Au Nigeria, il y a un an jour pour jour que 276 lycéennes ont été kidnappées dans la ville de Chibok au nord-est du pays. Depuis, une soixantaine de jeunes filles auraient réussi à s'enfuir. Les autres sont toujours aux mains du groupe islamiste Boko Haram dont le chef avait menacé de les vendre comme des esclaves ou de les marier de force. Cette affaire avait ému la communauté internationale, la première dame des Etats-Unis, Michelle Obama en tête, avait participé à la campagne #BringBackOurGirls, ramenez nos filles. Un bandeau fait encore le décompte des jours de captivité à la une de certains journaux. Pour autant, le cas des lycéennes de Chibok ne mobilise plus vraiment les Nigérians. De fait, en un an les recherches n'ont jamais rien donné en dépit de l'appui de la communauté internationale. Les Américains qui avaient envoyé une équipe d'assistance peu après le kidnapping n'ont pas réussi à débusquer les jeunes filles avec leurs drones. La mission a finalement été interrompue début janvier suite à la dégradation des relations diplomatiques avec le Nigeria. Quant à l'assistance française, elle s'est très vite reportée sur la lutte contre Boko Haram, le groupe islamiste multipliant les enlèvements et les attaques dans l'extrême nord-est du pays. Depuis l'offensive d'envergure de ces deux derniers mois menée avec l'appui du Tchad, du Niger et du Cameroun, la force de frappe des insurgés a considérablement diminué et plusieurs localités ont été libérées. Les autorités nigérianes continuent à marteler que les recherches se poursuivent, mais toujours aucune trace des jeunes filles. Dans un rapport publié mardi 14 avril, Amnesty International rapporte que plus de 5 500 personnes ont été tuées par Boko Haram depuis un an. L'ONG dénonce à ce titre des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité. Steve Cockburn est le directeur régional adjoint d'Amnesty International pour l'Afrique de l'Ouest et du centre : « Les informations que nous avons collectées sur l'enlèvement de plus de 2 000 filles et femmes montrent que celles-ci ont été forcées à se marier avec les combattants de Boko Haram, ou à cuisiner, ou à faire diverses tâches. Dans certains cas, elles ont même été forcées de mener des attaques contre leur propre village. Nous avons vu que beaucoup de filles et de femmes ont subi des viols répétés, d'autres qui ont résisté ont été tuées. Ces violations constituent clairement des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité. La Cour pénale internationale a déjà ouvert des enquêtes préliminaires sur les questions de Boko Haram au niveau du Nigeria. C'est d'abord la responsabilité de l'Etat du Nigeria de poursuivre les individus soupçonnés d'avoir commis les graves violations des droits humains. S'ils n'ont pas la volonté de poursuivre ces cas, cette responsabilité reviendra à la Cour pénale internationale. »