Tous des malades mais trois sur quatre ne reçoivent aucun traitement. Tous végètent dans de conditions lamentables. Sans oublier les mauvais traitements quotidiens auxquels ils sont exposés et en flagrante violation des droits de l'homme et des malades mentaux. Et pourtant, ils, eux ou leurs familles, rapporte presque sept millions de dirhams Le ministre de la Santé, M. El Houssaine Louardi a présenté, mercredi à Kelaât des Sraghna, les résultats d'une enquête sur la problématique de la violation des droits des personnes atteintes de maladies mentales et psychiatriques au mausolée Bouya Omar (province de Kelaât des Sraghna). Réalisée par une commission de coordination multisectorielle composée de représentants des ministères de la Santé, des Habous et des Affaires islamiques, de la solidarité, de la femme, de la famille et du développement social, du Conseil national des droits de l'Homme (CNDH), et de la Ligue marocaine de citoyenneté et des droits de l'Homme, cette enquête a été présentée lors d'une rencontre de concertation, tenue en présence de représentants des autorités locales, d'élus, de magistrats, d'oulémas et de représentants des associations de la société civile. Par catégories d'âge, il ressort de cette enquête que 35 % des pensionnaires sont des trentenaires (30-39 ans), 25 % sont des quadragénaires (40-49 ans), et 18 % sont de la catégorie d'âge 20-29 ans, tandis que la majorité des pensionnaires sont des hommes, soit 692 malades sur 711 patients et patientes. Près de 86 pc sont des célibataires, 7 % sont mariés et 5,4 % divorcés, ajoute la même enquête. En ce qui concerne le niveau scolaire des pensionnaires, la même étude souligne que 36 %ont un niveau d'enseignement primaire, 31 collégial, 17 % secondaire, 12 % sans niveau et 5 %universitaire. Pour ce qui est de l'origine des pensionnaires, sur 711 patients, 154 malades sont originaires de Casablanca, 72 de Tanger-Tétouan, 64 de l'Oriental, 61 de Tadla, 54 de Rabat et 54 originaires de Marrakech. Concernant les conditions d'accueil, l'enquête révèle que 4 pensionnaires logent dans une seule chambre, 70 % ne reçoivent aucun traitement durant leur séjour au mausolée, 24 pc ne reçoivent aucune visite familiale et 23 % sont dans un mauvais état sanitaire. Il ressort de cette même enquête que les pensionnaires paient en moyenne 786 DH mensuellement alors que les frais d'hébergement avoisinent les 8 millions de DH par an, au total. Dans cette commune, le malade mental est le moteur de l'économie locale, ajoute la même enquête. L'enquête dévoile que tous les pensionnaires sans exception souffrent de maladies mentales et psychiatriques, 70 % ne reçoivent aucun traitement, vivent dans de conditions difficiles et subissent de mauvais traitements en flagrante violation des droits de l'homme et des malades mentaux. L'enquête présente une série de mesures pour résoudre la problématique de la violation des droits des personnes atteintes de maladies mentales et psychiatriques au mausolée Bouya Omar. Elle recommande la construction et la mise en service d'un centre médico-social, d'une capacité d'accueil de 120 lits. Ce centre permettra la protection des droits des personnes atteintes de maladies mentales et psychiatriques, la facilitation de l'accès au traitement et l'intégration sociale et la réhabilitation des malades mentaux et psychiatriques et le traitement des addictions à la drogue. Cette structure sanitaire, qui sera gérée de manière autonome par un Conseil d'administration où seront représentés les différents secteurs concernés, permettra aussi le suivi, la sensibilisation et l'accompagnement des patients. Le coût global de la construction et l'équipement de ce centre avoisinera les 25 millions de DH, alors que son budget annuel sera de l'ordre de 3,5 millions de DH. L'étude recommande aussi l'organisation et la mise à niveau des services d'accueil des familles des malades ainsi que le renforcement de la prise en charge des maladies mentales et psychiatriques afin que les familles puissent trouver là où elles résident, une réponse à la pathologie mentale et psychiatrique que présentent leurs parents, leurs fils ou leurs frères et ne seront plus obligés de venir jusqu'à Bouya Omar.