Partenaires stratégiques privilégiés, l'Espagne et le Maroc disposent de nombreuses opportunités, qui s'ajoutent à celles qu'elles mettent en oeuvre, pour donner à ce partenariat une dimension qui rapprochera, à travers le concept du partenariat décentralisé, leurs territoires, leurs économies régionales et leurs populations. Un tel partenariat décentralisé pourrait mettre en oeuvre, de manière efficace et mieux partagée, toutes les potentialités et les complémentarités que recèles leurs économies et impacter directement le développement social de leurs territoires. Dans la note que vient de publier la Direction des prévisions et des études économiques dépendant du ministère de l'Economie et des finances, et qui dresse un bilan des relations économiques entre le Maroc et l'Espagne, plusieurs idées-force émergent à la lumière du constat qui permet d'affirmer que ces relations se développent « de manière remarquable » dans tous les domaines. Ce développement est fortement initié par l'investissement sur lequel la DPF apporte les précisions suivantes : Les investissements directs espagnols au Maroc ont augmenté de 11% en 2014 pour s'établir à 1,4 milliard de dirhams, après trois années consécutives de baisse. Leur part dans le total des IDE reçus par le Maroc a rebondi à 4% en 2014, aprèsavoir marqué une tendance baissière sur les années précédentes (passant d'environ 28% en 2006 ˆ 3,3% en 2013). L'Espagne est reléguée à la septième position des investisseurs étrangers, derrière la France, les Emirats Arabes Unis, l'Arabie Saoudite, les Etats-Unis, la Grande Bretagne et la Suisse. Sur la période 2008-2014, les flux des IDE espagnols au Maroc ont été relativement faibles, soit 1,7 milliard de dirhams en moyenne annuelle, loin en dessous des montants reçus avant la crise (6,7 milliards de dirhams en moyenne annuelle sur la période 2003-2007). Toutefois, les niveaux exceptionnels d'IDE réalisés en 2003 et en 2006, soit respectivement 18,1 et 7,2 milliards de dirhams, correspondent à l'acquisition de 80% puis de 20% du capital de la Régie des Tabacs par le groupe franco-espagnol ALTADIS5. La dynamique des projets, dont notamment le port de Tanger-Med et les zones Offshore, vise à positionner notre pays comme une plate-forme d'exportation vers les pays européens et africains. Pour accompagner ce mouvement, l'Espagne a dédié un plan spécifique au Maroc, en mettant à la disposition des investisseurs trois types d'instruments (Prospinver, Papi et Pidinver), qui permettent de financer les premiers contacts et l'installation de l'entreprise au Maroc. Tous les secteurs investis Le stock d'IDE espagnols au Maroc a atteint 44,1 milliards de dirhams à fin 2010, représentant environ 12% du total des stocks IDE. En effet, le Maroc accueille près de la moitié des investissements espagnols en Afrique et plus de 800 entreprises espagnoles. Les secteurs qui attirent le plus d'investisseurs espagnols sont l'industrie avec 33% des investissements directs, le tourisme et l'immobilier avec 24% chacun et la banque avec 12%. L'industrie automobile a attiré plusieurs investissements espagnols ces dernières années, grâce à l'installation de l'usine Renault de Tanger. Ainsi, le groupe espagnol Bamesa implante une usine de découpe d'acier à Tanger, pour un investissement de 20 millions d'euros, pour servir le marché marocain et surtout l'usine Renault de Tanger. Par ailleurs, le domaine des équipements automobiles attire beaucoup d'entreprises espagnoles, à l'instar de l'équipementier CIE AUTOMOVILE et le groupe HISPAMOLDES, spécialisé dans l'injection plastique, qui ont signé un accord pour la création d'une entreprise commune dans le domaine de la fabrication de composants automobiles, dont deux unités à «Tanger Free Zone». D'autres entreprises espagnoles ont accompagné le développement de l'industrie automobile du Maroc comme Antolin et Relats. L'Espagne occupe