Les prévisions de production des trois principales céréales au titre de la campagne agricole 2015-2016 sont estimées, par le département de tutelle, à 33,5 millions quintaux, en baisse de 70 pc par rapport à la campagne 2014/2015, qui a enregistré un record de production ayant atteint 110 millions Qx. La valeur ajoutée agricole de la campagne 2015/2016 devrait s'établir à près de 110 milliards de dirhams, soit une baisse contenue à 7,3 pc par rapport à l'année 2015. Par espèce céréalière, la production prévisionnelle de blé tendre est estimée à 18,6 Millions de quintaux, suivie du blé dur avec 8,7 millions Qx puis de l'orge avec 6,2 millions Qx, précise le ministère de l'Agriculture et de la pêche maritime dans un communiqué. La production des légumineuses d'automne connaitra au même titre que les céréales d'automnes une baisse de 40 à 60 pc en fonction des résultats du pois chiche de printemps dont les perspectives s'annoncent encourageantes avec les récentes pluies, assure le communiqué. En dehors de la faible campagne céréalière, la campagne agricole de manière globale enregistre de bonnes performances notamment pour l'arboriculture fruitière qui affiche une croissance estimée de l'ordre de 15 pc soutenue par des filières phares comme l'olivier (+24 pc) et les agrumes (+7 pc). Les productions des cultures industrielles, notamment la betterave à sucre et des cultures oléagineuses connaitront, pour leur part, une nette progression avec une moyenne de 5 pc. La production des cultures maraichères devrait connaître une progression de 4 à 5 pc également. En ce qui concerne la filière de l'élevage et des cultures fourragères, une tendance haussière moyenne de l'ordre de 4 pc est attendue. Cette croissance a été possible grâce à la performance de la production laitière dans les zones irriguées, la conversion d'une partie des superficies céréalières en fourrages et l'amélioration des disponibilités fourragères dans les principales zones de parcours steppiques et de montagne. Ceci s'ajoute à l'impact très significatif du Plan de sauvegarde du Cheptel lancé par le gouvernement pour cette année qui a permis la mise à disposition d'aliments de bétail et la garantie de l'offre en quantités suffisantes et à des prix stables pour l'ensemble des éleveurs. La campagne agricole 2015-2016 a été caractérisée par des conditions climatiques particulières marquées par un sérieux déficit pluviométrique accentué par une mauvaise répartition spatiale et temporelle ainsi qu'une augmentation des températures durant l'automne, période de démarrage et de croissance des céréales, rappelle la même source. En effet, avec 198.7 mm, soit un déficit de 42,7 pc par rapport à une campagne moyenne et de 45,5 pc par rapport à la campagne précédente, la campagne actuelle affiche le volume pluviométrique le plus faible des 30 dernières années. En outre, en termes agro-climatique, la campagne agricole 2015/2016 a connu 98 jours sans pluies durant la période novembre-février (cycle de croissance des céréales), soit la période sèche la plus longue enregistrée à date. De plus, durant cette période, les températures étaient supérieures de 2,7° à celle enregistrées en 2014/2015 et de 2 à 3° par rapport à une année moyenne, note le ministère. La combinaison de ces conditions a eu des effets négatifs sur l'installation et le développement des cultures céréalières. En revanche, grâce aux précipitations du mois de février et mars, les céréales semées tardivement ont connu une reprise significative dans plusieurs régions, notamment dans les zones côtières, les zones nord et la montagne. En raison des retards de pluies, la superficie emblavée en céréales d'automne s'est limitée à 3,6 millions d'hectares (dont 10 pc en irriguée). Seul 60 pc de cette superficie générera une production avec un état végétatif hétérogène variant du bon au médiocre. Un PIB agricole maitrisé à 110 MMDH Malgré un recul de la production céréalière de plus de 70 pc par rapport à 2014/2015 (33,5 millions qx contre 110 millions qx), le changement de la structure de la valeur ajoutée du secteur agricole a permis de contenir l'impact de la faible campagne céréalière sur la croissance du secteur, relève le ministère de l'Agriculture et de la pêche maritime dans un communiqué. Dans les zones irriguées, la campagne agricole actuelle se déroule dans de bonnes conditions, assure toutefois le ministère, notant que l'irrigation est conduite normalement conformément aux besoins des cultures. Les apports des dernières pluies compensent les volumes d'eau consommés par l'irrigation depuis le début de la campagne. La production en irrigué connaitra une augmentation et les rendements atteindront des records pour certaines spéculations telles que la betterave, estime le ministère. En outre, la production de semences dans ces zones ajoutée au stock actuelle fournira un disponible en cet intrant de 2 millions quintaux (Qx) pour le démarrage de la campagne céréalières prochaine. Ainsi, l'objectif de produire plus avec le même volume d'eau voir moins d'eau est clairement exprimé grâce à la reconversion aux techniques économes en eaux (goutte à goutte). Sur l'objectif d'équipement de 550.000 ha en goutte à goutte à horizon 2020, 450.000 ha ont déjà été réalisés avec, en général, 3 fois plus de production pour 2 fois moins d'eau permettant un triplement du revenu des agriculteurs. A noter qu'avant le lancement du Plan Maroc Vert, la baisse de valeur ajoutée du secteur avait enregistré dans les années 1990 et début 2000, pour une campagne similaire des taux variant -30 à -41 pc (cas de 1995). En outre, comparé à 2009 où la production des trois céréales principales était de 102 Millions Qx, la valeur ajoutée agricole était de 100 milliards dirhams. Aujourd'hui, la valeur ajoutée est supérieure de 10 pc avec une production céréalière en recul de 70 pc. Ainsi, le plan Maroc Vert a permis à l'agriculture marocaine d'exprimer pleinement le potentiel des bonnes années et de limiter l'impact des mauvaises années grâce à l'amélioration et la diversification de la valeur ajoutée agricole qui réduit l'impact sur l'économie nationale dans l'ensemble. A noter que la moyenne de production céréalière s'est établie à 75 millions Qx depuis 2008, période de mise en œuvre du plan Maroc Vert (les prévisions de l'année agricole actuelle inclues). Cette nouvelle donne témoigne du renforcement de la résilience du secteur agricole à la variabilité climatique grâce aux efforts d'investissement et de développement déployés dans le secteur depuis 2008, année de lancement du Plan Maroc Vert, affirme le ministère.