Un modèle intégré, durable et créateur de richesses Le modèle de développement régional à promouvoir dans les provinces du Sud du Royaume aura la particularité d'être intégré, durable et créateur de richesses et d'emplois en remplacement du modèle actuel, qui a atteint ses limites, selon le président du Conseil économique, social et environnemental (CESE), M. Chakib Benmoussa. Pour le CESE, a-t-il par ailleurs précisé, ce travail s'inscrit dans le cadre du projet de régionalisation avancée des provinces du sud. Dans une déclaration à la presse à l'issue de la présentation, mercredi à Agadir, devant SM le Roi Mohammed VI, de la note de cadrage relative à l'élaboration d'une plate-forme pour un modèle de développement régional pour les provinces du Sud, le président du CESE a indiqué que le modèle en vigueur est en phase avec les aspirations des populations locales, soulignant la nécessité de promouvoir un développement intégré visant la satisfaction des besoins de la population, un modèle créateur de richesses mais également d'emplois pour les populations locales. A travers sa présente entreprise, le Conseil, a-t-il dit, va tenter d'apporter des réponses aux questions structurantes qui handicapent le développement actuel des provinces du Sud aux niveaux économique, social, culturel, humain, territorial, et environnemental ainsi qu'en termes de gouvernance. Le CESE s'appuiera dans ce cadre sur les fondamentaux définis par la constitution, ainsi que sur les objectifs de la charte sociale qu'il a élaborée, dans le respect des spécificités de la région. Quant à la note de cadrage, elle va définir la méthodologie à suivre par la Conseil, lequel veillera à faire participer à cette œuvre les populations et institutions concernées. Cette note de cadrage présente un diagnostic préliminaire, le référentiel de travail du Conseil économique, social et environnemental (CESE), les inflexions majeures déjà identifiées ainsi que les résultats attendus. Elle précise aussi la méthodologie qui doit être suivie, la démarche et les modalités de participation des populations et institutions concernées, a ajouté M. Chakib Benmoussa. Dans une allocution prononcée devant SM le Roi Mohammed VI, C. Benmoussa a affirmé que l'élaboration de ladite note s'est appuyée sur l'analyse des principales études réalisées, sur des discussions avec le gouvernement et une première série d'auditions des acteurs institutionnels des provinces du sud, et a bénéficié d'un large débat entre les membres de la commission ad hoc créée par le CESE, en application des Hautes orientations contenues dans le discours adressé par le Roi à la Nation le 6 novembre 2012, à l'occasion du 37e anniversaire de la Marche Verte, relatives à l'élaboration d'un modèle de développement régional pour les provinces du sud. Composée de membres du Conseil et représentant toutes ses catégories, cette commission propose d'analyser le modèle de développement en vigueur et les inflexions qu'il conviendra d'y introduire pour atteindre les objectifs fixés par le Roi et identifiera des scénarios cibles de développement, les principaux projets pouvant leur donner corps et les modalités de mise en œuvre du scénario recommandé. Le travail du CESE s'inscrit dans le cadre de la régionalisation avancée Pour ce faire, a-t-il noté, le Conseil inscrira ses travaux dans le cadre du projet de régionalisation avancée et s'intéressera à l'ensemble des provinces du sud, même si une attention particulière sera réservée aux provinces récupérées. Ces travaux pourraient constituer une plateforme facilitant la mobilisation des acteurs autour d'un projet fédérateur, pouvant être mis en œuvre dans un horizon temporel réaliste de 10 à 15 ans, avec des premiers résultats dès son démarrage, a-t-il dit. Selon la note, la réalité du développement actuel dans les provinces du sud indique que depuis 1975, un effort national d'investissement important a été conduit par les pouvoirs publics pour doter les territoires récupérés en équipements et infrastructures, pour sécuriser les populations qui y résident, leur assurer les services sociaux de base et améliorer leur bien-être. Malgré cet effort, relève le document, les résultats semblent contrastés et le bilan paradoxal: Des infrastructures et des équipements assez développés comparativement aux autres provinces du Royaume, des niveaux d'accès des populations aux services de base et des indicateurs sociaux qui se situent dans la tranche supérieure de la moyenne nationale, mais de réels problèmes de décollage économique et de création de valeurs locales, un chômage persistant, particulièrement des jeunes sahraouis et des tensions sociales qui résultent en partie des difficultés de cohésion sociale et d'intégration, alimentées par le sentiment d'iniquité ressenti par des catégories de la population de la région. La note fait également observer que le contexte géopolitique et la gouvernance des provinces du sud n'ont pas favorisé l'émergence d'une culture partagée du développement de la région, ni une implication forte des acteurs concernés ou une cohérence des politiques mises en oeuvre. Selon Benmoussa, il ressort des premières réflexions que le CESE pourrait préconiser une réforme progressive mais profonde