En Centrafrique, les consultations à la base sont terminées. Elles doivent nourrir le Forum de Bangui prévu fin avril, mais dont l'organisation a déjà pris beaucoup de retard. Ces retards hypothèquent la tenue des élections dans les délais espérés, c'est-à-dire avant le mois d'août. Le calendrier est-il tenable ? Que ressort-il des consultations ? Comment réorganiser l'armée centrafricaine moribonde ? Interrogée par Pierre Pinto et Bertrand Haeckler, la présidente de transition Catherine Samba-Panza répond à toutes ces questions. Selon Catherine Samba-Panza, ce processus de consultation populaire, à la base, est une véritable innovation, car « j'ai voulu sortir des sentiers battus en me disant que le processus de réconciliation ne concerne pas que l'élite et qu'il fallait, pour une fois, obtenir leur ressenti de la situation véritable, leurs préoccupations et surtout leurs solutions de sortie de crise ». Cela a été un véritable succès, car toute la population a adhéré. Et dans les 16 préfectures, ce qu'il en est ressorti concerne vraiment leur vécu. C'est-à-dire les problèmes de sécurité, les problèmes humanitaires, les problèmes de justice, de développement, de pauvreté et surtout les problèmes de réconciliation. Cela est très important parce que c'est en fait la base nourricière de ce qui va être dit au Forum national de Bangui. Un forum très attendu. Pour la présidente centrafricaine, le Forum ne sera pas une occasion pour remettre en cause les institutions de la transition. Au cours de ce Forum, les Centrafricains vont ensemble regarder derrière eux pour savoir comment ils ont fait pour arriver à cette difficile cohabitation, mais surtout avoir une vision pour l'avenir. Qu'est-ce que nous voulons faire de notre pays ? Comment voyons-nous notre pays dans les 20-25 ans qui vont venir ? Comment allons-nous faire pour réapprendre à vivre ensemble ? Comment éviter les erreurs du passé en terme de gouvernance et en terme politique ? « C'est l'ensemble de ces questions qui seront abordées », dit-elle. En effet, les Centrafricains attendent beaucoup de ce Forum parce que ce sera l'occasion, pour eux, de se dire la vérité, de donner des explications de ce qui les a amenés où ils sont arrivés aujourd'hui, les raisons qui les ont poussés à commettre des exactions. Mais par-dessus tout, il sera question de la justice et de la réparation pour pouvoir faire le deuil de tout ce qui s'est passé.Pour ce qui est d'une nouvelle prolongation de la transition, en cas de pari non tenu, Catherine Samba-Panza estime qu'il faut, ensemble, voir avec les partenaires techniques et financiers, la communauté internationale et les forces vives de la nation, quelles solutions envisager. Quant à l'amnistie, la présidente centrafricaine est on ne peut plus claire « A chaque processus de réconciliation, nous avons toujours commencé par prendre des mesures d'amnistie générale. Cela fait vingt ans que le cycle de violence ne s'est pas arrêté. Ce sont des initiatives, en fait, qui ne payent pas, mais, par contre, qui frustrent les victimes. C'est vrai, nous voulons aller vers le dialogue, nous voulons aller vers la réconciliation, mais pas au prix de l'impunité », dit-il. (Avec agence)