Le constat établi par la direction des études et des prévisions financières, relevant du ministère de l'Economie et des finances, sur la compétitivité commerciale du Maroc est plutôt mitigé. Une étude réalisée dans ce sens relève que la compétitivité des exportations pâtit de «la spécialisation sectorielle dans des biens pour lesquels la demande augmente à un rythme relative lent». L'orientation géographique vers des marchés à croissance plus lente explique également ce gap entre la croissance des exportations et celles des importations. Par conséquent, la part de marché du Maroc a stagné autour de 0,13% en moyenne annuelle sur la période 2000-2014. En cause, le déclin de certains secteurs. En tête, le texte-habillement dont la part de marché a baissé, passant de 0,62% en 2000 à 0,5% en 2014. Un recul que les experts du ministère de l'Economie et des finances expliquent par la concentration des exportations du secteur sur deux principaux pays, à savoir la France et l'Espagne qui ont connu une atonie de la consommation suite à la crise économique et financière. De même, l'indisponibilité d'intrants sur le marché national et la forte concurrence de l'informel ont pesé négativement sur la compétitivité du Maroc dans le domaine du textile. Résultat : le Maroc demeure fortement concurrencé par des pays comme la Chine, la Turquie, l'Inde et le Bangladesh qui détiennent des parts de marché respectives de 37,1%, 13,8%, 11,5% et 7,1% sur le marché européen au moment où les exportations marocaines de ce secteur ne représentent que 2,5% des importations de l'UE. Outre ce secteur, la part de marché de l'électronique a également enregistré un recul pour atteindre 0,03% contre 0,5% sur la même période. L'agro-alimentaire, qui représente un secteur clé pour la compétitivité du Maroc a, quant à lui, connu une quasi-stagnation de sa part de marché qui s'est établie à 0,33% en 2014 contre 0,32% en 2000. Là encore, cette légère baisse est attribuée à la concentration des exportations sur quelques pays européens, notamment la France et l'Espagne où la demande a fléchi en raison des effets de la crise économique. Heureusement que d'autres secteurs étaient là pour sauver la compétitivité commerciale du pays. Il s'agit de secteurs qui occupent depuis quelque temps une place de choix sur l'échiquier de l'industrie nationale, en l'occurrence l'aéronautique, l'automobile et l'électrique. En effet, les parts de marché de l'automobile ont bondi de 0,16% entre 2000 et 2014 grâce notamment à un effet compétitivité élevée. Celles de l'industrie électrique ont également affiché un gain de 0,25% au cours de la même période. Par ailleurs, cette évolution, certes timide, des parts de marché du Maroc a été favorisée par la compétitivité hors prix. Autrement dit, les stratégies sectorielles ont fortement contribué à la stagnation de nos parts de marché. Sur ce point, l'étude note que la performance à l'exportation a pris un nouvel élan avec l'opérationnalisation du Pacte National pour l'Emergence Industrielle en 2009, focalisé essentiellement sur le développement de métiers mondiaux. Pour les experts du ministère, le plan Emergence a favorisé une montée en gamme significative des produits exportés et un meilleur positionnement, non seulement sur des produits à bas coût et à faible contenu technologique, mais, également, en concurrence qualitative. En gros, le Maroc a pu adapter son offre exportable à la demande mondiale. Ainsi, le profil des exportations marocaines sur les cinq dernières années fait ressortir le poids croissant de produits champions, caractérisés à la fois par une forte croissance des importations mondiales et des gains de parts de marché pour le Maroc. Ces produits représentent en moyenne 40,2% du total des exportations sur la période 2010-2014. Il s'agit principalement des véhicules automobiles, des phosphates et engrais, des équipements pour la distribution de l'électricité et des crustacés et mollusques.