Oubliée la malédiction. L'Allemagne a enfin passé dans un tournoi majeur l'obstacle de l'Italie, et s'est qualifiée pour les demi-finales de l'Euro-2016 à l'issue d'une terrible séance de tirs au buts (6 t.a.b à 5; 1-1), dans un quart étouffant samedi à Bordeaux. Les champions en monde en titre affronteront en demie les Bleus, si ces derniers s'imposent contre les surprenants Islandais dimanche au Stade de France. La séance de tirs au but a été hallucinante: Zaza a tiré au dessus, Müller l'a envoyé sur Buffon, Özil a trouvé un poteau, Pelle l'a mis à côté, Bonucci a envoyé son ballon sur Neuer, Schweinsteiger a tiré au dessus et Darmian a fait encore un cadeau à Neuer. Finalement c'est Hector qui a délivré la Mannschaft ! Incroyable ! Entre deux équipes qui totalisent huit Mondiaux et quatre Euros, ce match a tenu toutes ses promesses en termes de dramaturgie, d'intensité, ainsi que sur le plan tactique. Malheureusement, il a aussi été assez pauvre en occasions franches, comme cela était tout aussi prévisible. Joachim Löw avait finalement opté pour une nouvelle ruse tactique, en optant pour une défense avec trois éléments centraux. Une stratégie travaillée régulièrement par la Mannschaft à l'entraînement et lors de matches amicaux, pour contrer spécifiquement les adversaires avec deux pointes. Et comme en face Antonio Conte avait gardé son 3-5-2, malgré le forfait de Daniele De Rossi au coup d'envoi, les deux équipes étaient pratiquement des miroirs l'une de l'autre. Même dans leurs différences, ces deux adversaires se complètent puisque si l'Allemagne aime avoir le ballon, l'Italie ne tenait pas plus que ça à l'avoir non plus, si bien que le match s'est souvent cantonné à un face à face stérile. L'Allemagne a dû se contenter de bribes d'occasions, comme cette tête de Mario Gomez loin du cadre sur un centre de Joshua Kimmich (41e), une frappe trop molle de Thomas Müller après une partie de billard devant les cages de Gianluigi Buffon (42e). Müller se créait encore une belle occasion dix minutes après la reprise, voyant sa frappe - peut-être pas cadrée-, détournée par Alessandro Florenzi en corner. Mais alors que Löw s'apprêtait à faire entrer Julian Draxler, peut-être pour revenir à un 4-2-3-1 plus orthodoxe, Mesut Özil, peu en vue jusqu'ici, se trouvait au bon endroit dans la surface pour reprendre un un centre détourné de Jonas Hector et tromper Buffon (1-0, 65e) Trois minutes plus tard, Özil adressait une ouverture piquée parfaite pour Gomez à la limite du hors-jeu. Dos au but, l'avant-centre adressait une astucieuse talonnade, que Buffon déviait au dessus des cages. L'Italie, menée pour la première fois dans cet Euro-2016, si on excepte l'Eire, pour un match qui comptait pour du beurre, se devait de faire le jeu, ce qui n'est pas son point fort, et ça s'est vu. Au bout du suspense Jusqu'ici, à part une intervention de Boateng devant Emanuele Giaccherini (31e) et une frappe de Stefano Sturaro déviée par ce même Boateng, Manuel Neuer avait passé une soirée tranquille. Mais l'Italie a n'a pourtant pas tardé à revenir, grâce à un penalty flagrant, sur une main de... Boateng, décidément dans tous les coups, les bons comme les moins bon. Manuel Neuer devait s'avouer vaincu pour la première fois de la compétition, bien qu'il soit parti du bon côté, le gauche, sur une très belle frappe de Leonardo Bonucci (1-1, 78e). Une égalisation arrachée alors qu'ils semblaient plus en difficulté contre le tenant du titre espagnol au tour précédent (2-0), notamment dans l'utilisation offensive. Les deux géants du foot européens se retrouvaient dans une prolongation au parfum forcément dramatique malgré la fatigue des joueurs, qui n'a fait que rajouter à l'intensité du combat. Chaque équipe avait encore sa chance - l'Allemagne par Julian Draxler sur un retourné au-dessus (107e), les Azzuris par Lorenzo Insigne, dont la frappe était bloquée en deux temps par Neuer (112e) - mais il était écrit que ce match devait aller jusqu'au bout du bout.