Bien que du point de vue formel, l'ex-æquo à 15 n'existe ni dans les compétitions sportives ni artistiques, le grand jury du 15e FIFM, se démarqua par son audacieux verdict à nul autre pareil. Contre toute attente, il a décidé de décerner son Prix aux quinze films en lice, histoire de magnifier le 7e art et lui rendre hommage. C'est une décision qui suscite les remarques suivantes : -Primo: par les temps incertains qui courent, soutenir le cinéma apparait comme un geste salutaire. Le mettre sur un piédestal diamantin, c'est rappeler au monde l'exceptionnel rôle qu'il assume dans les sociétés modernes. Vu les circonstances atténuantes et exténuantes où le monde libre se débat actuellement, glorifier le 7e art, c'est glorifier la vie et revigorer l'espérance. Car les forces obscures, sorties d'on ne sait quelle caverne ténébreuse, veulent détruire tout ce qui est beau, voluptueux et suave. Le cinéma fait partie de leurs cibles, hélas. Ainsi, malgré le calvaire que les braves festivaliers devaient subir de manière quelque peu masochiste par amour du cinéma, on peut dire que c'est une gageure que d'organiser une édition dans une atmosphère tendue marquée par le doute et la suspicion. Deusio: tous les films en compétions sont esthétiquement assez proches, les uns des autres. Le seul film qui sort un petit peu du lot est une coproduction islando-danoise. Il s'intitule «Virgin mountain». Ce long-métrage a laissé de bonnes impressions, après sa projection. Mais ce n'est pas un chef-d'œuvre cinématographique. Tercio: Coppola le revenant voulait laisser son empreinte en tant que président de jury. L'histoire de ce festival retiendrait ce verdict qui s'éloigne des sentiers battus. Il nous rappelle par tant de similitudes le verdict du jury de la presse qui fit lever le public tangérois de leur siège, lors du festival national du film (version itinérante) qui s'était tenu dans la ville du détroit. Lequel jury présidé par un journaliste qui partageait avec moi la chambre d'hôtel, n'avait primé aucun film en compétition. On avait tenu compte de mon avis, qui était pour l'abstention, car la filmographie de cette année-là était médiocre et de leur côté les usagers de la plume ne voulaient pas salir leur réputation dans un choix complaisant et immature. Rappelons qu'en tant qu'initiateur du Prix International de l'Humour, un prix culturel et symbolique que je supervise depuis dix années dans l'abnégation et l'oubli de soi (10e lauréat: Plantu) il m'est arrivé d'auréoler le football, pour les liesses qu'il avait engendrées en 2013 lors de Mondialito. Coppola et les autres membres du jury ont agi avec un peu de clairvoyance, en auréolant le cinéma. Dommage, au «Mamounia palace», on ne m'a pas laissé le temps de lui offrir un exemplaire de mon livre «A Voix nue, chroniques cinématographiques» où j'essaie de magnifier à ma manière le 7e art. Le FIFM ne permet plus de tels gestes d'affabilité et de courtoisie. A peine avais-je serré la main du réalisateur du film ''Apocalypse Now '' qui était assis sur un fauteuil avec deux de ses amis, trois vigiles se sont accourus vers moi, comme si le fait de dire ''Welcome mister Coppola'' était un acte subversif. (Marrakech, 13 décembre)