Un cinquantenaire accompagné de sa femme et de sa sœur était venu d'Agadir pour rendre visite à sa mère et attendait un taxi en plein centre de ville. Le taxi tardait à venir en raison de ces estafettes bondées de jeunes supporters rajaouis survoltés et qui fêtaient à leur manière ce but de victoire advenu aux ultimes secondes du match. Les forces de l'ordre escortaient ces estafettes d'où jaillissaient à chaque tournant des fumigènes et même des jets de pierres tirant dans le tas. Et le drame advint quand un tir tendu de l'un de ces engins pyrotechniques toucha le cinquantenaire en lui explosant en pleine gorge lacérant pharynx et veines jugulaires. La victime tomba raide et le sang gicla sur la chaussée : une cruelle scène qui terrorisa les passants du boulevard Moulay Youssef et surtout les dames qui accompagnaient la victime. L'ambulance tardant à venir car bloquée par les embouteillages de la sortie du stade, des volontaires ont transporté la victime dans leur voiture personnelle, mais le cinquantenaire succomba à sa profonde blessure à son arrivée aux urgences. Des témoins oculaires qui étaient assis dans un café rapportèrent qu'ils avaient assisté à cette scène tragique : ils virent un supporter casablancais ouvrir la porte coulissante d'une estafette et lancer des fusées dont l'une toucha ce citoyen en pleine zone jugulaire. Des témoins coururent même derrière cette estafette, mais le chauffeur accéléra. Sitôt, la nouvelle de la mort de ce citoyen qui n'avait rien à voir avec ce match et même avec le football circula dans la ville, la condamnation de cet agissement agressif et irresponsable fut spontanée et générale et tous interpellèrent les instances concernées pour que cesse cette violence gratuite et injustifiée dans nos stades et dans leurs environnements. Le supporter casablancais fut vite arrêté par la police locale et il sera certainement jugé, mais on verra certainement des dirigeants casablancais affluer à Khouribga pour défendre leur supporter et même payer une caution et les mêmes agissements criminels continueraient.... Le texte de loi n°09-09 prévoit des sanctions contre les fauteurs de troubles et le durcissement des peines contre ceux qui en sont les instigateurs. Dans son article 316-1, le texte indique qu'«est puni de l'emprisonnement de 1 à 5 ans et d'une amende de 1.000 à 20.000 DH, quiconque participe à des actes de violence lors ou à l'occasion de compétitions ou de manifestations sportives ou de leur retransmission en public, au cours desquels ont été commis des faits ayant entraîné la mort», mais rares sont les procès qui aboutissent... Et malgré l'existence de ces textes, les terrains de football sont devenus de véritables lieux de bataille, où l'on s'en prend même aux forces de l'ordre. Le plus inquiétant c'est que la violence est le fait de mineurs, souvent instrumentalisés et utilisés pour introduire des armes dans les stades. Le fumigène est une arme criminelle et allumer un fumigène ou le lancer ciblant des personnes, ce n'est pas tout à fait la même chose. Nous avions sur ces mêmes colonnes appelé les autorités compétentes à des contrôles routiers de ces estafettes de transport des supporters où tout se trame, où rien n'est légal : transport clandestin (véhicules non autorisés et souvent sans papiers), dépôt d'armes « criminelles » (longs couteaux, matraques, projectiles fumigènes, grosses pierres et pavés...), espace d'écoulement de psychotropes et de toutes sortes de drogues. Ces estafettes, danger public flagrant, faut-il le rappeler encore une fois, traversent plusieurs barrages de contrôle sans être inquiétées car transportant des supporters et elles sont même escortées et protégées. A Khouribga comme dans toutes les villes du pays, on a interpellé toutes les instances concernées pour réprimer ou prévenir cet hooliganisme fantasmé ou ce vandalisme voyou qui fait à chaque fois des victimes et même des morts, mais à chaque fois, les mesures prises sont sommaires et superficielles et donc sans lendemain et sans efficacité aucune. Il y a comme une sorte de « peur » pour affronter ce phénomène, avancent certains observateurs, peur de quoi ? La réponse à cette question appelle à l'ouverture d'un débat franc, sincère et honnête, un débat où tout doit être dit sans considérations sournoises et hypocrites car tous les clubs et tous les supporters doivent être traités sans complaisance, ni serviabilité, ni servilité. A Khouribga, une famille pleure son mort qui fut victime d'un projectile criminel, un projectile qui a « voyagé » de Casablanca à Khouribga, un projectile qui a tué ! Les citoyens qui avaient assisté à cette scène horrible ont tous crié : « On ne veut plus de ce sport qui tue dans les enceintes sportives et même en dehors !!! ».