Le Maroc a le privilège de disposer de deux façades maritimes longues de 3.500 km dont plus de 500 sur la Méditerranée et un peu moins de 3.000 km sur l'Atlantique. Ce littoral important de par son étendue, son rôle stratégique dans le développement économique et touristique, et ses attraits récréatifs, esthétiques et culturels, constitue un élément spécifique de l'environnement national. Ainsi, la zone côtière concentre les principales agglomérations du pays, les densités démographiques les plus élevées, les réseaux d'infrastructures et de communication les plus denses ainsi que les principales activités économiques. Cependant, ce milieu est confronté à des problèmes complexes, pouvant à terme, et en absence de prise en considération des impacts du développement sur l'environnement, compromettre son équilibre écologique déjà partiellement atteint. Une originalité géographique Le littoral marocain couvre 13 des 16 régions du Royaume. La partie méditerranéenne est parfois fortement accidentée, avec des baies encadrées de promontoires. Le système montagneux rifain est directement en contact avec le littoral. La côte atlantique juxtapose des secteurs bas et des espaces de falaises. Sur le plan climatique, le littoral se caractérise par une diversité importante : climat subhumide, entre Tanger et Rabat, semi-aride, entre Casablanca et Safi, aride, entre Essaouira et Tiznit et saharien, entre Tarfaya et Lagouira. Les cours d'eau qui se jettent dans l'océan ou en Méditerranée présentent des caractères hydrologiques très marqués par de gros débits en saison pluvieuse, un débit annuel très variable et, bien souvent, une longue période d'étiage. Des caractéristiques biologiques et écosystémiques, mais des pressions anthropiques Le littoral abrite un patrimoine environnemental riche et varié et les divers milieux physiques et écosystèmes de grande valeur y sont représentés tels que les écosystèmes forestiers à Arganier, les écosystèmes dunaires, ceux des zones humides, les écosystèmes steppiques et les falaises côtières. De tous les pays du Nord de l'Afrique, le Maroc est pratiquement le plus riche en zones humides. Il recèle de grandes lagunes et de nombreux estuaires. Son climat rend ses écosystèmes aquatiques très productifs, assurant de la nourriture à une avifaune variée durant toute l'année. Quatre zones humides autour d'une lagune ou d'un lac ont été inscrites dans la liste de RAMSAR en 1980 : la réserve de Sidi Boughaba (Mehdia), la Réserve de Merja Zerga (Moulay Bousselhem), la Réserve de Khnifiss (Tarfaya) et celle d'Afennourir (Moyen Atlas). On peut également citer l'estuaire de Tahaddart, entre Tanger et Asilah, celui de l'Oued Loukkos, la lagune de Nador, celle de Oualidia, l'embouchure de Oued Massa et la baie de Dakhla. Ces écosystèmes recèlent une flore et une faune riches et diversifiées, avec des espèces menacées d'extinction telles que le Goéland d'Audouin ou le Phoque Moine, d'où l'intérêt de la création de parcs nationaux tels que celui de Souss-Massa et d'Al Hoceima. Les eaux du littoral marocain sont également réputées pour être très poissonneuses avec environ 250 espèces d'animaux marins. Le Maroc est un pays maritime dont le littoral est un atout stratégique majeur dans le développement socio-économique et humain du pays. Ce développement ne pourra se faire sans l'adoption de nouveaux systèmes de gouvernance tels que proposés dans l'approche de Gestion Intégrée des Zones Côtières (GIZC). Il est donc nécessaire de mettre en oeuvre le projet de loi relative à la protection et à la mise en valeur du littoral. En effet, le littoral marocain est actuellement régi par une pluralité de textes fragmentaires, souvent très anciens, non dissuasifs, appliqués de manière non coordonnée par de nombreuses institutions. Pour mettre en exécution l'approche GIZC, (Projet GIZC- Coté Méditerranée avec l'appui de la Banque MondialeEtude d'impact environnementale et sociale du projet GIZCMANUEL DES OPERATIONS) le Département de l'Environnement entreprend diverses actions et projets, en collaboration avec ses partenaires aux niveaux local, national, régional et international. Parmi ces projets, le Programme d'Aménagement Côtier-PAC a pu initier un processus GIZC, orientant les efforts communs vers un programme de protection, d'aménagement intégré et de développement durable de la zone du PAC couvrant les communes littorales des