Les déclarations ambiguës de Donald Trump concernant Hillary Clinton et les armes à feu ont continué de monopoliser la campagne électorale aux Etats-Unis, où la candidate démocrate a estimé que son rival républicain avait «fortuitement » incité à la violence. Ce nouveau dérapage intervient alors que le magnat new-yorkais de l'immobilier avait tenté en début de semaine de se recentrer sur son programme en dévoilant ses propositions en matière de politique économique. L'idée était de sortir de la querelle dans laquelle il s'était enferré la semaine dernière avec les parents d'un capitaine musulman de l'armée américaine mort en 2004 en Irak. Le recentrage a fait long feu. En meeting électoral mardi soir en Caroline du Nord, Trump a suggéré que les partisans des armes à feu pourraient agir pour empêcher Clinton de nommer des juges progressistes à la Cour suprême américaine. «Si elle est en mesure de choisir ses juges, il n'y aura rien à faire, les gars. Quoique les gens du deuxième amendement, il y a peut-être, je ne sais pas mais...», a déclaré le candidat républicain sans nir sa phrase, et ouvrant un débat sur la signi cation véritable de ses propos. Le deuxième amendement de la Constitution américaine garantit le droit de porter une arme. Certains des membres de l'assistance ont grimacé quand il a tenu ces propos. Priée de préciser ses dires, son équipe de campagne a dit dès mardi soir qu'il avait encouragé les défenseurs du deuxième amendement à mobiliser les électeurs en sa faveur lors du scrutin du 8 novembre. Mercredi, Hillary Clinton a estimé que son rival s'était bien rendu coupable d'incitation à la violence. «Nous avons été hier les témoins du dernier en date de la longue série de remarques fortuites de Donald Trump qui ont franchi la ligne», a-t-elle dit en meeting à Des Moines, dans l'Iowa, évoquant «son incitation fortuite à la violence». «Chacun de ces incidents nous montre que Donald Trump n'a tout simplement pas le tempérament pour être président et commandant en chef des Etats-Unis», a-t-elle ajouté. Trump se défend Un responsable du Secret Service, chargé de la protection des présidents, a parallèlement déclaré mercredi à CNN que des contacts avaient été passés avec l'équipe de campagne du candidat républicain. «Il y a eu plus d'une conversation » sur ce sujet, a-t-il ajouté, précisant que l'entourage de Trump avait réaffrmé qu'il n'avait pas l'intention d'inciter à la violence. Sur son compte Twitter, Trump a démenti: «Aucune réunion ou conversation de ce type n'a jamais eu lieu», a-til écrit, dénonçant ensuite une «histoire inventée». Un responsable de l'administration fédérale a déclaré lui que le Secret Service n'avait pas «formellement» discuté avec l'équipe de campagne du candidat républicain. Invité de Fox News, il a affirmé que son propos était d'appeler à une mobilisation politique, pas à prendre les armes. «Il existe une extraordinaire puissance politique pour sauver le Deuxième Amendement», a-t-il dit, ajoutant avoir voulu la transformer en bulletins de vote. «Et chacun le sait», a-t-il poursuivi. Quelle qu'ait été l'intention de Trump, cette nouvelle controverse a continué d'alimenter les inquiétudes au sein du Parti républicain sur le tour pris par la campagne du magnat de l'immobilier à moins de trois mois du scrutin du 8 novembre. «Honnêtement, il est dangereux» Joe Scarborough, ancien élu républicain de Floride aujourd'hui animateur sur la chaîne MSNBC, a ainsi souligné dans une tribune publiée mercredi par le Washington Post que le Grand Old Party entrait en «territoire inconnu» et a demandé aux dirigeants de la formation politique de ré échir à un possible retrait de Trump. Imitant Meg Whitman, directrice générale de Hewlett Packard Enterprise qui nance le Parti républicain, et Michael Bloomberg, ancien maire de New York passé par la formation de droite, John Negroponte, directeur national du renseignement (DNI) sous le président républicain George W. Bush, et Chris Shays, ancien élu républicain du Connecticut à la Chambre des représentants, se sont à leur tour ralliés mercredi à la candidature Clinton. «Il ne comprend pas les exigences basiques de la fonction de président des Etats-Unis. Et, honnêtement, il est dangereux », a expliqué ce dernier dans une interview accordée à MSNBC. Dans la dernière livraison de la moyenne des sondages réalisée par le site Real Clear Politics, Hillary Clinton est créditée mercredi de 48% des intentions de vote contre 40,3% pour le républicain, soit une avance de 7,7 points. La candidate démocrate est aussi en tête en Pennsylvanie (+9,2), dans le Michigan (+6,6), dans l'Ohio (+2,6) ou encore en Floride (+2,2), qui appartiennent à la catégorie des «Swing States», ces Etats clefs où se décidera l'issue de la course à la Maison blanche du fait de la spéci cité du mode de scrutin (le président est élu par 538 grands électeurs désignés Etat par Etat). Mais Ron Bonjean, expert électoral du Parti républicain affilié à Trump, ne croit pas un instant qu'il soit possible de revenir sur l'investiture qui lui a été officiellement accordée le 19 juillet dernier lors de la convention de Cleveland, dans l'Ohio. «Penser que les républicains vont changer de candidat après la convention, c'est se bercer d'illusions», a-t-il dit à Reuters.