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40 ans après l'illustre Marche Verte... : Toujours droit devant ! : La régionalisation avancée à grands pas
Publié dans L'opinion le 05 - 11 - 2015

En quarante ans, le Maroc aura politiquement réussi deux coups de maître. Organiser et mener la Marche Verte, un pari au risque calculé, qui a révélé aux yeux du monde le génie de feu Hassan II. Et proposer l'autonomie comme mode de règlement pacifique du conflit, une paix des braves, sans vainqueur, ni vaincu, le Maroc restant souverain sur l'ensemble de son territoire, les habitants des provinces du sud gérant eux-mêmes leurs propres affaires. Le génie de SM le Roi Mohammed VI s'est illustré dans la mise en œuvre de la régionalisation avancée, une disposition introduite dans la nouvelle Constitution du Royaume, mais aussi une innovation à l'échelle de l'Afrique et du Monde arabe, un exemple appelé à faire tâche dans la région. Les dirigeants politiques du pays voisin de l'est le savent pertinemment, chose qu'ils craignent encore plus que l'échec de leur projet de partition du Maroc.
C'est le retour du boomerang.
Durant les quatre décennies écoulées, les Forces Armées Royales ont donné une bonne leçon de courage et d'efficacité aux mercenaires polisariens et sécurisé les provinces du sud. Avant que la diplomatie marocaine ne prenne le relais, avec la conviction que la guerre n'étant que la continuation de la politique par d'autres moyens (dixit Carl Von Clausewitz), le règlement du conflit ne saurait être qu'à travers une solution politique négociée. En septembre 1991, les armes se sont tues, laissant place à la diplomatie. Constatant l'enlisement des négociations, menées sous l'égide des Nations Unies, le Maroc avance, en avril 2007, une proposition élaborée de manière à ce que tout le monde puisse y trouver son compte et mettre un point final à cette affaire. Ce fût l'Initiative marocaine pour la négociation d'un statut d'autonomie de la région du Sahara.
Sauf que cela fait quand même 24 ans que ces fameuses négociations demeurent dans l'impasse, alors que les populations sahraouies enfermées dans les camps de la honte de Lahmada, en Algérie, végètent depuis 40 ans dans l'attente et le dénuement. Nul besoin d'être fin connaisseur de l'affaire du Sahara pour comprendre qu'il y a une tierce partie qui use de toute son influence pour faire traîner ce conflit. Faute d'avoir pu créer dans les provinces du sud du Royaume une entité étatique factice aux ordres d'Alger, celle-ci, autant par dépit que par faux calculs géopolitiques, estime qu'elle se doit de maintenir suspendue sur la tête du Maroc l'épée de Damoclès séparatiste, de manière à le maintenir éternellement sous pression et empêcher son essor socioéconomique et son affirmation politique à l'échelle régionale. Bien sûr, les marionnettistes algériens ont failli aussi bien à freiner le développement du Maroc qu'à brider l'expansion de son aura diplomatique. Mais les habitants des camps de Tindouf, eux, souffrent toujours.
L'autodétermination dans les faits
Lors des élections communales et régionales du 4 septembre dernier, le taux de participation enregistré était de 53,67% à l'échelle nationale, de 57,67% dans la région de Laayoune- Sakia El Hamra et de 52,14% dans celle de Dakhla-Oued Ed Dahab. L'autodétermination est, donc, déjà effective, les habitants des provinces du sud réaffirmant leur point de vue à ce sujet à chaque fois qu'ils élisent leurs représentants au parlement et leurs élites chargées de la gestion locale. Dans les camps de la honte de Lahmada, Mohamed Abdelaziz El Marrakchi règne, depuis 1976, d'un poing de fer sur les pauvres hères mis à sa merci par ses parrains algériens. Puisqu'il est convenu que les gens fuient toujours la tyrannie vers la liberté, il est alors légitime d'avancer que les Sahraouis des camps de Tindouf, en Algérie, ont déjà voté avec leurs pieds, pour ceux qui l'ont pu.
