Longtemps attendu, le "Centre des Initiatives pour la Protection des Droits De La Femme" (I.P.D.F) continue de souffrir le calvaire face à un contexte socio-coercitif des plus pénalisant. L'occasion des "Portes ouvertes" de ce fin de mois de Janvier 2016 est, on ne peut plus, éloquent sur le chemin semé d'embûches. Outre la cérémonie protocolaire réservée notamment aux partenaires technico-financiers, l'opération "Portes ouvertes" fut riches d'expositions, d'activités artistiques et et autres ateliers pratiques et ludiques. On retiendra, entre autres, cet atelier consacré aux Professionnels de la Justice porteurs d'un plan d'action en faveur des "Survivantes". Pour rappel, l'année 2015 a vu dans ce Centre de Batha (à l'orée de la Médina de Fès) l'élaboration d'un mode de gestion de données et d'informations capitales sur des « survivantes » à la V.F.G (violence faite au genre féminin). Auparavant, deux outils opératoires avaient été mis en œuvre, à savoir un système de suivi et d'évaluation des résultats du centre d'une part, et d'un livret d'intervention permettant de faciliter le suivi et l'accompagnement des femmes pour la concrétisation de leurs objectifs selon les termes d'un document du Centre, d'autre part. Ledit mode de gestion véhicule des apports extérieurs au profit de cette louable institution. Tout aussi opportun, la centralisation de l'information et l'analyse aidant à établir un diagnostic de la situation des usagères aux plans économique, juridique, psychologique et social, tout en retraçant les démarches entreprises et les obstacles affrontés. Tout autant pragmatique, ledit "outil de gestion des données" aide à édifier sur les violences endurcies au « sexe dit faible » et renforce d'autant la capacité d'investigation sur les causes, processus, tendances, et autres conséquences de la violence basée sur le Genre. Il va sans dire qu'un « black-out" total couvre l'identité des usagères du Centre "I.P.D.F". Au plan de collecte des données, trois modes sont pratiqués : - Analyse des plans d'intervention des usagères; - Entretiens individuels; - "Focus - Groupes" selon les thématiques où débattent mères célibataires, femmes mariées avant l'âge adulte, intervenantes sociales auprès des survivantes de violences. Constat édifiant : ce sont 745 survivantes de violences de genre qui ont été recensées depuis l'usage du mode opératoire à Mars 2015 ! Des chiffres éloquents ! Au delà de tous commentaires fastidieux, les chiffres de l'état des lieux sont, on ne peut plus, édifiants sur les handicaps qui entravent l'Odyssée d'un Centre hargneux face à mille et une difficultés. Echantillons : - Profil des usagères : sur le total 70,6% sont mariées, 6,44% sont mariées, 6,44% divorcées, 4,03% célibataires et 0,4% sont veuves ; - Ages des usagères : 0,22% avec enfant à moins de 10 ans alors que les adultes de 25 à 59 ans caracolent à 72,06 % ; - Ages des mariages : les mineures comptent pour 15,35% contre 84,65% pour les adultes ; - Les attentes : oscillent entre protection et/ou hébergement:4,83%. Les mieux loties, soit 80,13%, gagnent leurs dossiers d'acquisition de connaissances juridiques ; - Affectation au sein du Centre : les chargées de « l'écoute et de l'accompagnement" attirent le maximum de 100%, alors que le service "Santé" n'intéresse que... 2 candidates. Insolite ! - Situation juridique et violences subies : les « faits de violences" accaparent l'hideux chiffre de 257 cas, soit 43,93%, devançant coups et blessures, non-enregistrement du mariage, expulsion du domicile conjugal, privation de la garde des enfants, viol conjugal, enlèvement des enfants, et autre privation de l'accès à l'enseignement ! - Démarches juridiques avant accès au Centre : au top figurent celles qui recourent aux tribunaux, soit près de 40% des plaignantes, suivies par celles qui s'adressent à la Police! Plus affligeant, le cas innoui de celles qui tournent carrément le dos à n'importe quelle démarche soit 68,55%, en clair 401 cas ! Mais alors, pourquoi 68% des usagères n'ont pas pu faire seules les démarches juridiques ? A l'évidence, la majorité de celles-ci pèchent par un déficit flagrant d'informations ! Tout aussi déroutant le sort piteux de survivantes habitées de la « peur de représailles ». Soit le quart des concernées ! Reste le volet, tout autant affligeant, du « service santé » où le taux de couverture maladies se limite à 46,52%. Et pour boucler la boucle, le recours à la planification familiale est des plus insignifiants avant l'arrivée au Centre. Là, les causes phares varient entre manque d'informations (27,78%), pression du conjoint (54,25%) et autre... opposition culturelle ou religieuse de celui-ci ! Des constats en tous cas pour le moins édifiants pour les représentants de la presse invités par le Centre. Des journalistes qui interrogent rouages de la Justice, ministères de tutelles (dont l'Enseignement), société civile, et autres bénévolats... Dire que le genre féminin est au centre de la cellule familiale et donc susceptible d'orienter ses composantes autant vers le bien que vers le mal !