France, Belgique, Allemagne, Grèce, Autriche. En dix jours, les interpellations contre des terroristes présumés se sont multipliés partout en Europe. Les opérations les plus importantes ont été menées en France dans la foulée de trois jours d'attentats parmi les plus sanglants de l'histoire du pays. Dimanche matin, neuf personnes étaient toujours en garde à vue. Mais ce qui marque, c'est l'accélération de ces coups de filet depuis les massacres commis par les frères Kouachi et Amedy Coulibaly. Jeudi et vendredi, les forces de l'ordre belges ont mené une vaste opération menant à l'interpellation de 15 personnes dont deux en France. Les premiers éléments de l'enquête tendent à prouver que les terroristes présumés -dont deux sont morts pendant l'assaut à Verviers- projetaient de s'en prendre à des policiers et songeaient à enlever une figure publique pour l'exécuter devant une caméra. Par ailleurs, en Allemagne, la police a procédé à une dizaine de perquisitions au sein de la "mouvance islamiste" vendredi matin à Berlin. Elle a arrêté un "ressortissant turc de 41 ans", mais a précisé n'avoir pas d'indice permettant d'affirmer que les personnes visées préparaient "des attentats en Allemagne". Samedi, c'est en Grèce que des policiers ont arrêté des supposés djihadistes. Les arrestations se sont déroulées en milieu de journée dans un quartier central d'Athènes. Des téléphones portables ont été saisis. Dans un premier temps, il a semblé que le cerveau présumé de la cellule belge, Abdelhamid Abaaoud dirigeait et finançait la cellule depuis la Grèce où son téléphone avait été localisé. Mais dimanche, le parquet a annoncé qu'aucun lien n'avait finalement été relevé. Enfin, vendredi, la police autrichienne a interpellé à Vienne un jeune Turc de 14 ans qui avait disparu mardi alors qu'il se trouvait sous contrôle judiciaire pour avoir voulu faire exploser une bombe dans un lieu public. Arrêté une première fois le 28 octobre, l'adolescent se réclamant du djihadisme avait reconnu avoir cherché à fabriquer une bombe pour commettre un attentat à Vienne. En raison de son jeune âge, il avait été relâché au bout de deux semaines et placé sous contrôle judiciaire. Une entente impossible? Dès les attentats en France, Donald Tusk, président du conseil européen, avait annoncé la tenue d'un sommet européen le 12 février à Bruxelles. "L'Union européenne ne peut pas tout faire, mais elle peut contribuer à renforcer notre sécurité", a expliqué Donald Tusk. Il a notamment rappelé la mise en place du mandat d'arrêt européen après les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis. "Mais nous devons faire plus", a assuré le président du Conseil européen. Il a appelé le Parlement européen à "accélérer son travail sur la proposition de directive européenne ‘PNR' (Passenger Name Record), qui peut aider à détecter les déplacements de personnes dangereuses". Ce projet de registre européen des données des passagers est bloqué depuis 2011 par le Parlement européen. Les responsables de droite comme de gauche en France réclament également la mise en place immédiate de ce registre. D'autres chantiers restent en friche, comme celui de la création d'un fichier européen des combattants étrangers. Les règles en matière de fichage diffèrent entre les pays, tout comme la collecte des preuves de leur engagement dans les mouvements islamistes. "Les services de lutte antiterroristes préfèrent travailler en bilatéral ou en petit groupe", souligne Camille Grand, directeur de la fondation pour la recherche stratégique, au quotidien français Les Echos. "Avant même de mutualiser le renseignement, il faut l'acquérir, et ce travail opérationnel se fait sur le terrain, pas dans des structures bureaucratiques", souligne l'eurodéputé français Arnaud Danjean, interrogé par La Tribune de Genève. Pour l'heure, l'Europe continue d'avancer en ordre dispersé. On estime à 3000 le nombre d'Européens partis faire le djihad en Syrie.