Dans cette affaire du Sahara, la communauté internationale ne s'en sort pas vraiment avec les honneurs. Elle est loin d'avoir fait de son mieux, comme d'ailleurs dans pas mal d'autres régions du monde. Elle fut d'abord paralysée par la bipolarité qui caractérisait les relations internationales, du temps de la défunte guerre froide, où le conflit du Sahara trouve d'ailleurs ses origines. Mais même après la chute du Mur de Berlin et l'implosion de l'Union soviétique, aucune pression n'a été exercée sur les mercenaires polisariens, ne serait-ce que pour procéder au décompte des habitants des camps de Tindouf, réclamation du Haut Commissariat aux Réfugiés restée lettre morte jusqu'aujourd'hui. Il a fallu attendre que les mises en garde, pourtant maintes fois répétées, du Maroc quand aux dérives mafieuses et terroristes jihadistes des polisariens apparaissent au grand jour pour voir apparaître un tant soi peu d'intérêt pour ce conflit ancien. Et encore !
Le 22 octobre 2011, trois volontaires humanitaires, deux espagnols et un italien, pourtant sympathisants du Polisario, sont enlevés en plein camp de Rabboni, quartier général des polisariens, situé près de Tindouf, en Algérie. Dix mois plus tard, ils seront libérés par... le MUJAO, une bande terroriste jihadiste qui a fait scission d'AQMI et sévit au nord du Mali. Les complicités polisariennes ne sont plus à démontrer. Le polsario a-t-il été porté pour autant sur la liste des organisations terroristes par la communauté internationale ? Que nenni ! Se prétendre révolutionnaire de gauche semble être une garantie d'impunité. Même en faisant courir à toute la région saharo-sahélienne le risque de pourrissement d'une situation sécuritaire déjà bien ébranlée depuis l'implosion de la Libye.
Croire que le polisario est un mouvement marxiste est le comble de l'incrédulité. Outre le tribalisme qui structure les relations sociales dans les camps de la honte de Lahmada, il y a pire encore : l'esclavagisme ! Un Australien, Dan Fallshaw et une Australo-bolivienne, Violeta Ayala, ont coproduit, en 2009, un film documentaire, Stolen, 78 minutes tournées dans les camps du polisario, à Tindouf, relatant le vécu de Fatim Salam, une jeune esclave. Il a suscité une certaine prise de conscience du caractère factice de l'émancipation que prétend défendre le polisario, mais malheureusement aucun tollé à l'échelle internationale que la révélation d'un tel scandale aurait dû provoquer. Responsabilité de protéger, disent-ils ?
Par soi même, pour soi-même
La réalité est amère et les Marocains ont bu la coupe jusqu'à la lie. La cellule anti-fraude de la Commission européenne avait rédigé un rapport sur les pratiques frauduleuses du polisario, le détournement des aides humanitaires, revendues dans de grands volumes en Mauritanie ayant été dévoilé preuves à l'appui. Ce fut en 2007. Le rapport n'a été rendu public qu'en 2014. Les noms des escrocs qui vampirisent les habitants des camps de la honte de Lahamda et mendient l'aide humanitaire en leur nom ont, par ailleurs, été tout simplement biffés. Sans commentaire !
Le soutien apporté par les principales puissances et nombre de pays et experts étrangers clairvoyants à la solution d'autonomie dans les provinces du sud, proposée par le Maroc se doit être investi à bon escient, puisque les marionnettes polisariennes et ceux qui en tirent les ficelles ne sont nullement intéressés par une quelconque solution, le statu quo actuel arrangeant parfaitement leurs sombres desseins et la continuation de leurs lucratives combines mafieuses. Quand à attendre que la Communauté internationale daigne peser de tout son poids pour expliquer aux occupants d'Al Mouradia que la récréation est terminée, il y a fort à parier que les choses vont continuer à traîner jusqu'à ce qu'une explosion se produise dans les camps de Tindouf, crachant à la face du monde son lot de jihadistes parfaitement initiés aux armes et consumés d'une rageuse frustration longtemps cumulée.
