Lors de sa première prestation, il a réussi l'exploit de faire retourner les 4 coachs (Zazie, Florent Pagny, Jénifer, Mika) qui ont rivalisé de compliments et d'éloges pour l'intégrer dans leur équipe. Le jeune Yann'Sine (son nom d'artiste) a choisi alors de rejoindre l'équipe de la star internationale MIKA et a entamé un parcours extraordinaire. Il sera le premier Marocain à briller sur TF1 et il décrochera au fil des épreuves sont ticket pour les émissions en direct, rejoignant ainsi le cercle très fermé des finalistes de «The Voice». Ne renonçant jamais à affirmer son identité marocaine et sa culture musicale arabe, Yann'Sine a prouvé aussi qu'il maîtrisait les techniques vocales occidentales en interprétant des titres en français et en anglais. Depuis «The Voice», le jeune homme enchaîne concerts et séances d'enregistrements (au Maroc comme à l'étranger), tout en s'impliquant dans l'action associative. Les téléspectateurs de 2M ont d'ailleurs pu le voir récemment dans la populaire émission «Jazirat al kanz», au profit d'une association pour enfants handicapés de Béni-Mélal. Rencontre entre « L›Opinion » et ce jeune homme étonnant ! L'Opinion : Bonjour Yassine... ou Yann'Sine ? Yann'Sine : Bonjour ! Justement, les 2 ! Yann›Sine en amazigh, cela veut dire «1-2». Or, je suis originaire d›un village baigné par la mer et par le soleil. 1-2 ! et mon nom de famille «Jebli» veut dire «de la montagne». Du soleil, de la mer, de la montagne, du Maroc quoi! Evidemment, ce choix de nom d›artiste a provoqué des commentaires divers et variés. Il n›y a pas à chercher bien loin... et c›est plus pratique d›avoir un nom original (surtout quand les gens vous recherchent sur Google ou Youtube) que d›être le 10.000 Yassine ou Yacine... Cela dit, j›aime beaucoup mon prénom et je salue tous les Yassine (et Yacine!) de la terre ! L'Opinion : Quel étonnant parcours ! On peut sortir d'un petit village marocain et partir à la conquête de la gloire ? Yann'Sine : La gloire, c›est un mot un peu fort ! Disons une petite notoriété. Mais oui, c›est possible avec du travail, la confiance et l›amour de ses proches (très important), des bonnes rencontres, ne pas oublier qui on est et d›où on vient. Les racines, c›est très important ! Je ne crois pas au hasard, mais je crois au destin. On m›a dit une phrase du grand scientifique Albert Einstein, je la trouve très vraie, «le hasard, c›est Dieu qui se promène incognito». Moi, je suis croyant, et je pense que rien n›arrive par hasard. Il y a quelques années, pour mon anniversaire, mon père m›a offert mon premier téléphone, très simple. Bien sûr, je n›avais pas de crédit mais une chanson était pré-enregistrée. Je l›écoutais en boucle en allant à pied au collège. Un jour, je la chantais chez moi sans savoir que mon père m'écoutait. Il m›est tombé dessus, par pour me disputer mais pour me dire qu›il fallait que je chante, que j›avais une belle voix ! Il est devenu mon premier fan ! j›ai tenté plusieurs fois «Studio 2M». Refusé. «Tu es trop jeune, reviens quand ta voix sera placée»... La troisième année, j›ai été refusé au casting à Agadir. J›ai changé de look (vêtements, coupe de cheveux) et presque déguisé je suis parti pour me présenter (dans un état de fatigue que vous imaginez) à Laâyoune où là j'ai été accepté. Vous voyez, il faut parfois forcer le destin ! 2M a été et reste une aventure extraordinaire, où j'ai beaucoup appris. Il me reste de cette période quelques vrais amis, dont Nabil Khaldi (grand musicien, compositeur et directeur artistique) que je salue ici car il lit « L›Opinion » ! Et puis quelques mois après 2M, j›ai rencontré «par hasard» (enfin, vous savez ce que je pense du hasard...) un manager français qui séjourne depuis des années au Maroc, Alain Pignel. Il m›a écouté, m›a fait confiance, m›a fait travailler ma voix avec une coach vocale à Marrakech, Madame Anne-Lize Auclair, à qui je dois beaucoup. Grâce à çà, j›ai été sélectionné d›abord pour l›émission «Rising Star», puis «Star Académy arabe», puis «The Voice» France. Il a fallu choisir... L'Opinion : «The Voice» donc, la voie royale ? Yann'Sine : La voie la plus dure surtout ! Car il y a de grandes voix justement ! Le niveau était très haut, les défis très durs à relever (à la deuxième étape je me suis trouvé en duel (battle) face à Dalia Chih, jeune chanteuse algérienne finaliste d›Arab Good Talent (pour qui d›ailleurs toute ma famille