également une place de choix dans l'industrie nationale du textile-habillement. En effet, elle est devenue le premier investisseur étranger dans le secteur de textile et du cuir au Maroc, avec notamment l'investissement du groupe TAVEX d'un montant de 634 millions de dirhams, lequel porte sur l'augmentation des capacités de filature, de tissage, de teinture et de finissage de sa filiale SETTAVEX, basée à Settat. Par ailleurs, le groupe espagnol de prêt-à-porter Zara-Inditex a nettement augmenté ses activités de sous-traitance au Maroc en 2014, pour atteindre plus de 100 millions de pièces, profitant ainsi de la proximité géographique entre les deux pays pour développer son concept de Fast Fashion. Le secteur des travaux publics attire également les opérateurs espagnols. C'est le cas du GRUPO MECANOTUBO, une entreprise de construction connue pour le cintrage de ponts et la réalisation de micro-ponts, et de l'ingénieriste EIGRA MAROC, filiale du groupe andalou FLUELEC EIGRA opérant dans le domaine de la conception d'installations électriques, hydrauliques et mécaniques ainsi que le développement des énergies alternatives. D'autres entreprises espagnoles sont parvenues ˆ gagner d'importants marchŽs de travaux comme les entreprises Acciona, Sener et TSK qui vont rŽaliser pour le compte du saoudien Acwa le parc solaire CSP de Ouarzazate. Dans le secteur de l'énergie, le groupe espagnol Endesa détient 32% dans la station d'énergie électrique de Tahaddart. De même, l'entreprise espagnole Gamesa compte au Maroc plusieurs projets dans les énergies vertes, dont celui de la centrale éolienne de Tanger. Ce parc, doté d'une puissance totale de 140 MW, a bénéficié d'un financement espagnol de 100 millions d'euros. En matière d'infrastructure des transports, le groupe espagnol ASSIGNIA, spécialisé dans les infrastructures, les services et les énergies renouvelables, a décroché en juin 2012 deux contrats dans le cadre du projet du TGV marocain, pour un montant de 87,5 millions d'euros. Le groupe devrait se charger de la construction de deux sections du TGV reliant Tanger et Kénitra. En matière de transport, la libéralisation du transport routier de marchandises entrée en vigueur en mars 2003 a permis l'arrivée de nouvelles entreprises espagnoles, comme la multinationale LOGESTA, spécialisée dans le transport international routier (TIR). De même, la libéralisation du transport aérien lancée en 2004 a permis l'arrivée de nouvelles compagnies aériennes espagnoles, comme la compagnie aérienne HELLIT qui a ouvert une succursale à Casablanca en avril 2012. En matière de gestion du transport urbain, la société ibérique Alsa est présente dans les villes de Marrakech, Agadir et Tanger. Les secteurs du tourisme et de l'immobilier attirent plusieurs sociétés espagnoles, comme le groupe hôtelier espagnol RIU qui a ouvert son 6ème établissement au Maroc, à Agadir en mars 2012. Dans le secteur bancaire, Banco Popular, troisième banque privée espagnole, fait son entrée au Maroc, en ouvrant un bureau de représentation ˆ Casablanca. A noter que d'autres banques d'Espagne comme La Caixa et Banco Sabadell disposent déjà de succursales au Maroc, essentiellement pour accompagner l'activité des entreprises espagnoles. Les deux groupes financiers d'Espagne ont investi respectivement près de 420 et 213 millions de dirhams pour leur implantation au Maroc. Notons que le capital d'Attijariwafa bank est détenu ˆ hauteur de 5,3% par Banco Santander, la plus grande banque espagnole. Dans le secteur d'Offshoring, les opérateurs ATENTO et CONNECTA ont multiplié leurs sites au Maroc. Les investissements espagnols au Maroc pourraient être encouragés par l'accélération de la mise en oeuvre du Pacte national pour l'émergence industrielle qui compte lancer 24 parcs industriels intégrés dans les secteurs clés notamment l'aéronautique, l'automobile, l'électronique et l'agro-industrie.