provinces de Chefchaouen et d'Al Hoceima. Un Programme d'Aménagement Côtier du Rif central ou PAC-Maroc Le Programme d'Aménagement Côtier du Rif central ou PAC-Maroc, a pour objectifs de préserver les ressources naturelles et culturelles de la zone du PAC et de contribuer au développement de la population locale sur des bases respectueuses des valeurs naturelles et culturelles. Le projet est structuré en cinq composantes : -La coordination et le pilotage institutionnel au niveau national et local ; -Une activité fédératrice porteuse de la stratégie de développement durable ; -Des activités thématiques axées sur le tourisme durable, la protection des sites sensibles naturels et la valorisation du patrimoine historique et culturel ; -Des activités transversales ou fonctionnelles comprenant le système d'information, l'analyse de durabilité, la sensibilisation et la participation ; -Des activités après-projet (suivi-évaluation). La réalisation du PAC a conduit à élaborer de nombreuses productions internes dont des études et rapports. -(Dakki (2005) : Etude de faisabilité du Programme d'Aménagement côtier au Maroc: Ministère de l'Aménagement du Territoire, de l'Eau et de l'Environnement. Direction de la Surveillance et de la Prévention des Risques. 111 pages). -Rapport de l'atelier de sensibilisation et de préparation (Fès, le 14 février 2006) -Accord relatif au Programme d'Aménagement Côtier pour la zone côtière du Rif central marocain (29 Octobre 2007) Au moment du lancement du PAC, le volet « Tourisme durable » faisait l'objet d'un projet en cours intitulé : Projet «Destinations» relatif à la définition de stratégies pour un tourisme durable dans les pays méditerranéens et concernait la zone d'Al Hoceima. Ce projet a été intégré au PAC et étendu à la zone de Chefchaouen. Il a pour objectif de promouvoir une planification et une gestion durables du tourisme dans les zones côtières du Sud méditerranéen en : -Introduisant des outils d'aide à la décision concourant à une gestion efficace des destinations touristiques au Maroc, en Tunisie et en Algérie ; -Préparant des directives qui permettront aux promoteurs touristiques d'évaluer la durabilité de leurs investissements en termes de risques environnementaux et de valeur ajoutée pour les collectivités locales ; -Renforçant les capacités des promoteurs, décideurs et autres groupes cibles pour l'utilisation des outils précités ; -Sensibilisant au tourisme durable. Lutte contre la pollution de la Marchica La lagune de Nador, connue aussi sous le nom de Marchica, est l'une des plus importantes lagunes de la mer Méditerranée. C'est un écosystème qui présente une forme ovale avec une superficie de 115 km2. Ce milieu lagunaire est séparé de la mer Méditerranée par un cordon littoral dunaire très fragile de 25 km de long. Intérêt du site La lagune de Nador est un site d'intérêt biologique. Elle est classée site RAMSAR depuis 2005. Les principales caractéristiques de ce site sont : -Grande diversité d'habitats pour la flore et la faune ; -Seul site marocain avec certaines espèces marines gravement menacées (posidonies, grandes nacres); -Zone de repos, de nidification et/ou d'hivernage d'oiseaux rares ou d'intérêt mondial; -Importantes ressources halieutiques. Sources de pollution La lagune de Nador a été classée « Hotspot » de pollution en Méditerranée par le Plan d'Action pour la Méditerranée. Les principales sources de pollution sont liées aux : -Dysfonctionnements du système de collecte et de traitement des effluents liquides et des déchets solides sur le bassin versant; -Pollutions d'origine agricole (herbicides, pesticides, intrants azotés et phosphatés, sédimentation importante liée à la dégradation des sols...) ; -Pollutions liées aux activités industrielles, portuaires et minières (en particulier par les métaux lourds). Conscients de cette situation, le Secrétariat d'Etat chargé de l'Eau et de l'Environnement, le Ministère de l'Intérieur, l'Agence de Développement de l'Oriental et la société de développement de la lagune (Marchica-Med) ont signé, devant Sa Majesté le Roi le 9 juillet 2010 à Nador, une Convention relative à la dépollution et la protection de l'environnement de la lagune de Marchica. La contribution financière du Secrétariat d'Etat chargé de l'Eau et de l'Environnement s'élève à 37,5 millions de dirhams du montant global du projet qui est de 75 millions de dirhams :