Mustapha E. est accusé d'avoir tué. La Cour d'Appel casse le jugement du tribunal de première instance et ordonne sa libération immédiate. Ce premier dossier de Cour d'Appel est une affaire criminelle très compliquée. Le mis en cause est poursuivi pour homicide volontaire et condamné, dans un premier temps, à 20 ans de réclusion criminelle. La défense de l'accusé estime que la condamnation de son client est trop sévère, voire même injuste ! Alors elle fait appel et les voici, en ce mardi 29 mars, pour la seconde fois devant la justice. Mustapha E. est accusé d'avoir tué. Lui-même a avoué son crime. Il n'a pas nié sa culpabilité durant toutes les étapes du procès. Et pourtant, il s'agit bel et bien d'une affaire difficile à comprendre. Là où les choses se compliquent, où les événements qui ont conduit le meurtrier à commettre le crime s'embrouillent, obligent désormais une parfaite compréhension juridique et sociale. Tous les criminologues du monde s'accordent sur une chose : le crime gratuit n'existe pas. Il y a toujours une raison qui conduit l'auteur à commettre son délit. Lorsque Mustapha répond au président de la Cour sur le pourquoi de sa folie meurtrière, aucune explication. « Pendant que je me sauvais, des habitants de mon quartier, à Témara, qui me couraient après pour avoir cassé les vitres d'une voiture scolaire, j'ai croisé la victime sur mon chemin alors que j'étais équipé d'un gros bâton. Je m'arrête et sans aucune raison apparente, j'ai fracassé sa tête d'un seul coup ». Hémorragie cérébrale et la mort s'en suit. L'avocat chargé de la défense de Mustapha demande à la Cour de déclarer la non recevabilité du dossier. Son client n'était pas responsable de ses actes. Au moment de commettre le meurtre, M. E. n'était pas dans son « assiette ». Et pour appuyer sa thèse, un certificat médical d'une expertise, faite avant le premier jugement, atteste que le cas du présumé coupable relève désormais de l'asile psychiatrique. En deux mots, il s'agirait d'un débile mental. Pour plus de précision, il est à signaler que les magistrats qui l'ont condamné à 20 ans de réclusion criminelle, n'avaient donné aucune importance juridique à ladite expertise. Dans son rapport, le juge d'instruction n'avait rien signalé d'anormal. En ce mardi 29 mars 2016, les magistrats de la Chambre criminelle près la Cour d'Appel de Rabat, après délibération, ordonnent la libération immédiate de Mustapha E. et son placement à l'hôpital psychiatrique « El Ghazi » pour soins.