Il est unanimement admis aujourd'hui que l'économie créative, qui connaît la croissance la plus rapide dans le monde, joue un rôle primordial en termes de croissance durable, d'emploi, d'inclusion sociale et territoriale, d'échanges de biens, de services et de valeurs et de préservation du patrimoine. L'Institut des Deux Rives, un « think tank » créé à Bordeaux, a beaucoup travaillé sur les questions de cette économie. « Les économies créatives englobent le cycle de création, de production et de distribution de biens et de services dans lequel le facteur de base est l'utilisation du capital intellectuel. Elles ont comme principe un assemblage entre différentes secteurs d'activité qui traditionnellement ne travaillaient pas ensemble », souligne l'Institut des Deux Rives dans un rapport. Cette économie, poursuit la même source, englobe quatorze secteurs: arts plastiques, arts visuels, arts vivants, artisanat, musique, tourisme créatif, Edition, publicité, création numérique, marché de l'art et de l'antiquité, architecture et urbanisme, gastronomie et vin, mode et design. Au Maroc, force est de souligner que cette économie est en nette amélioration. A en croire la DEPF (Direction des Etudes et de la Prévision Financière), les exportations marocaines des biens créatifs ont atteint 250 millions de dollars en 2012 (+5,9% en moyenne annuelle depuis 2003) et sont destinées à l'Europe (87%), à l'Afrique (6%), à l'Amérique (3%) et à l'Asie (3%), contre 788 millions de dollars d'importations (+9,5%), de l'Europe (63%), de l'Afrique (1%), de l'Amérique (2%) et de l'Asie (33%), soit un taux de couverture de 32% contre 48% pour tous les produits nationaux. 88% de ces exportations concernent la création/Design (dont 45% pour la décoration intérieure et 41% pour la mode) contre 57% pour les importations. Quant aux exportations marocaines des services créatifs, elles ont atteint 198 millions de dollars en 2011 contre 48 millions de $ d'importations, note la DEPF dans un récent rapport intitulé : « Economie créative : Panorama et potentiel ». Ces exportations concernent à hauteur de 81% les services relatifs à la publicité, études de marché et sondage d'opinion et 19% ceux liés aux services personnels, culturels et relatifs aux loisirs (notamment 16% pour les services audio-visuels et connexes) contre respectivement 37%, 63% et 59% pour les importations. Pour leur part, les exportations marocaines des services liés aux activités créatives ont atteint 378,5 millions de dollars en 2011 (97% pour l'informatique et 3% pour l'information) contre 73,4 millions de dollars d'importations (82% pour l'informatique et 18% pour l'information). Quant aux redevances et droits de licence, elles ont connu une baisse importante depuis 2003 (-25,3% en moyenne annuelle) pour atteindre 1,9 millions de dollars en 2012 en termes d'exportation alors que leur importation s'est consolidée de 7,7% annuellement atteignant 56,2 millions de dollars en 2012. Les établissements industriels marocains de l'économie créative réalisent 5% du chiffre d'affaires total et emploient 7% de l'emploi permanent total des industries de transformation. 95% de ces établissements sont concentrées dans les régions de Casablanca-Settat (65%), Tanger-Tétouan-Al Hoceima (12%), Rabat-Salé-Kénitra (9%) et FèsMeknès (9%). Les industries marocaines opérant dans la création/Design représentent 65% du chiffre d'affaires et 67% de l'emploi des industries créatives en 2013. Autre performance soulevée par la DEPF : consolidation du nombre de salariés déclarés à la CNSS de 10% pour les activités spécialisées, scientifiques et techniques, de 6% pour les arts, spectacles et activités récréatives et de 7% pour l'information et communication entre 2007 et 2014 (contre +5% pour le total des activités). Ainsi, ces trois activités comptent 6,4% de l'ensemble des salariés et 11% de la masse salariale totale déclarée. Cet écart est dû au niveau de rémunération élevé dans ces activités atteignant en 2014 respectivement 228, 231 et 246 dirhams par Homme/jour contre 214 en moyenne toutes activités confondues. Ainsi, l'économie créative joue-t-elle un rôle important en termes de croissance, d'emploi, d'inclusion territoriale, et d'échanges de biens et de services. Partant de ce constat, les analystes de la DEPF soulignent que la promotion de ce secteur ne pourrait que contribuer au développement durable du Maroc et à perpétuer les valeurs et le patrimoine nationaux dans leur richesse et leur diversité et consolider le capital immatériel du pays.