La 8ème édition du Forum international MEDays a clôturé, samedi soir à Tanger, ses travaux par l'adoption de la 8ème Déclaration de Tanger, contenant des recommandations pour promouvoir l'émergence africaine, et favoriser la sécurité et la stabilité dans le monde, au terme de quatre jours d'intenses débats s'articulant autour du thème "Des chocs à la Co-émergence". La Déclaration de Tanger, lue par le président de l'Institut Amadeus, Brahim Fassi Fihri, a appelé, notamment, la communauté internationale, en particulier les pays qui ont une responsabilité importante dans la préservation de la paix et de la sécurité dans le monde, à accroître les efforts pour un meilleur vivre ensemble et à œuvrer pour une solution inclusive et pérenne à la crise libyenne. "Il est essentiel et urgent de maintenir la confiance aux Nations Unies et au Dialogue de Skhirat, malgré le retard pris dans la mise en place d'un gouvernement libyen d'Union nationale, regroupant toutes les composantes de la nation libyenne", précise le document. La déclaration finale a également appelé l'Europe à ne pas reculer face à ses responsabilités et à poursuivre sa lutte contre l'extrémisme et le terrorisme, plaidé pour la résolution du conflit israélo-palestinien avec comme solution deux Etats viables dans les frontières de 1967. Ce document a aussi souligné la nécessité de mettre en œuvre au Sahel un mécanisme de consultation et d'échange d'informations, ainsi qu'un mécanisme d'alerte précoce pour lutter efficacement contre la porosité des frontières et contre les trafics en tous genres (drogue, armes et êtres humains). En matière de développement socio-économique, la déclaration finale a appelé à accroître les mécanismes de soutien à l'entrepreneuriat en Afrique, en particulier aux startups et aux jeunes créateurs d'entreprise, et à promouvoir l'émergence du continent, à travers la crédibilisation d'une marque "Afrique" innovante et compétitive, outre la multiplication des échanges internationaux et le transfert de savoir-faire dans le domaine de l'éducation. Le document soutient à, cet égard, l'intégration économique régionale, notamment dans le continent africain, à travers la libre circulation et la mise en œuvre de stratégies sectorielles et territoriales intégrées, appelant à la signature d'accords de libre-échange entre les pays d'Afrique du Nord, en particulier le Maroc avec l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), la Communauté économique et monétaire des Etats de l'Afrique centrale (CEMAC) et la Communauté d'Afrique de l'Est (CAE). Et de soutenir également le lancement de "l'espace Nord-Ouest africain", afin d'être une plateforme et un cadre approprié pour faire face aux défis liés à la cohésion sociale, à la mobilité des personnes, au développement durable, au changement climatique, à l'interconnexion logistique et à la sécurité collective. La déclaration finale a appelé, par ailleurs, à une mobilisation internationale pour développer les infrastructures en Afrique, à encourager le Fonds Africa 50 et à soutenir la création d'un mécanisme d'investissement marocain dédié à l'Afrique, qui est aujourd'hui plus que jamais nécessaire, du fait de la multiplication des projets et des investissements des entreprises nationales sur le continent. S'agissant de la gouvernance internationale, le document a souligné l'urgence de la réforme du Conseil de Sécurité de l'ONU, afin d'assurer plus de représentativité des nouvelles puissances régionales, et salué la tenue du Sommet UE - Afrique de La Valette sur la migration, tout en mettant l'accent sur la nécessité de solutions mutuellement acceptables et bénéfiques, en faveur de l'implémentation d'un modèle de gouvernance qui s'articule autour de multiples facettes de la migration, liées à la mobilité, l'urgence humanitaire, la lutte contre l'immigration irrégulière, au co-développement et à l'intégration des migrants. La déclaration insiste aussi sur la nécessaire relance de l'Union du Maghreb Arabe (UMA), exhortant l'Algérie à "reprendre avec le Maroc les consultations sectorielles et les échanges ministériels, en vue de la réouverture des frontières terrestres". En matière d'environnement et développement