Il y a quarante ans, 350.000 Marocains ont marché droit devant pour libérer ces provinces du sud spoliées par le colonialisme. Pour ceux qui ont eu la chance de vivre cette glorieuse épopée, symbole de la symbiose entre le Roi et son peuple, le sentiment de fierté de voir la bannière rouge frappée de l'étoile verte est un souvenir inoubliable, fondateur du patriotisme de toute une génération de Marocains. Maintenant, le Maroc est souverain sur l'ensemble de son territoire et nul ne saurait le faire reculer. Et pendant quatre décennies, ce fut la marche vers le développement socioéconomique des provinces du sud, qui sont actuellement correctement dotées en infrastructures et jouissent du taux d'alphabétisation le plus élevé du Royaume, tout ceci, il faut le souligner, a coûté bien plus à l'Etat marocain que ne lui a rapporté, en termes de recettes, l'exploitation des richesses naturelles des provinces du sud.
Toujours droit devant ! Cette fois-ci dans la régionalisation avancée, constitutionnellement actée et politiquement assumée, derrière SM le Roi Mohammed VI, avec la même force de conviction que les 350.000 participants à la Marche verte, il y a quarante ans. A grands pas vers l'autonomie des provinces du sud, mettant un point final à cette mascarade qui n'a que trop duré.
Selon le diagnostic du rapport du CESE, les provinces du Sud, qui représentent 59% du territoire national, comptent 1 028 806 habitants soit 3,2% de la population du Royaume1 . Le taux d'urbanisation y est plus élevé que dans le reste du pays (74% contre moins de 60% pour la moyenne nationale). Ces provinces figurent parmi les déserts les plus arides de la planète.
Premier investisseur et premier employeur dans les provinces du Sud, l'Etat a joué un rôle structurant dans la mise en place des infrastructures, dans l'accès effectif des citoyens aux services essentiels et dans la lutte contre la pauvreté.
Les indicateurs en matière d'éducation, de santé ou de recul de la pauvreté dépassent désormais la moyenne nationale, traduisant les premiers succès dans l'action du Royaume pour sortir de façon tangible les provinces du Sud des stigmates du colonialisme. Les acquis des politiques publiques sont certains et précieux sur plusieurs points. L'unité des institutions nationales, la continuité territoriale, l'application du droit commun, la sécurité
des biens et des personnes, l'exercice des libertés fondamentales individuelles et collectives dans les mêmes conditions et avec les mêmes garanties constitutionnelles que partout ailleurs dans le pays sont une précieuse expression de leur communauté historique de destin avec les autres régions du Royaume.
On ne peut cependant pas considérer qu'un décollage économique de ces régions a eu lieu. L'effet d'entraînement du cadre incitatif et de l'investissement public sur le secteur privé est demeuré limité. Principalement centré sur les activités primaires, le tissu économique ne s'est pas encore suffisamment orienté vers des activités de transformation à haute valeur ajoutée. De même, les savoir-faire locaux et les acteurs de l'économie sociale et solidaire ont jusqu'ici été peu valorisés.
Partant, les opportunités d'emploi sont restées insuffisantes. Le niveau élevé du chômage (15% contre 9% en moyenne nationale), en particulier des jeunes (28%), des diplômés du supérieur (41%), et des femmes (35%) est un des défis à la fois économique et social parmi les plus importants à relever.
Les femmes sont davantage confrontées aux difficultés d'accès à l'emploi.
