A l'appel de l'UMT, la CDT, l'UGTM et le SNE-Sup, les travailleurs des secteurs public et privé ont observé, hier mercredi 24 février 2016, une grève générale nationale qui a paralysé l'activité dans de nombreux secteurs publics et privés. Les centrales syndicales qui ne cachent pas leur satisfaction de l'adhésion à la grève, ont annoncé un taux de réussite de 84,8%. Dans un communiqué rendu public hier à la mi-journée, les syndicats, se basant sur des rapports parvenus à la Commission nationale de la grève issue de la coordination nationale, précisent que la participation de la classe ouvrière et de l'ensemble des salariés au débrayage "a dépassé toutes les prévisions dans toutes les villes, provinces et régions du pays et dans tous les secteurs professionnels, les administrations et les services publics, malgré des provocations administratives et les tentatives de désinformations de l'opinion publique par certaines parties gouvernementales". Selon le communiqué, "la classe ouvrière, toutes catégories et tous secteurs confondus, a répondu massivement et de façon responsable à l'appel à la grève, paralysant ainsi l'activité dans toutes les administrations de la fonction publique et les services ministériels". Les centrales syndicales relèvent "une paralysie totale dans l'enseignement tous cycles confondus, dans les Universités, Instituts et Ecoles supérieures, les Cités universitaires, les Centres de formation, dans les secteurs de la Justice, des Finances et de la santé où l'activité a été suspendue dans les hôpitaux universitaires, les centres de santé, les cliniques et de nombreux cabinets médicaux, dans les établissements, centres et administrations de la Formation professionnelles". Toujours selon les syndicats, l'activité a également connu la paralysie dans les différentes administrations et services dépendant des collectivité locales à travers l'ensemble du territoire national. La grève, ajoute le communiqué, n'a pas non plus épargné les secteurs vitaux de production et de service publics et privés tels que les banques, la sécurité sociale, les établissements et administrations de la prévoyance sociale et mutuelle, la poste, les communications, l'énergie, le pétrole et les gaz et les produits dérivés, l'ONEE, Lydec, Redal, Amendis, les assurances, les transports routiers sous toutes leurs formes, les chemins de fer, l'industrie du cuir et du textile, les industries chimiques, le secteur de la construction et les cimenteries, l'agroalimentaire, les mines, l'industrie pharmaceutique, la sidérurgie, la conserverie, la restauration et l'hôtellerie, les imprimeries, les centres d'appels, les agences urbaines et les agences de développement, le transport urbain, la navigation maritime et les dépendances portuaires, l'Agence de développement social, l'Institut royal de la culture amazighe, l'Entraide nationale, les taxis. Le communiqué signale en outre l'adhésion à la grève générale des fonctionnaires de certains conseils constitutionnels comme la Cours supérieure des comptes, le Conseil national des droits de l'Homme, la Chambre des conseillers... Pour rappel, ce débrayage est la réponse des centrales syndicales à "l'obstination du gouvernement, son refus d'assumer ses responsabilités politiques et sociales et sa persistance à ignorer la situation sociale des salariés et de l'ensemble des citoyens et à prendre des mesures unilatérales impopulaires". A la veille de la grève, les syndicats avaient énuméré un certain nombre de raisons dont : - La dégradation du pouvoir d'achat des salariés et de l'ensemble des citoyens ; - Les augmentations ahurissantes des prix des produits alimentaires de base et des factures d'eau, d'électricité, des transports... ; - Les atteintes au secteur privé, son démantèlement et sa privatisation ; - L'occultation du dialogue collectif aux niveaux national et sectoriel ; - La faiblesse de la couverture sociale pour certaines couches sociales et son absence totale chez d'autres ; - La répression des libertés syndicales, les poursuites judiciaires contre les responsables syndicaux et leur licenciement ; - La non adoption d'une politique sociale propre à résoudre la problématique du chômage et de l'emploi, ajoutée à l'encouragement de l'emploi précaire et de la sous-traitance ; - Le non respect des engagements et promesses du gouvernement envers les travailleurs marocains ; - Les atteintes aux acquis sociaux, la caisse de compensation en tête, et l'entêtement à écorner les acquis en matière de retraite. Quant aux revendications, les syndicats les avaient résumées comme suit : - Améliorer le revenu de tous les salariés, fonctionnaires, employés, artisans, et professionnels de tous les établissements et administrations publics, semi-publics et privés, dans les secteurs agricole, industriel et commercial ; - Consacrer une augmentation générale des salaires, des allocations familiales, l'application de l'échelle mobile des salaires et l'augmentation des pensions de retraite ; - Faire baisser la pression fiscale sur les salaires ; - Mener une réforme globale du système de retraites et renoncer aux décisions iniques du gouvernement à l'encontre des salariés ; - Protéger les libertés syndicales ; - Veiller à assurer l'obligation de déclarer les salariés à la CNSS ; - Promouvoir et améliorer la situation de la femme et des jeunes ; - Satisfaire les revendications sectorielles et catégorielles et asseoir les bases des négociations au niveau des secteurs professionnels.