Des assaillants ont tué cinq personnes à Bamako, un Français, un Belge et trois Maliens, et en ont blessé neuf autres, aux premières heures de la journée de samedi. Deux suspects ont été arrêtés, a rapporté un responsable de la sécurité dans la capitale malienne, sans donner plus de précisions sur ces hommes. Les Maliens se sont réveillés, samedi 7 mars, sous le choc, après l'attaque meurtrière contre un restaurant au cœur de la capitale Bamako. L'attaque aurait été perpétrée par au moins un homme armé qui a ouvert le feu dans le bar-restaurant « La Terrasse », selon la police. C'est le premier attentat visant des Occidentaux dans la capitale du Mali. Aussitôt après cette attaque, deux suspects ont été arrêtés et interrogés, selon des sources policières maliennes. Ces deux suspects, dont ni l'identité ni la nationalité n'ont été précisées «sont en train d'être interrogés», a affirmé une de ces sources, ajoutant qu'ils avaient commencé à fournir aux enquêteurs des informations «intéressantes». «C'est une attaque terroriste, même si nous attendons des précisions. Selon un bilan provisoire, il y a cinq morts: un Français, un Belge et trois Maliens», a déclaré un policier sur place. Le groupe terroriste « Al-Mourabitoune », dirigé par l'Algérien Mokhtar Belmokhtar, a revendiqué, le jour même mars l'attentat de Bamako, dans un enregistrement diffusé par l'agence mauritanienne Al-Akhbar. «Nous revendiquons la dernière opération de Bamako menée par les vaillants combattants d'Al-Mourabitoune pour venger notre prophète de l'Occident mécréant qui l'a insulté et moqué, et notre frère Ahmed Tilemsi» tué par l'armée française en décembre, affirme un porte-parole. Ancienne figure d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), Mokhtar Belmokhtar a lancé son propre groupe en 2012, après une brouille avec une autre figure d'Aqmi. Ce groupe, baptisé Al-Mourabitoune, s'est fait connaître avec l'attaque du site gazier d'In Amenas, en Algérie, à la mi-janvier 2013, et la sanglante prise d'otages qui l'avait accompagnée. D'après la police malienne, un homme armé et masqué est entré peu après minuit, heure locale, dans le bar-restaurant La Terrasse, un établissement apprécié des expatriés, dans une rue très animée de la capitale. «L'assaillant portait un pantalon de treillis militaire et un t-shirt de couleur indéterminée. Armé d'un AK-47, un fusil d'assaut de type Kalachnikov, il s'est avancé et a tiré immédiatement, tuant sur le coup deux personnes sur la terrasse, dont un Français», a confié à L'Express une source sécuritaire malienne. Cette même source indique qu'au même moment, la police malienne, alertée par le mouvement de panique, a voulu contrôler un motard posté dans la rue. Lequel aurait sorti une grenade et l'aurait lancée contre les policiers, mais elle n'aurait pas explosé. Il aurait ensuite pris la fuite. Une fois sorti du restaurant, le tireur aurait quant à lui pris la fuite grâce à un 4x4 noir de marque Ford, conduit par un complice, lui aussi cagoulé. Toujours selon notre source, il a continué à tirer à vue pendant sa fuite, tuant trois autres personnes: deux maliens et un ressortissant belge. Des témoins évoquent de «nombreux coups de feu» et de «très fortes détonations», ainsi que des scènes de panique. Un officier proche de l'enquête précise que le premier tireur ainsi que le conducteur de la moto, étaient tous deux de couleur noire, parlaient le bambara, l'une des langues parlée au Mali, «comme des gens de Bamako». Le français assassiné s'appelait Fabien Guyomard, célibataire sans enfant, né le 4 août 1984. Il vivait à Bamako depuis 2007 et travaillait pour une société américaine spécialisée dans la construction de luxe. L'autre victime serait un ressortissant belge, officier de la sécurité de la Délégation de l'UE au Mali. Deux militaires suisses ont également été blessés dans l'attentat survenu à Bamako. Ils ont été hospitalisés. Ils se trouvent dans un état «stable mais critique», a annoncé l'armée suisse. Les deux Suisses étaient