Les difficultés d'insertion professionnelle se doublent de frustrations, de sentiments d'injustice et d'expression d'impatience, souvent en rapport avec la faible lisibilité des politiques d'aides sociales. De fait, les dispositifs d'assistance, bien que substantiels en termes budgétaires et en termes d'allocations versées en nature et en espèces, ne favorisent pas la prise d'initiative ni l'amélioration de l'employabilité de leurs bénéficiaires, et ils apparaissent insuffisamment ciblés sur les plus vulnérables.
Pour ouvrir un cercle vertueux dans la dynamique de développement des provinces du Sud, il y a besoin d'une gouvernance rénovée qui soit capable d'agir efficacement sur les causes qui suscitent l'attentisme des opérateurs privés et la défiance des citoyens à l'égard des politiques publiques. Au-delà même des paramètres purement techniques ou financiers, il est nécessaire de fonder l'exercice de l'autorité et la délégation des mandats sur le respect de la règle de droit, la reddition de l'information et des comptes, le respect des droits humains fondamentaux et la transparence dans les mécanismes d'allocation des licences et des droits d'exploitation des ressources naturelles. Cette orientation est indispensable à une prise en compte responsable des récriminations largement exprimées parmi les citoyens de la région contre les atteintes au principe de l'égalité des chances et les privilèges.
La régionalisation avancée ouvre à cet égard des perspectives de modernisation et des chances de rapprochement entre les citoyens et les instances de décision. Le rapport du CESE passe en revue les éléments de politique de santé, d'éducation, de logement, d'accès aux services et aux biens culturels, de transports et de loisirs qu'une approche participative va pouvoir considérablement dynamiser. Cette orientation doit aussi permettre de répondre aux déficits observés en matière de dialogue social et de dialogue civil. Dans les provinces du Sud, à l'instar des autres régions du Royaume, les opérateurs économiques, les syndicats de salariés et les associations de la société civile ont besoin d'instances locales de dialogue et de concertation, entre eux, et entre ces acteurs et les élus ainsi que les pouvoirs publics pour faire vivre la démocratie participative. Cette dynamique est indispensable pour permettre aussi l'éclosion de la personnalité et de la création culturelle de chacune des régions du Sud, ainsi que la protection et la valorisation des patrimoines de chacune d'elles. La conjugaison de ces facteurs devrait servir à sortir les politiques de développement du primat de la logique sécuritaire qui entrave leur intelligibilité et obère leur efficacité.
La dynamique de transformation économique et sociale des provinces du Sud est, par nécessité, confrontée à des enjeux de durabilité environnementale. L'urbanisation et la littoralisation rapides combinées à l'aridité du milieu questionnent la protection des éco-systèmes fragiles. La question de la préservation des ressources hydriques est vitale. En dépit des règles de contrôle et de suivi des risques environnementaux et de l'identification des aires précaires et de leur classification en zones protégées, l'action des pouvoirs publics appelle encore de nombreux efforts. Certains sites biologiques et paysages uniques, dont la diversité est reconnue par une qualification nationale (les sites d'intérêt biologique et écologique) et mondiale, sont aujourd'hui menacés. Il en va ainsi de la baie d'Oued Ed Dahab. La baie de Cintra pourrait être confrontée aux mêmes risques.
Un constat parmi les plus frappants est que l'aménagement du territoire n'a pas fait l'objet d'un schéma directeur cohérent. Il en résulte que le développement urbain semble anarchique en de nombreux endroits, sans rapport avec les contraintes climatiques ou la « personnalité culturelle des lieux » et menaçant d'étouffement certaines agglomérations. L'urbanisme dans les provinces du Sud, souffre par ailleurs de problèmes d'assainissement du foncier et absence d'un marché structuré du logement (intervention massive de l'Etat, quasi absence des opérateurs privés, inadaptation de certains équipements aux besoins des populations). Enfin, les connexions nationales et surtout internationales sont restées limitées entravant la mobilité et les capacités de rayonnement régional des provinces du Sud.
