucoup, l'eau prend, en ce troisième millénaire, un caractère stratégique potentiellement déstabilisateur. C'est là une évidence et elle est plus frappante aujourd'hui, dans plusieurs endroits du monde, plus particulièrement dans la région du Proche-Orient. A la lumière de toutes ces données, les participants à la Semaine mondiale de l'eau à Stockholm sont donc en position de réaffirmer avec force arguments leur partage des grands principes sur la nécessité de faire un meilleur usage de cette richesse commune. De réaffirmer et de soutenir également la mise en place de stratégies d'inflexion rapide des modes d'exploitation, de consommation et d'utilisation de l'eau pour éviter que cette ressource, qui n'existe qu'en quantités limitées, devienne un frein essentiel pour le développement aussi bien humain qu'économique. Des impératifs qui obligent à ne plus se satisfaire de discours généraux et généreux, mais imposent à ce que l'action soit inscrite dans une dynamique de partenariat mondial, en faire un réel code de conduite qui s'impose à tout un chacun pour préserver ce bien si spécifique et promouvoir une utilisation rationnelle de la ressource. Des interrogations que la COP22 que notre pays va abriter promet d'y apporter les réponses appropriées, et ce, compte tenu de la résilience de son modèle d'abord et, ensuite, de ses choix stratégiques à fédérer autour des nobles causes dans l'intérêt de l'humanité.