conscients et pouvaient parler lors de leur transfert à l'hôpital, précise le Centre de compétences de l'Armée suisse pour les missions à l'étranger dans un communiqué. L'un d'entre eux est actif dans le secteur de la lutte contre les mines, l'autre dans la sécurisation des stocks d'armes et de munitions. Il s'agirait d'un Romand et d'un Alémanique. Un troisième militaire suisse se trouvait dans l'établissement au moment de l'attaque. Actuellement, cinq Suisses sont engagés au Mali. Les deux victimes maliennes identifiées jusqu'à présent étaient un gardien et un policier. Réactions d'indignation Le gouvernement malien a qualifié d'acte terroriste l'attaque perpétrée dans la nuit de vendredi à samedi contre un restaurant à Bamako, appelant à ‘la vigilance pour conjurer la violence''. ‘'Un acte criminel et terroriste a été perpétré dans la ville de Bamako, dans la nuit du 6 au 7 mars 2015. La fusillade a entrainé des pertes en vies humaines et fait des blessés'', indique un communiqué du gouvernement. Faisant état de la mort de cinq personnes, trois Maliens, un Français et un Belge, le gouvernement ‘'présente ses condoléance attristées aux familles de toutes les victimes ainsi qu'aux pays dont les citoyens en mission au service du Mali viennent d'y laisser la vie''. D'après la même source, ‘'une enquête est ouverte afin de rechercher les coupables et de leur infliger le traitement qu'ils méritent''. Le gouvernement malien appelle, par ailleurs, ‘'à la solidarité nationale, à la vigilance de tous et de chacun pour conjurer la violence sous toutes ses formes, parce que contraires à nos valeurs socioculturelles''. Dans un communiqué, le chef de la Mission de l'ONU au Mali (Minusma), Mongi Hamdi, a condamné une «attaque odieuse et lâche», indiquant dans un communiqué que parmi les blessés se trouvaient «deux experts internationaux travaillant avec le Service des Nations unies de lutte contre les mines (UNMAS) de la Minusma», sans donner leur nationalité. Cette attaque a aussi suscité plusieurs réactions d'indignation à travers le monde. Le président français, François Hollande a dénoncé «avec la plus grande force le lâche attentat» et va «offrir l'aide de la France» au président malien Ibrahim Boubakar Keïta. Le président Hollande, s'est par ailleurs entretenu, avec le président du Mali au sujet de l'attentat de Bamako. «Il lui a fait part du soutien total de la France dans la lutte contre le terrorisme», a indiqué l'Élysée dans un communiqué. «Les deux présidents ont examiné les modalités de la coopération sur l'enquête en cours. Ils ont également décidé de mesures communes pour renforcer la sécurité au Mali», a indiqué la présidence française. Le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a présenté ses condoléances aux victimes de l'attaque, appelant les ressortissants français «à la prudence et à suivre attentivement les recommandations de notre ambassade à Bamako». L'attaque terroriste perpétrée à Bamako, faisant cinq morts et plusieurs blessés, ne fait que renforcer «notre détermination à aider à lutter contre le terrorisme dans la région», a affirmé, pour sa part la Haute représentante pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Federica Mogherini. «Il est essentiel que toutes les communautés au Mali, autochtones comme étrangères, puissent vivre en paix et sécurité», a réagi Mme Mogherini, réaffirmant «l'engagement entier» de l'UE à soutenir le peuple malien dans ces heures difficiles. La chef de la diplomatie européenne a assuré que l'Union travaillera aux côtés des autorités maliennes pour assurer que les auteurs de ces crimes soient portés devant la justice. Ces actes, a-t-elle poursuivi, ne peuvent que renforcer l'importance de parvenir à la conclusion d'un accord de paix au Mali afin de garantir que la loi, l'ordre et la sécurité soient respectés dans l'ensemble du pays. L'Union européenne va continuer d'apporter son soutien à ces efforts à travers l'ensemble des instruments à sa disposition, a conclu la haute représentante.