Le modèle de développement appliqué jusque-là dans la région a atteint ses limites. Il y a besoin d'une nouvelle dynamique, fondée sur des exigences de durabilité, de démocratie participative, et de cohésion sociale, orientée vers la créatrice de richesses et l'emploi.
Les ambitions du modèle
de développement
Le nouveau modèle s'appuie sur les fondamentaux définis par la Constitution, par les conventions internationales ratifiées par le Maroc ainsi que sur les objectifs de la Charte sociale élaborée par le CESE. Quatre principes sont au coeur du modèle:
Le développement humain inclusif et durable ;
La participation des acteurs représentatifs et de la population locale à toutes les phases d'élaboration et de mise en oeuvre des programmes de développement de la région ;
Le respect et l'effectivité des droits humains fondamentaux des citoyens ;
La consolidation de la place de l'Etat dans son rôle de régulateur et de garant de l'application de la loi.
Le nouveau modèle préconise une vision et des processus qui soient plus participatifs, plus inclusifs et adossés à une gouvernance responsable. Ces inflexions sont indispensables au déclenchement d'une vraie dynamique de croissance économique et à l'éclosion de rapports sociaux coopératifs, et porteurs de cohésion et d'espérance.
Ce modèle est conçu pour être déployé en deux temps.
Une première phase à court et moyen terme (horizon de 10 ans) pour le lancement et l'opérationnalisation de la nouvelle dynamique de développement et pour la préparation des relais de croissance à plus long terme.
L'objectif de cette phase est d'optimiser l'exploitation du potentiel existant tout en structurant, de façon volontariste, le cadre et les mécanismes en faveur de l'emploi, de la formation, et de la protection sociale.
Une deuxième phase à moyen et long terme au cours de laquelle le développement basé sur le potentiel existant aurait atteint sa vitesse de croisière et serait soutenu par de nouveaux relais de croissance (secteur de la transformation à plus forte valeur ajoutée, économie de la connaissance, exploitation inclusive de nouvelles ressources naturelles, ...).
Un effet essentiel de cette démarche de progrès sera de faire de nos provinces du Sud un espace géostratégique de référence, pour la paix, la stabilité et la prospérité partagée pour l'ensemble de la région euro-africaine.
L'ambition chiffrée du modèle est de parvenir, dans un horizon de 10 ans, à doubler le PIB de ces régions et d'y créer plus de 120 000 nouveaux emplois. A taux d'activité constants et avec une croissance de la population en âge de travailler de 2% par an, le chômage serait réduit au moins de moitié.
Par ailleurs, le nouveau modèle, en instituant un système social plus équitable, fondé sur des filets sociaux ciblant les populations les plus vulnérables, sur la base de critères transparents et connus de tous, devrait permettre, dans le même horizon, de réduire de façon significative la pauvreté et d'élargir ainsi la base sociale des classes moyennes dans les provinces du Sud.
Cette dynamique peut légitiment aspirer à conférer aux provinces du Sud une fonction de hub entre le Maghreb et l'Afrique subsaharienne à travers notamment un cluster maritime, un plan de connectivité adéquat basé sur le développement des autoroutes électriques, la construction de la rocade atlantique et de la route du désert,
le renforcement du réseau portuaire et du transport maritime et aérien, et la mise en place d'une plateforme d'aménagement numérique du territoire et de plateformes logistiques et de commerce. Cette ambition s'appuiera sur l'émergence de pôles d'excellence, ouverts à la coopération régionale maghrébine et subsaharienne en matière d'éducation, de formation qualifiante, d'enseignement supérieur, de santé et de recherche scientifique appliquée.
Favoriser la participation
des populations
Le renforcement de la confiance entre la société et les représentants de l'Etat appelle l'affirmation de la primauté des Droits humains, le respect par tous de l'autorité de la loi et par un accès garanti à la justice. Pour ce faire, l'institution judicaire devra être renforcée en assurant la proximité et en améliorant l'accessibilité de l'aide judiciaire.
