Le Rapport annuel de la Banque Africaine de Développement (BAD) pour l'Afrique du Nord au titre de l'année 2015 (« Prendre le pouls de l'Afrique du Nord ») examine l'expérience récente des économies de l'Afrique du Nord à la lumière des déterminants à long terme de la croissance et la réduction de la pauvreté, à savoir notamment l'efficacité des services publics et l'environnement pour le développement du secteur privé. Son deuxième chapitre analyse l'évolution des économies de l'Afrique du Nord et évalue les politiques budgétaires et monétaires, l'intégration commerciale et la situation de la dette publique. Dans les pays où la stabilité politique a été maintenue, des progrès importants ont été accomplis en 2014 dans la mise en oeuvre des priorités en matière de politique économique, en particulier dans leur dialogue avec le reste du continent africain. Le Maroc a poursuivi sa politique d'amélioration de l'environnement des affaires et de promotion de l'investissement privé dans le but d'accélérer la transformation structurelle de son économie. À cet égard, le gouvernement a entrepris des efforts considérables pour positionner le Maroc comme un pôle régional pour l'investissement, la production et le commerce en tirant profit des accords de libre-échange existants et des relations politiques, économiques et financières déjà établies avec plusieurs pays d'Afrique subsaharienne. Cette stratégie s'est traduite par une augmentation de 13 % des échanges commerciaux avec l'Afrique subsaharienne en 2014. Il est précisé dans ce chapitre que l'année écoulée a été difficile à bien des égards pour les pays d'Afrique du Nord. La croissance du PIB est restée faible, bien que la moyenne pour les six pays ait été grandement affectée par la baisse considérable de la production en Libye. De même, la reprise prévue au niveau de la région en 2015 se fonde surtout sur l'hypothèse d'un retour de la paix en Libye, même si l'on s'attend à une hausse du taux de croissance du PIB en Égypte et au Maroc. Les déficits du compte courant se sont établis à 4 % du PIB ou plus dans tous les pays, à l'exception de l'Égypte où ce taux a atteint 2,4 %, tandis que les déficits budgétaires ont dépassé 4,5 % du PIB dans tous les pays, à l'exception de la Mauritanie. L'inflation a toutefois été plus ou moins maîtrisée et même le taux élevé enregistré en Égypte correspondait à une réduction ponctuelle des subventions sur les prix des combustibles. La situation de la dette était généralement perçue comme viable, en particulier dans les pays richement dotés en ressources naturelles. La stabilité du taux moyen de croissance du PIB de la région en 2014 masquait des écarts importants entre les pays. La croissance du PIB était inférieure à 3 % en 2014 en Égypte, en Tunisie et au Maroc, tandis que la production a baissé de près d'un cinquième en Libye, car les menaces contre la sécurité ont perturbé la production et, en particulier, ont fortement réduit la production pétrolière du pays. Si le PIB algérien a progressé de 4 % et le PIB mauritanien a augmenté de 6,4 % en valeur réelle, les deux pays ont connu une détérioration brutale des termes de l'échange à cause de l'effondrement des cours du pétrole observé au deuxième semestre de l'année pour l'Algérie et à la chute sensible des prix du minerai de fer pour la Mauritanie. La croissance du PIB en 2015 devrait s'accélérer selon les prévisions, oscillant entre 2,0 % et 4,5 % en Égypte, en Algérie, au Maroc et en Tunisie, et restera comparable au niveau de 2014 en Mauritanie. En Libye, les perspectives dépendent avant et par-dessus tout du retour à la paix. Le solde du compte courant de la région s'est détérioré en 2014. La diminution des prix des produits de base, les politiques expansionnistes et les contraintes intérieures qui pèsent sur la production ont soit accru ou maintenu les niveaux élevés de déficits extérieurs (à l'exception de l'Égypte où l'on note une progression vers un niveau proche de l'équilibre), bien qu'aucun pays n'ait connu une inversion du solde du compte courant égale à celle enregistrée par la Libye, à savoir le passage d'un excédent de 13,6 % du PIB en 2013 à un déficit de 23,3 % en 2014. Les perspectives d'augmentation des exportations et de diversification accrue de la production à travers l'intégration régionale restent encore bien lointaines. L'Égypte, le Maroc, la Mauritanie et la Tunisie ont maintenu des niveaux d'endettement élevés, mais probablement soutenables, tandis que la dette est restée faible en Algérie et en Libye. Le PIB de l'Égypte a augmenté de seulement 2,2 % pour l'ensemble de l'année, bien que ceci corresponde à une accélération vers la fin de l'année. Le regain de confiance suscité par l'avènement d'un gouvernement démocratiquement élu a favorisé une hausse des flux d'IDE et d'aide publique.