L'Italie serait prête à participer à une force de l'ONU pour lutter contre une «menace terroriste active» en Libye, a déclaré, vendredi 13 février, le ministre des Affaires étrangères italien, Paolo Gentiloni. M. Gentiloni a déclaré que l'Italie soutenait les efforts de l'émissaire spécial des Nations unies, qui cherche à amener à la table des négociations les parties en guerre dans l'ancienne colonie italienne. Mais, a-t-il ajouté, si les discussions devaient échouer, l'Italie «est prête à combattre, naturellement dans le cadre d'une mission internationale.» «Nous ne pouvons accepter l'idée qu'il y a une menace terroriste active à seulement quelques heures de l'Italie par bateau», a dit le ministre. La situation en Libye, déjà chaotique, «est en train de se détériorer». L'Italie, a-t-il ajouté, «ne peut pas sous-estimer la possibilité d'une attaque par les jihadistes de Da'ech. Un groupe, qui a fait allégeance à Da'ech, a récemment enregistré plusieurs succès. Une bande de jihadistes de Da'ech s'est, en effet, emparé d'une radio située au centre de la ville libyenne de Syrte, à 500 km à l'est de la capitale, Tripoli. Les Da'echiens ont installé leur quartier général au siège de la radio. Des photos publiées par des sites djihadistes montrent des hommes armés assis devant les micros d'une radio. Selon un habitant de Syrte, les terroristes « Ils diffusent des versets du Coran ou des discours du chef de Da'ech, Abou Bakr al-Baghdadi ». Les jihadistes ont fait irruption dans les locaux de la station radio, le 12 février, après que les membres de Ansar al-Sharia eurent prévenu les stations d'interrompre leur programmation musicale, selon un porte-parole qui a requis l'anonymat. Par ailleurs, samedi 14 février, une bombe a explosé sur un oléoduc dans la région pétrolière du Sarir, dérangeant le chargement de pétrole vers les côtes. Chaos et pénurie de pain Livrée aux milices, la Libye est plongée dans le chaos depuis la chute de son ancien raïs Mouammar Kadhafi au terme de huit mois de conflit en 2011. Derna, une place forte historique des islamistes radicaux, située à 1300 km à l'est de Tripoli, entre Benghazi et la frontière égyptienne, est devenue le fief des partisans de Da'ech, selon des experts. Transformée en «émirat islamique», elle accueille des combattants étrangers depuis 2011, notamment pour des entraînements avant de rejoindre l'Irak ou la Syrie. Les Libyens vont devoir revoir à la baisse leur consommation de pain. Jusqu'ici subventionnée grâce à l'argent du pétrole, la production de cet aliment de base est en baisse en raison des violences dans le pays. Alors que les forces loyales au gouvernement libyen reconnu par la communauté internationale ont progressé au sud de Benghazi, vendredi 13 février, les craintes d'une pénurie de blé dans les deux ou trois prochains mois sont de plus en plus grandes. Les combats ont provoqué le chaos en Libye, limitant notamment les exportations de pétrole, la production passant de 1,6 million de barils par jour sous Khaddafi à 350.000 aujourd'hui. Conséquence de la chute des revenus pétroliers, la Libye pourrait épuiser ses réserves de blé d'ici deux a trois mois en raison de sa forte consommation de pain. Sous Khaddafi, en effet, la production de cette denrée était subventionnée grâce aux revenus issus de l'or noir. Mais la manne financière liée au pétrole n'est plus aujourd'hui suffisante pour perpétuer ce système et certaines boulangeries de Tripoli ont été contraintes de fermer. 21 coptes égyptiens enlevés Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a ordonné, le 12 février, l'évacuation immédiate des Égyptiens qui résident actuellement en Libye voisine et souhaitent rentrer chez eux, après que des militants de Da'ech ont revendiqué l'enlèvement de 21 Coptes égyptiens, rapportent des sources locales. Lors d'un entretien avec les familles des otages, le ministre égyptien des Affaires étrangères, Ibrahim Mahlad, a assuré aux familles qu'ils recevront « de bonnes nouvelles dans les prochaines 48 heures ». Le ministère des Affaires étrangères a également réitéré son avertissement aux voyageurs concernant la Libye, et a conseillé à ses ressortissants de rester vigilants et à l'écart des zones de tension. La déclaration a été annoncée à la suite de la dernière publication de Dabiq, le magazine de propagande de Da'ech, qui a exposé des photos d'un groupe d'Égyptiens en combinaisons orange, apparemment enlevés. Un communiqué du bureau du président Sissi assure que l'Égypte suit de très près les développements concernant l'enlèvement des 21 Coptes chrétiens égyptiens qui ont été pris d'assaut au cours de deux raids à Syrte, en Libye, en décembre et en janvier. Un comité spécial est chargé d'assurer le retour des Égyptiens enlevés et « suit l'affaire minute après minute, employant des efforts constants pour tenter de négocier avec les parties libyens et clarifier la situation afin de connaître la vérité», révèle le communiqué. Pour sa part, l'Etat islamique a confirmé que les hommes ont été capturés en signe de vengeance pour l'enlèvement de femmes musulmanes par l'Église copte égyptienne. Surnommant les otages de «croisés coptes», Da'ech affirme que des femmes chrétiennes égyptiennes qui se sont converties à l'islam ont été «torturées et assassinées» par l'Église copte orthodoxe.