et moi avions voté par SMS quelques mois avant !). Et puis, il y a un gros travail à fournir (choix des chansons, travail vocal, apprentissage des paroles, des musiques, relooking, chorégraphies, etc...) sans oublier la pression (messages des amis, de la famille, des fans, journalistes, critiques positives ou négatives, demandes, propositions, etc, etc...) C›est beaucoup plus fatigant et exigeant que ce qu›on peut imaginer ! Mais quelle aventure ! L'Opinion : Il y a une vie après The Voice ? Yann'Sine : C›est çà qu›il ne faut pas oublier. C›est très intense, mais le temps passe vite finalement. J›ai eu la chance dès la fin de The Voice d›entrer en création de chansons avec des auteurs et des compositeurs de grand talent, en Maroc comme en France. J›ai été aussi pas mal demandé pour des concerts, en France, au Maroc (festival Amouggar tout récemment) mais aussi en Arabie saoudite, à Abu Dahbi, à Dubaï, en Espagne. Actuellement, j›ai un spectacle avec 5 musiciens sur scène et nous tournons assez régulièrement. Je chante aussi bien en arabe, qu›en anglais, qu›en français et en espagnol. Je suis très à l›écoute d›artistes bien différents qui, tous, me touchent : Justin Bieber, Pablo Alboran, Stromae, Enrique Iglesias, Douzi, Latifa Raâfat, Dounia Batma, Ibtissam Tiskat, mais aussi Lady Gaga et bien sûr le maître incontesté : Mickael Jackson ! Là, j›écoute en boucle «Don›t You Need Somebody» de notre RédOne (inter)national ! L'Opinion : La musique est si importante pour vous ? Yann'Sine : La musique est un moyen de communiquer, au-delà des langues, des frontières, elle peut vraiment être universelle et permettre aux gens de se rapprocher. Souvenez-vous de «We are the world» ou plus récemment de «Tomorrov bokra»... ce sont des hymnes, mais il y a tellement de chansons qui peuvent parler au cœur des gens... Je me souviens par exemple de la beauté de la chanson de Jean-Jacques Goldmann «Comme toi», que j›ai chanté en français et en arabe à The Voice. Aujourd›hui encore, on m›en parle parce que le message qu›elle contient est une vraie force, un bouclier contre la violence, le racisme et la haine de l›autre. Si j›ai pu capter l›attention et toucher le cœur des gens en chantant cette chanson, j›ai gagné «the Voice» ! L'Opinion : Vous avez des projets pour un album à venir ? Yann'Sine : J›ai la chance d›être très bien entouré, avec des auteurs, des compositeurs, des créateurs. Je vous donne rendez-vous à la rentrée... inchAllah, il y aura des surprises !!! L'Opinion : Votre chanson «Enta Mkhtalef», c'est une chanson sur la différence ? Yann'Sine : C›est une chanson sur la recherche de l›autre, et l›autre est forcément différent et unique. Il y a dans le monde une personne (une seule) qui sera notre amour, l›unique, le vrai. Et un jour, et souvent lorsqu›on ne s›y attend pas, la rencontre arrive. On appelle çà «le coup de foudre». Cà vous met KO. C›est un choc, on a du mal à y croire. Mais çà change votre vie. C›est ce que je chante dans «Enta Mkhtalef». Et tout le monde peut écouter cette chanson, elle est en accès libre sur Youtube depuis quelques jours. L'Opinion : C'est auto-biographique cette découverte de l'âme- sœur ? Yann'Sine : Je comprends où vous voulez en venir... ! (Rires) Comme beaucoup de jeunes, je suis à sa recherche. Le temps viendra, j›espère, où je trouverai mon amour... Pour l'instant, je suis à fond dans la musique... laissons faire les choses. L'Opinion : Un message pour les lecteurs de L'Opinion ? Yann'Sine : Oui, si vous permettez... Je voudrai leur dire que j›ai découvert près de Marrakech, dans la village de Tamsloht un trésor que je voudrai partager, avec eux. C›est de l›amour à l›état pur. Il y a 5 ans, une dame âgée (elle a aujourd›hui 84 ans) a recueilli la nuit, sous des camions, des enfants abandonnés, recroquevillés, jetés à la rue. Aujourd›hui, grâce à son énergie, c›est plus de 120 enfants qui sont accueillis, scolarisés, éduqués et surtout AIMES dans un centre construit uniquement grâce à des dons privés, «le Centre Fiers et Forts» (voir sur Youtube). Il y a mille façons de les encourager. Un don, si petit soit-il. Mais aussi un message, un sourire, une visite... Je suis très honoré que cette dame m›ait demandé d›être le parrain de cette association. Et pour eux, j›ai reçu ce beau message que je partage avec « L›Opinion » «pour un superbe arc-en-ciel, il faut à la fois du soleil et de la pluie »...