durable, le document recommande la mise en place d'une institution mondiale chargée du contrôle du respect des traités environnementaux, en réformant le programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) et en le dotant d'un organe coercitif dédié à la sécurité environnementale. Ainsi, dans l'esprit de l'"Appel de Tanger", lancé le 20 septembre dernier par SM le Roi Mohammed VI et le Président français, François Hollande, la déclaration finale a exhorté les pays développés à préciser le soutien financier qu'ils apportent déjà et apporteront dans les prochaines années, afin d'atteindre l'objectif de mobiliser 100 milliards de dollars, à compter de 2020, de sources publiques et privées, en faveur d'actions de lutte contre le changement climatique dans les pays en développement. Le document a, dans ce contexte, appelé à aborder la problématique du changement climatique sous l'angle du développement durable et de la promotion de l'efficacité et à accorder la même importance à l'adaptation aux impacts du changement climatique et à l'atténuation des émissions de gaz à effet de serre. Placée sous le Haut Patronage de SM le Roi Mohammed VI, cette édition a rassemblé plus de 120 intervenants qui ont enrichi les débats programmés autour de plusieurs points saillants des questions géopolitiques, en relation notamment avec les défis politiques et économiques de l'Afrique émergente, les nouvelles menaces sécuritaires face à la multipolarité des crises, la résurgence fulgurante de Daesh, la guerre civile au Yémen, la tragédie syrienne et ses ramifications humanitaires et migratoires, le repositionnement de l'Iran sur la scène internationale, le retour en force de la Russie au sein de l'échiquier international, ainsi que la question palestinienne. Sur les questions économiques et sociales, le continent africain a été à l'honneur avec pas moins de 10 sessions qui ont traité des problématiques africaines, mais surtout des opportunités que représente maintenant la terre de tous les espoirs. Le "Prix MEDays 2015 de l'initiative politique" décerné au président nigérien Issoufou Mahamadou Par ailleurs, le Prix du Forum MEDays 2015 de l'initiative politique a été remis, samedi soir à Tanger, au président de la République du Niger, Issoufou Mahamadou, pour les efforts qu'il déploie et ses initiatives prises pour assurer le développement et la stabilisation dans son pays et dans la sous région sahélo-saharienne. Cette distinction est une reconnaissance à la politique volontariste du Niger, engagé depuis cinq ans dans un programme de renaissance dont les résultats élogieux, sous la conduite et l'inspiration de SEM. Issoufou Mahamadou, sont salués partout et prouvent que la condition sahélienne n'est nullement une fatalité, a expliqué le président de l'Institut Amadeus, Brahim Fassi Fihri. Réagissant au vibrant hommage qui lui a été rendu, le Chef d'Etat nigérien a assuré, dans une allocution lue en son nom par le ministre d'Etat à la présidence, Mohamed Bazoum, que cette consécration, qui s'adresse autant au Niger qu'à lui-même, constitue un geste d'amitié et de fidélité du peuple marocain envers le peuple nigérien. M. Issofou a saisi cette occasion pour exprimer ses remerciements et sa profonde gratitude à SM le Roi Mohammed VI pour l'importance qu'il attache au développement de la coopération entre le République du Niger et le Maroc, qui sont unis par une longue et forte relation de fraternité et de solidarité. Il a ainsi salué le Souverain pour les efforts qu'il déploie pour la paix, la sécurité et la stabilité dans la zone sahélo-saharienne, notant que la lutte contre le terrorisme et le développement de la criminalité constituent des sujets d'intérêt commun que partagent le Maroc et le Niger. Le Chef d'Etat nigérien a, par ailleurs, estimé que le forum international de MEDays est devenu une plateforme de référence à l'échelle internationale et un lieu de rencontres, d'échange et de débats des acteurs mondiaux autour des enjeux des sphères géostratégiques, politiques, économiques et sociales, tout en maintenant sa vocation première de laboratoire d'idées sur les problématiques liées au devenir commun de l'espace euro-méditerranéen.