La crédibilité de l'Etat et de son action dans les provinces du Sud dépendent de sa gestion efficace des affaires publiques dans un cadre transparent et clair qui garantit l'accès à l'information aux citoyens. Dès lors, les administrations et les établissements publics doivent rendre publics leurs comptes et les principes de leur gestion, conformément à l'article 154 de la Constitution, en veillant au respect du principe d'égalité de traitement des citoyens (dans le traitement des dossiers et des allocations des droits et des ressources).
La garantie de participation des populations et de leurs représentants aux grands choix structurants qui impactent leur avenir et celui de la région ainsi qu'à leur mise en oeuvre concrète est une condition clé de l'adhésion au nouveau modèle et le ressort de sa réussite future. Les politiques publiques doivent être adossées à une démarche ascendante fondée sur des principes de démocratie participative locale et de débat public. Dans ce but, chaque région du Sud devrait être dotée d'une instance consultative de concertation et de dialogue civil. Composée, à parité hommes-femmes, des organisations professionnelles, sociales et associatives, des milieux académiques et des personnalités qualifiées, en particulier les dépositaires de la mémoire culturelle locale (Chioukhs de tribus), elle sera consultée systématiquement pour les plans de développement régionaux, les contrats-programmes avec l'Etat et pour l'ensemble des questions économiques, sociales et environnementales.
Le principe de contractualisation qui sera la base de la gestion de la relation Etat/région, devra être étendu à tous les acteurs économiques et sociaux, avec mise en place de mécanismes transparents d'évaluation et de suivi des droits et obligations de chaque partie.
Rompre avec l'économie de rente
Il est aussi nécessaire de passer d'une économie de rente, axée sur les activités primaires, à un cadre qui favorise l'investissement privé producteur de richesses et d'emplois et qui garantit la transparence et le respect des règles de saine concurrence.
Créer une nouvelle dynamique de croissance nécessite que l'Etat assure le passage à un cadre économique lisible, prévisible et incitatif pour les investissements et les activités marchandes. Pour améliorer le climat des affaires, il convient d'offrir à l'initiative privée un système fiscal basé sur des textes clairs et stables sur une longue durée.
La fiscalité devrait renforcer l'attractivité des provinces (IS et IGR avantageux, TVA et taxes locales normalisées). Il est également nécessaire d'immatriculer et de régulariser le foncier public par l'exécution des jugements et le règlement des litiges. Dans ce cadre, la préservation des espaces traditionnels (oasis, terres collectives) ira
de pair avec des mécanismes encourageant l'équipement et l'assainissement du foncier destiné aux activités économiques dans le cadre de zones économiques spécialisées.
Diversifier l'économie nécessite d'y intégrer de nouveaux acteurs. Encourager l'esprit d'entreprise impose de lever les freins aux financements pour les acteurs de taille modeste, y compris ceux de l'économie sociale et solidaire. A cette fin, un fonds inter-régional d'impulsion économique destiné à soutenir le financement de l'économie régionale sera créé. Il permettra de faciliter l'émergence de grands projets et d'accompagner les petites et moyennes entreprises ainsi que les coopératives et les mutuelles.
La diversification de l'économie impose également de renforcer la création de la valeur ajoutée locale autour de l'exploitation des ressources naturelles. L'attribution du foncier, des licences et des quotas de pêche, comme des autorisations de prélèvement de la ressource hydrique devra dès lors être conditionnée à la création de richesses et d'emplois locaux. De même, la transformation sur place des activités minières et l'exploitation des hydrocarbures devront bénéficier d'un cadre qui permet d'attirer les investisseurs et les opérateurs nationaux et mondiaux majeurs.
