La Turquie fait pression sur Facebook. La justice turque a ordonné à l'entreprise américaine d'interdire les pages dont le contenu constitue une "insulte" à l'image du prophète Mahomet et menacé d'interdire l'accès au réseau social en Turquie s'il n'obtempérait pas, ont rapporté lundi les médias turcs. Rendue dimanche soir, l'injonction du tribunal d'Ankara a été communiquée à l'autorité administrative en charge des télécommunciations (TIB) et aux fournisseurs d'accès, a précisé l'agence de presse gouvernementale Anatolie. Il y a quinze jours, un tribunal de Diyarbakir avait déjà interdit la diffusion sur internet la reproduction d'une caricature du prophète publiée par l'hebdomadaire satirique français Charlie Hebdo après l'attaque jihadiste qui l'a visé le 7 janvier, faisant 12 morts. "Je suis Charlie" Une enquête judiciaire a par ailleurs été ouverte à Istanbul contre deux journalistes du quotidien d'opposition Cumhuriyet qui avaient illustré leurs éditoriaux par le même dessin de Mahomet, jugé outrageant dans le monde islamique. Sur ce dessin de Luz, un Mahomet la larme à l'oeil tient une pancarte "Je suis Charlie", le slogan des millions des manifestants qui ont défilé en France et à l'étranger pour condamner les attaques jihadistes qui ont fait 17 morts en trois jours à Paris. Youtube et Twitter ont déjà été bloqués L'hiver dernier, le gouvernement islamo-conservateur avait déjà bloqué momentanément l'accès aux réseaux sociaux YouTube ou Twitter pour y empêcher la diffusion d'enregistrements pirates de conversations téléphoniques mettant en cause l'actuel chef de l'Etat Recep Tayyip Erdogan et son entourage dans un scandale de corruption. Ces décisions ont valu à Erdogan, à la tête de la Turquie depuis 2003, de vives critiques dans le monde entier. Le pouvoir turc avait dans la foulée fait voter une loi facilitant le blocage administratif des sites internet mais ce texte avait été censuré par la Cour constitutionnelle. Des députés du parti au pouvoir viennent toutefois de déposer au Parlement un amendement à un projet de loi fourre-tout qui autoriserait le Premier ministre et certains ministres à fermer un site, sans décision de justice, au nom de la sécurité nationale et de la protection de la vie privée. Ce nouveau texte doit être discuté cette semaine en séance plénière à l'Assemblée.