La France a proposé à la Russie de résilier officiellement le contrat portant sur la livraison des Mistral en remboursant les sommes déjà versées, à condition de pouvoir réexporter les navires de guerre, ce que Moscou refuse, a rapporté vendredi le journal russe Kommersant. Selon le quotidien économique, qui cite des sources au sein de l'armée, Paris est prêt à rembourser à Moscou près de 785 millions d'euros, après que les autorités russes aient accepté par écrit que les deux Mistral dont la livraison est suspendue depuis novembre en raison de la crise ukrainienne puissent être revendus par la France à une tierce partie. Le Kremlin estime toutefois le préjudice subi par la Russie à près de 1,163 milliard d'euro, et refuse tout accord pour une réexportation des navires avant que l'argent ne soit rendu, selon la même source. «Les projets de documents sont actuellement à l'étude par le gouvernement russe, le ministère de la Défense et tous ceux engagés dans le contrat des Mistral», a expliqué au journal une source proche du dossier. La France et la Russie ont conclu en juin 2011 sous la présidence de Nicolas Sarkozy un contrat évalué à près d'1,2 milliard d'euros portant sur la livraison de deux portes-hélicoptères de classe Mistral, dont le premier devait être livré en novembre 2014. Paris avait annoncé fin novembre le report «jusqu'à nouvel ordre» de la livraison du premier de ces bâtiments de projection et de commandement (BPC) construits à Saint-Nazaire (ouest), en raison de l'implication présumée de Moscou dans le conflit ukrainien. Kiev et les Occidentaux accusent la Russie de soutenir en armes et combattants les séparatistes prorusses de l'Est de l'Ukraine et d'y avoir déployé des troupes régulières, ce que Moscou dément catégoriquement. Le président français François Hollande a admis en avril que la France pourrait être amenée à «rembourser» les sommes déjà versées par la Russie pour l'acquisition des deux navires Mistral. Le président russe Vladimir Poutine a pour sa part clairement déclaré que Moscou s'attendait à ce que les sommes engagées soient retournées. Le premier de ces navires, le «Vladivostok», devait être initialement remis à Moscou à la mi-novembre 2014, mais il est toujours au port de Saint-Nazaire, tout comme le deuxième navire, le «Sébastopol», du nom du port abritant la flotte russe en Crimée, péninsule ukrainienne annexée en mars 2014 par la Russie. Ces navires de guerre polyvalents peuvent transporter des hélicoptères, des chars ou des chalands de débarquement et accueillir un état-major embarqué ou un hôpital.