La Russie a annoncé l'entrée en vigueur d'un cessez-le-feu de 48 heures dans la ville syrienne d'Alep (nord), quelques heures après la mise en garde de Washington envers le président syrien Bachar al-Assad et son allié russe sur le respect de la cessation des hostilités. D'un autre côté, le pouvoir syrien a condamné mercredi la présence de membres des forces spéciales françaises et allemandes dans le nord de la Syrie. Le pouvoir syrien a condamné mercredi la présence de membres des forces spéciales françaises et allemandes dans le nord de la Syrie. Cette présence constitue une "agression explicite et injustifiée contre la souveraineté et l'indépendance" de la Syrie, déclare le ministère syrien des Affaires étrangères cité par l'agence officielle de presse Sana. A Berlin, le ministère allemand de la Défense a aussitôt démenti les accusations de Damas, affirmant qu'il n'y avait aucun soldat des forces spéciales allemandes en Syrie. "Il n'y a pas de forces spéciales allemandes en Syrie. Cette accusation est fausse", a dit un porte-parole du ministère. D'après des médias publics syriens, ces forces spéciales seraient présentes dans Aïn al-Arab, le nom arabe de Kobani, ville reprise par les Kurdes à la frontière avec la Turquie, et dans le secteur de Manbij, à une cinquantaine de kilomètres au sud-ouest, que les rebelles arabes et kurdes des Forces démocratiques de Syrie (FDS), soutenus par les Etats-Unis tentent de reprendre aux djihadistes de l'Etat islamique (EI). Des sources militaires françaises ont confirmé la semaine dernière que des soldats français se trouvaient en Syrie pour conseiller les rebelles lancés dans l'offensive sur Manbij. D'après l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), les forces spéciales françaises se construiraient en outre une base à Kobani. L'OSDH ajoute que des conseillers militaires allemands, français et américains ainsi que des membres des forces spéciales françaises et américaines apportent leur assistance aux insurgés des FDS mais qu'ils ne combattent pas sur les lignes de front. "A l'initiative de la Russie, un +régime de silence+ est entré en vigueur à Alep pour 48 heures le 16 juin à 00H01 (21H00 GMT mercredi) afin de réduire le niveau de violence armée et stabiliser la situation", a déclaré mercredi soir le ministère russe de la Défense dans un communiqué. Plus tôt dans la journée, le chef de la diplomatie américaine John Kerry avait haussé le ton contre Damas et son allié russe, au moment où les combats redoublent de violence dans le nord de la Syrie. "Il est manifeste que la cessation des hostilités est fragile et menacée, et qu'il est crucial d'instaurer une vraie trêve", avait-il déclaré à Oslo, en référence à une trêve instaurée à l'initiative de Moscou et Washington le 27 février -- dont les groupes jihadistes sont exclus -- mais qui est régulièrement violée depuis avril. "La Russie doit comprendre que notre patience n'est pas infinie. En fait, elle est même très limitée quant au fait de savoir si Assad va ou non être mis devant ses responsabilités" et faire taire les armes sous la pression de la Russie, a ajouté le secrétaire d'Etat. Les États-Unis sont "aussi prêts à demander des comptes aux (groupes armés) membres de l'opposition" soupçonnés d'exactions ou qui "continuent les combats en violation du cessez-le-feu", a poursuivi John Kerry. La Russie et les Etats-Unis sont les parrains d'un processus diplomatique et politique pour la Syrie mais qui est au point mort, après plus de cinq années de guerre qui a fait 280.000 morts et des millions de réfugiés. A Washington, le porte-parole du département d'Etat John Kirby a souligné que le ministre John Kerry avait exprimé de la "frustration" et il a une nouvelle fois averti que les Etats-Unis "examinaient activement les options à (leur) disposition". Sans dévoiler le moindre détail concret. Sur le terrain, les combats continuent Mais trêve ou pas, au moins 70 combattants ont été tués en 24 heures dans des affrontements entre forces du régime et rebelles alliés à des jihadistes au sud d'Alep (nord), a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Les forces prorégime, appuyées par des raids de l'armée de l'air syrienne et de l'aviation russe, sont parvenues à reprendre Zeitan et Khalassa, deux villages qu'elles avaient perdus quelques heures plus tôt au sud-ouest d'Alep, selon l'Observatoire Au nord d'Alep, le régime a pilonné le principal axe de ravitaillement des rebelles et la région d'Al-Maleh, selon l'OSDH. "La course de vitesse pour encercler Alep est en cours", a souligné le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane, en référence à cette grande ville divisée entre secteurs gouvernementaux et rebelles. Un hôpital soutenu par Médecins du Monde a été détruit mardi par un bombardement dans les quartiers rebelles, dans l'est d'Alep, sans faire de victimes, a affirmé cette ONG. Sur le plan humanitaire, une cinquantaine d'organisations syriennes d'opposition ont affirmé que l'action de l'ONU en Syrie "viole les principes humanitaires et risque d'attiser le conflit" Dans un rapport très critique, elles accusent l'ONU d'avoir "perdu de vue les valeurs humanitaires vitales d'impartialité, d'indépendance et de neutralité". Selon ce rapport, en avril, 88% des livraisons de nourriture l'ont été à des régions contrôlées par le régime et 12% dans des secteurs hors de son contrôle.