La génération des années 70 et 80 est aujourd'hui en deuil. Elle vient de perdre un acteur très représentatif d'un goût cinématographique bien accentué à l'époque, celui du western- spaghetti et du comique à l'italienne. D'ailleurs, hormis le cinéaste Sergio Leone, la plupart des réalisateurs italiens populaires de l'époque, de Sollima à Corbucci, de Marghereti à Ferroni, de Tessari à Castellani, de Baldi à Paroni, ont réussi à mener deux genres parallèles, celui du western à l'italienne et celui de la comédie légère, en concevant des scénarios à intrigues, illustrés par des acteurs adaptables, faisant la ferveur de tous les publics du monde. C'est dans ces conditions qu'a jailli Carlo Pedersoli, plus connu sous le nom de Bud Spencer, une icône populaire relevant désormais de la légende cinématographique, comme le fut la légende hollywoodienne Spencer Tracy, son idole. On l'a connu seul à l'écran, jouant le gros débonnaire méchant, propriétaire terrien sans scrupules, face à des agriculteurs sans défense, de forte corpulence, barbu ou non, cigare au bec, au regard méprisant malgré ses petits yeux chargés de malice. Ce n'était encore qu'un second rôle dont les comptes seraient inévitablement réglés par des héros sans véritable gloire portant les noms de Ringo, Sartana, Gringo, Sabata et autre Trinita. Et c'est avec Trinita que démarra la véritable carrière de Bud Spencer, décidé à faire duo avec son compatriote Mario Girotti, le véritable nom de Terence Hill. Une vingtaine de films vont les unir sur les plateaux aussi bien des westerns européens que des comédies policières, où chacun respectait son rôle: Hill, léger athlétique et insensible justicier survivant grâce à sa malice; et Bud, gros buveur, humain écervelé, imposé par son seul poids lourd. C'est un tandem qui marchait si bien et durant plusieurs décennies en Europe comme en Afrique, en Amérique comme en Asie, qui a su se maintenir grâce à son originalité, sa spontanéité, sa capacité de faire toujours mieux au risque de se surpasser.