des conceptions et approches du développement des provinces du sud. Il s'agira de conjuguer l'ancrage de ces provinces dans le référentiel national axé sur les fondamentaux définis par la constitution, ainsi que sur les objectifs de la Charte sociale élaborée par le CESE, dans le respect de l'identité de la région. Le CESE pour une reforme progressive mais profonde des approches de développement du sud du pays L'objectif, a-t-il dit, serait de favoriser l'éclosion d'une économie locale viable et attractive, pouvant transformer les provinces du sud en un trait d'union avec l'Afrique et un pôle régional de coopération, de prospérité et de paix dans le sous-ensemble régional du grand nord-ouest africain. A ce stade de l'analyse, et sous réserve de confirmation, le CESE considère qu'une inflexion majeure du modèle de développement en vigueur, s'avère nécessaire, a estimé le président du Conseil, pour qui le modèle actuel semble avoir atteint ses limites, et ne paraît plus en mesure de répondre à l'ambition de développement fixée par SM le Roi, en phase avec les aspirations des populations locales. Le CESE, a-t-il expliqué, se propose de concentrer une partie de ses travaux sur les réponses à apporter aux questions structurantes qui handicapent le développement actuel et aussi celles qui libèrent l'énergie et suscitent la mobilisation. Selon Benmoussa, ces questions sont regroupées autour de cinq volets Il s'agit en premier lieu de créer les conditions de l'émergence et la pérennité d'un secteur productif, jeter les bases d'une économie sociale et solidaire appuyée sur les traditions et le savoir-faire local, définir des modalités transparentes de gestion des ressources naturelles à même de faciliter le recours aux IDE dans le domaine de l'exploration et de la valorisation de ces ressources et d'impacter le développement et les conditions de vie des populations locales. Le volet social et culturel consiste, quant à lui, à favoriser la mixité entre les différents segments de la population, définir des filets de sécurité pour les plus vulnérables, proposer des mesures positives en faveur des populations locales dans les domaines économique et social, favoriser un retour digne et une intégration réussie des populations sahraouies actuellement dans les camps de Tindouf, dans le respect des règles de justice sociale et d'équité, valoriser le patrimoine culturel de la région comme composante structurante de son identité et de levier de création de richesses. Concernant le développement humain, l'amélioration des indicateurs d'éducation, de formation, de savoir, de santé ainsi que les politiques de lutte contre la pauvreté, l'exclusion, la marginalité, et la vulnérabilité pour garantir la dignité des populations locales et renforcer le bien-être et la cohésion sociale, devraient être au cœur des inflexions majeures du modèle de développement actuel. Le CESE analyse de même les voies pour mettre en œuvre une politique des villes qui prenne en compte les exigences de l'aménagement du territoire et de la durabilité et sauvegarder les écosystèmes en péril, avec une priorité à la baie de Dakhla. En matière de gouvernance, le Conseil accordera de l'importance à la cohérence d'ensemble des politiques publiques qui concernent les provinces du Sud, proposera des mécanismes de pilotage institutionnel et de conduite du projet de développement qui s'appuient sur la participation effective des populations et la mobilisation des forces vives de la région, et qui favorisent une gestion graduelle de la transition pour minimiser les risques et réussir à court terme des projets à fort impact qui renforcent l'adhésion et la confiance, a-t-il ajouté. D'après la note de cadrage, le CESE s'est fixé comme objectif de produire le rapport final avant la fin du mois d'Octobre 2013, avec un rapport intermédiaire à la fin du mois de Mars 2013. En sus de l'élaboration de la note de cadrage, les principales phases des travaux du CESE consisteront en la réalisation d'un diagnostic approfondi du modèle actuel de développement des provinces du Sud et l'analyse, l'identification des inflexions majeures nécessaires, ainsi que la proposition de scenarios de développement, des grands axes du programme d'action et les modalités de mise en œuvre du modèle de développement et les mécanismes de sa gouvernance, a fait savoir C. Benmoussa. Pour garantir une approche participative, le CESE organisera, tant au niveau national que régional, plus d'une cinquantaine de réunions, ateliers et forums avec les acteurs et les institutions concernés, et recueillera les contributions des citoyens et des experts à travers l'activation de son site web "al moubadara lakome". A rappeler que SM le Roi Mohammed VI avait affirmé dans Son discours à l'occasion du 36e anniversaire de la Marche verte, que le Sahara marocain sera « un véritable modèle de régionalisation avancée, impliquant une élection démocratique de ses instances et un large transfert des pouvoirs et des moyens, du centre vers les régions, et prévoyant des mécanismes de solidarité régionale et nationale, de mise à niveau sociale et de développement humain". Depuis lors, le Maroc est à pied d'œuvre pour la concrétisation de ce projet de règne, cher au Souverain.