L'analyse de la CMSA (Constant Market Share Analysis) permet de dégager les facteurs à l'origine des gains ou pertes de parts de marché au niveau mondial. Cette démarche révèle que l'effet compétitivité a joué un rôle important dans la légère hausse de la part de marché du Maroc (+0,022 point de pourcentage sur la période 2000-2014). Ce gain de compétitivité a pu couvrir un effet de spécialisation géographique défavorable (-0,003%). Ce constat est confirmé en affinant l'analyse par période. En effet, la baisse de la part de marché globale du Maroc (-0,005%) entre 2000 et 2006 s'explique principalement par une contribution négative de l'effet compétitivité (-0,01%), malgré un effet positif de spécialisation géographique (0,005%). Inversement, le gain de la part de marché (0,027%) entre 2007 et 2014 est tiré, principalement, par l'effet compétitivité (+0,039%). L'effet compétitivité constitue l'élément le plus déterminant dans la variation de la part de marché du Maroc. Il peut être expliqué par plusieurs facteurs, dont notamment la compétitivité-prix et la compétitivité-coût, mais également la compétitivité-qualité. Compétitivité-prix Appréhendée généralement à travers le taux de change effectif réel, la compétitivité-prix est considérée comme l'un des principaux déterminants de l'évolution des échanges extérieurs d'un pays. Au Maroc, l'évolution de la part de marché du Maroc au cours de ces dernières années s'est produite dans un contexte marqué par une amélioration de la compétitivité-prix. En effet, le taux de change effectif réel du dirham a connu une dépréciation de 1%, en moyenne annuelle au cours de la période d'analyse 2000-2014. Cette évolution est liée à une inflation plus faible au Maroc que dans les principaux pays partenaires et concurrents. En effet, le Maroc affiche un taux d'inflation de 1,6% en moyenne annuelle sur la période 2000-2014, contre 2,3% dans l'Union européenne (1,8% en France, 2,1% en Italie et 2,5% en Espagne), 2,3% aux Etats-Unis, 2,4% en Chine, 3,8% en Tunisie et 8,5% en Egypte. Par ailleurs, le TCEN du dirham est resté relativement stable au cours de la même période. Le dirham s'est apprécié de 1,7% face au dollar, de 1,1% face à la livre sterling, de 3,4% face au real brésilien et de 1,5% face au yen japonais. En revanche, il s'est, déprécié de 0,9% face à l'euro et de 0,4% face au yuan chinois. Un pays améliore sa compétitivité-coût lorsqu'une baisse relative de ses coûts de production lui permet d'augmenter ses exportations et de gagner des parts de marché par rapport aux pays concurrents. Le coût unitaire de la main-d'oeuvre est considéré, en effet, comme un des indicateurs les plus appropriés pour évaluer le niveau de compétitivité dans le secteur industriel. L'effet compétitivité (approché dans le graphique8 par la part de marché à l'export du Maroc) est confronté au coût unitaire de la main-d'oeuvre dans le secteur manufacturier, retardé d'une année. Ce retard est cohérent avec l'idée d'un écart temporel entre les modifications dans les coûts salariaux relatifs et leur impact sur les changements de la part de marché à l'exportation dus à la compétitivité dans le calcul de la CMSA. L'examen de ce graphique montre que les deux courbes affichent un profil similaire inversé. Ainsi, parallèlement à une croissance importante du coût salarial unitaire5 de 4,2%, la part de marché a connu une baisse de 0,7% au cours de la période 2000-2006. Inversement, l'amélioration de la part de marché de 1,8% durant la période 2007-2013 s'est accompagnée d'une décélération du rythme de croissance du coût unitaire de la main-d'oeuvre (1,3% contre 4,2% sur 2000-2006). La baisse du rythme de croissance du coût salarial unitaire entre ces deux périodes est due à une augmentation de la productivité du travail6 de 3,2 points, passant de -1% à 2,1%. Cette amélioration s'explique par une hausse de la valeur ajoutée industriel (6,1%) plus marquée que l'augmentation de l'emploi (1,1%) sur la deuxième période. D'une manière générale, l'analyse du coût salarial unitaire réel du secteur manufacturier marocain révèle une hausse annuelle moyenne de 2,6% sur la période 2000-2013, sous l'effet d'une augmentation des frais salariaux par employé de 3,3%. En effet, cette période a connu différentes augmentations du salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) qui a été relevé à dix reprises. Compétitivité qualité La compétitivité n'est pas uniquement une question de prix et de coûts de production, mais aussi de créativité, d'innovation et de qualité. Dès lors, l'avantage hors prix qui inclue tous les facteurs autres que le prix comme critères dans le choix du consommateur (qualité, innovation, design, image de marque, réseaux de distribution,...), devient un déterminant important de compétitivité. L'analyse de la position compétitive en fonction de l'avantage prix et de l'avantage qualité, révèle une progression des exportations en concurrence qualitative. En effet, le changement notable dans le modèle de croissance de notre économie, en faveur des branches industrielles émergentes à forte valeur ajoutée (automobile, électrique, électronique, produits chimiques...), a entrainé unrenforcement de la contribution de produits à plus haute qualité. Notre pays améliore, progressivement, sa capacité à développer et exporter des produits dont la demande est davantage liée à la qualité qu'au prix. Les facteurs liés à la spécialisation industrielle, àla politique commerciale ainsi que les facteurs tels le climat des affaires, les réglementations, l'infrastructure..., ont contribué à cette amélioration.