La Fondation du Festival du Cinéma Africain de Khouribga (FFCAK) organisa samedi dernier au complexe culturel un vibrant hommage à feu Mohamed Bastaoui auquel furent invités les membres de sa famille dont sa veuve Souad Nejjar, ses enfants, son frère lui aussi artiste plasticien et une pléiade de comédiens, de réalisateurs et de critiques qui avaient vécu et senti les humeurs et les haleines les plus profondes du défunt dans les confins de l'art dramatique national. Après la lecture de versets du coran, M. Noureddine Sail, président de la FFCAK, a félicité Souad Nejjar, la veuve du défunt, d'avoir vécu avec un bel homme qui avait un regard perçant, un regard profond, un regard exceptionnel car il était lui-même exceptionnel. M. Abdelhak Kamal, un compagnon de l'enfance théâtrale de Bastaoui et au nom de la troupe locale « Association Annasr de théâtre et de musique » où le défunt avait fait ses débuts, il présenta ses vives condoléances Hassan Rais, critique de l'art, s'adressa au défunt à travers un mélodrame nocturne de l'ami Echoubi où il est l'accusé et Hassan Rais l'avocat et le chef d'accusation est l'édition d'un livre... Mohamed Echoubi, larmes aux yeux, pleura son « grand frère » à qui il jura fidélité et pour lui, feu Si Mohamed ne sera jamais mort et restera parmi ses compagnons de troupe à jamais. Le réalisateur Kamal Kamal a lu un hymne de reconnaissance en hommage à cet homme qui nous a laissé un perpétuel trésor. Le frère du défunt, artiste-peintre, insista sur la lettre de condoléances royale dans laquelle Bastaoui fut qualifié de martyr et rappela que son frère était un ami qui lui apprit sincérité, fidélité, dévouement et humilité. Ainsi, tout comme beaucoup de jeunes de Khouribga, feu Si Mohamed Bastaoui avait immigré un temps pour l'Italie. Mais comme quelque chose lui manquait, il revint au pays, sans doute l'odeur et les mouvances du plancher de la scène l'ensorcelaient, l'envoûtaient, le hantaient... Décrit donc comme autodidacte et perfectionniste, Bastaoui avait débuté en 1977 à « Dar Chabab » de Khouribga et il avait tout appris sur la planche de « Masrah Al Yaoum » à la fin des années 80. Ensuite et après avoir interprété les meilleures pièces du catalogue marocain, il fonda avec son alter égo Mohamed Khouyi la troupe « Masrah Achams », puis il se tourna vers le cinéma et la télévision. Toutefois, c'est bien dans des rôles de paysan que Bastaoui va connaître le succès, notamment dans des séries télévisées, comme « Oulad Ennas », « Jnane Lkarma » ou « Oujaâ Trab ». Au fil des années, le comédien a su varier son registre tout en gardant ce timbre d'authentique ould lablad, ould chaâb. Ce géant de la comédie marocaine, a ainsi su crever l'écran dans « Adieu Forain » de Daoud Aoulad Syad (1998) et « En attendant Pasolini » (2008).Sa filmographie compte une dizaine d'œuvres productions nationales et internationales dont « Taif Nizar » (2001) de Kamal Kamal, « Mille mois » (2003) de Faouzi Bensaidi, « Mains rudes » de Mohamed Asli pour lequel Bastaoui avait reçu le prix de premier rôle masculin en 2012, « Taza » de Daniel Gervais et dernièrement dans L'orchestre des aveugles de Mohamed Mouftakir. Dors en paix Bastaoui, toute Khouribga t'a aimé, tout le Maroc t'aimé !