D'une manière plus générale, l'accès aux ressources naturelles devra être plus équitable et favorable au développement local avec un cadre de taxation en fonction de l'investissement et du niveau de création de valeur ajoutée et d'emplois locaux. Les revenus publics tirés de l'exploitation de ces ressources seront majoritairement réaffectés au développement des provinces du Sud. Enfin, les mécanismes d'appui identifiés sont à inscrire dans des politiques sectorielles favorables à la transformation du plein potentiel des secteurs économiques porteurs en s'appuyant sur les atouts de chaque territoire pour faire émerger des pôles de compétitivité régionaux. Aussi, le nouveau modèle de développement économique des provinces du Sud déclinera-t-il cette orientation en priorité pour ces provinces. Ainsi, de manière différenciée, la connaissance actuelle permet de faire ressortir les tendances suivantes qui seront reprises et affinées dans le cadre des contrats programmes régionaux :
- Région Laâyoune-Boujdour: Pôle économique diversifié, en exploitant les atouts de la région dans le secteur primaire, (valorisation halieutique, développement de la filière cameline, du potentiel agricole), en développant un pôle industriel du Sud (transformation du phosphate dans le cadre d'un complexe chimique intégré permettant de produire une gamme élargie d'engrais, production de matériaux de construction), et dans le secteur tertiaire (plateforme logistique et de commerce, pôle touristique et artisanal de niche).
La région consolidera sa place de centre administratif et évoluera vers un hub pour les provinces du Sud et pour l'Afrique subsaharienne.
- Région Oued-Eddahab-Lagouira : un pôle économique en pointe sur la pêche, l'agriculture à haute valeur ajoutée, les énergies renouvelables, le tourisme de niche ainsi que la logistique et le commerce. Elle présente des atouts pour jouer un rôle central dans l'intégration avec les pays subsahariens.
- Région Guelmim-Es-Smara : une région reliant entre le Nord et le Sud du Royaume, dont le développement sera basé sur l'émergence d'une économie sociale et solidaire dynamique et diversifiée (agriculture / élevage, artisanat), sur le tourisme balnéaire responsable et l'offre d'écotourisme d'oasis et de montagne et sur le rattrapage des indicateurs de développement humain et de lutte contre la pauvreté.
Les provinces du Sud bénéficient d'atouts leur permettant de se positionner en pôle majeur de production d'énergies renouvelables notamment éolienne autour des sites de Dakhla, de Tiskrad et Boujdour, de Tarfaya, Akhfennir et Laâyoune, en assurant l'interconnexion de Dakhla en 400 kva au réseau national en perspective d'une connexion au réseau Mauritanien.
Stratégie intégrée
de développement humain
Il devient nécessaire de dépasser les politiques sociales passives et de mettre l'accent sur l'employabilité et le renforcement des capacités des individus. Cette rupture doit conduire, dans les meilleurs délais, à renforcer le rôle de l'école et de l'éducation en tant que moteurs de l'égalité des chances et de l'accès à l'emploi et aux responsabilités. De même, la politique sanitaire, tout en réduisant les inégalités d'accès, doit promouvoir une offre de soins de qualité à vocation régionale.
Cela implique de renforcer l'attractivité des provinces du Sud pour les professions médicales et de mieux mobiliser et encadrer le secteur privé. Une telle stratégie appelle le renforcement des équipements existants en transformant les centres hospitaliers provinciaux de Dakhla et Guelmim en centres hospitaliers régionaux,
en augmentant la capacité d'accueil du centre hospitalier régional de Laâyoune, et en créant des services d'assistance médicale d'urgence (SAMU) au niveau de l'ensemble des provinces du Sud.
Il est enfin nécessaire de déployer un plan d'urgence pour l'amélioration de la santé maternelle et infantile autour des Objectifs du Millénaire, en promouvant un programme de sensibilisation et de généralisation de la gratuité du suivi des grossesses et en augmentant l'effectif du personnel et des équipements dans les services de maternité. Cette politique d'urgence permettra de réduire la mortalité maternelle et infantile et de positionner à terme les provinces du Sud en tant que pôle de référence en matière de santé.


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