Cela fait des années que l'actrice Faten Hamama s'est éloignée des écrans, grand et petit, après avoir consacré plus d'un demi-siècle à servir le cinéma puis la télévision. Elle est devenue une véritable icone du cinéma arabe compte tenu de son engagement précoce dans le domaine réservé en principe aux adultes. Son cas est identique à celui de l'actrice américaine Shirley Temple qui a commencé sa carrière à l'age de cinq ans puis devenue très vite une enfant-star que les Américains ont adoptée à l'unanimité. Hamama (littéralement le pigeon), elle aussi a volé très haut au point d'atteindre les stars les plus lointaines. Enfant-star aussi, elle intégra le cinéma à l'age de sept, pour faire déjà face à la vedette de la chanson Mohamed Abdelouahab dans le légendaire "Yaoum Said", film-culte que les historiens du cinéma arabe ont hissé au rang des classiques et que les chaines diffusent et rediffusent inlassablement jusqu'à aujourd'hui. La vie de Faten Hamama se confond avec le cinéma égyptien puisqu'elle a joué à différentes époques sous la direction des cinéastes les plus prestigieux de son pays notamment Youssef Chahine, Salah Abou Seif, Henri Barakat, Azeddine Doulfaqar, Mahmoud Doulfaqar, Said Marzouq, Mohamed Karim,... ce dernier étant une sorte de Cecile B. De Mille, grâce à lui le film musical égyptien avait finalement imposé ses règles et ses codes. Très jeune, elle devient l'actrice fétiche de Chahine qui la sollicita pour ses films les plus marquants des années 50 et 60 notamment "Les eaux noires", "Ciel d'enfer", "Le grand bouffon", "Le fils du Nil". Sa rencontre à cette époque sur le plateau avec Michel Shalhoub, de confession chrétienne, plus jeune qu'elle mais amoureux fou de l'actrice et attachée à elle jusqu'à changer son nom en Omar Charif, est un signe de la personnalité, de la beauté, du charisme, de la célébrité et du snobisme même de l'actrice consciente de son statut de star. On regrette amèrement que la vedette internationale qu'il est devenu, Omar Sharif, tienne maladroitement des propos aujourd'hui quasi mensongers à l'égard de son ex-épouse, qui, pour lui, Faten (littéralement la séductrice), n'était que le moyen d'atteindre la célébrité et bénéficier régulièrement de rôles dans les films, elle qui arrivait déjà à imposer ses partenaires aux cinéastes à l'instar des grandes vedettes de l'écran. On a du mal à croire l'acteur qui, "depuis "Lawrence d'Arabie", multipliait les fléchettes à l'adresse des mythes même n'épargnant ni Clint Eastwood, ni Greegory Peck. Quant à Faten Hamama, sa présence suffisait à donner aux films toutes leurs ampleurs et aux cinéastes toutes leurs légitimités aussi jeunes soient-ils. Que de cinéastes débutants se sont imposés sur la scène grâce à elle qui ne croyait pas d'age aux talents. On ne peut non plus oublier ses nombreux rôles dans des films à caractère féministe à un moment où les régimes politiques arabes démontraient une nette réaction négative à l'égard des conditions féminines ne reconnaissant en rien l'émancipation et les droits des femmes à disposer d'elles mêmes. Dans "Je veux une solution" (Ouridou Hallan) comme dans "L'appel du courlis" (Al Haram), elle mène une bataille sans merci pour arracher ses droits de femme en dénonçant les codes pénaux largement complices en faveur de ceux qui les ont établis. Avec son physique frêle, sa voix à peine perçue, son éternel énervement, Faten Hamama incarnait la femme militante qui ne recule en rien face aux menaces et intimidations des hommes qui ont tout intérêt à maintenir la femme dans son statut d'être secondaire. Enfin le Maroc peut être fier d'avoir accueilli le tournage du film "Sables d'or" en 1966 que Youssef Chahine a coproduit avec le Liban, l'Egypte et l'Espagne et où Faten Hamama tient le rôle principal enveloppée dans un djellaba aux couleurs locales, film qui donne ses premières chances à jeune chanteur du nom de ...Abdelouahab Doukkali.