88,71% des travailleurs Marocains sont employés sans contrats à durée indéterminée. Tel est, en tout cas, le triste constat dégagé d'un nouveau rapport de l'OIT (Organisation Internationale du Travail) intitulé : « Emploi et questions sociales dans le monde 2015 ». Il en ressort aussi que seul un quart des travailleurs du globe disposerait d'une relation d'emploi stable, trois quarts sont employés à titre temporaire ou avec des contrats à durée déterminée, dans des emplois informels souvent sans aucun contrat, comme travailleurs indépendants ou dans des emplois familiaux non rémunérés. Plus de 60% des travailleurs sont privés de tout contrat de travail, la plupart d'entre eux étant établis à leur compte ou contribuant au travail familial dans les pays en développement. Toutefois, même parmi les travailleurs salariés, moins de la moitié (42%) travaillent dans le cadre d'un contrat à durée indéterminée. L'OIT note, par la suite, que l'emploi salarié ne représente, en dépit de son essor à l'échelle mondiale, que la moitié de l'emploi global, avec de fortes disparités entre les régions. C'est le cas, par exemple, des économies développées et de l'Europe centrale et du Sud-Est (où environ huit travailleurs sur dix sont des employés) alors qu'en Asie du Sud et en Afrique subsaharienne le chiffre est plutôt de deux sur dix. Une autre tendance actuelle est la hausse de l'emploi à temps partiel, surtout parmi les femmes. Dans la majorité des pays, les emplois à temps partiel ont connu un développement plus important que les emplois à plein temps entre 2009 et 2013. «Ces nouveaux chiffres révèlent un monde du travail de plus en plus diversifié. Dans certains cas, les formes atypiques de travail peuvent aider les gens à prendre pied sur le marché du travail. Mais ces tendances émergentes sont aussi le reflet de l'insécurité généralisée qui touche aujourd'hui beaucoup de travailleurs dans le monde», affirme le Directeur général de l'OIT, Guy Ryder. Autre point, inquiétant, soulevé par l'institution onusienne spécialisée est le creusement des inégalités de revenu dans la majorité des pays. « Les écarts de revenus entre travailleurs permanents et travailleurs intérimaires se sont creusés au cours des dix dernières années », souligne-t-on. Pire encore, la protection sociale – et notamment les allocations de chômage –, n'est principalement accessible qu'aux employés permanents. Pour les travailleurs indépendants, même les retraites sont rares: en 2013, seuls 16% d'entre eux cotisaient à un régime de retraite. S'agissant de la réglementation du travail, l'OIT affirme qu'on admet de mieux en mieux son importance pour protéger les travailleurs – surtout ceux qui exercent un emploi atypique – contre les traitements injustes ou arbitraires et de permettre la conclusion de contrats en bonne et due forme entre employeurs et travailleurs. Les lois sur la protection de l'emploi ont été progressivement renforcées au fil du temps, une tendance qui est courante à travers les pays et les régions.