Une grande majorité d'Algériens sont sceptiques sur la capacité de leur pays à surmonter la crise née de l'effondrement des prix du pétrole, selon un sondage en ligne réalisé par le quotidien "Liberté". Ils sont 70 pc à croire que le gouvernement de leur pays ne dispose pas des moyens pour affronter le plongeon de l'or noir, qui s'accapare avec le gaz près de 97 pc du commerce extérieur algérien, indique "Liberté". Un total de 4.875 internautes a donné une réponse négative à la question de savoir si "l'Algérie est en mesure de faire face à la crise générée par la chute des prix du pétrole". Seulement 26 pc d'Algériens, soit 1.834 internautes, restent confiants dans la capacité des autorités à dépasser la crise, alors que 2 pc sont sans opinion, d'après les résultats du sondage publiés mercredi. Face aux inquiétudes nourries par les citoyens, le Premier ministre Abdelmalek Sellal a accordé, la veille, une interview à l'agence officielle APS pour rassurer l'opinion publique quant à la poursuite des engagements sociaux de son gouvernement, notamment le maintien de l'embauche dans certains départements, alors qu'il avait annoncé le gel complet des recrutements dans la fonction publique pour 2015. Selon des estimations non officielles, le plongeon du pétrole coûterait aux caisses de l'Etat des pertes de quelque 18 milliards de dollars en 2015, dans le cas idéal où le baril se stabiliserait autour de 70 dollars. Alors que les experts prévoient, en moyenne, des prix entre 60-65 dollars aux court et moyen termes, l'Algérie a besoin d'un baril de plus de 100 dollars pour maintenir ses équilibres budgétaires et préserver sa position financière extérieure, sérieusement fragilisée dès l'année dernière par la diminution des recettes Un mort et plusieurs blessés parmi les manifestants contre le schiste Par ailleurs, une personne a été tuée et plusieurs autres blessées dans la répression des manifestations contre l'exploitation du gaz de schiste dans l'extrême-sud de l'Algérie, a indiqué mardi le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD, opposition). "La descente aux aurores, le jour d'El Mouloud, des gendarmes a fait un mort en la personne du jeune Mohamed El Noui, plusieurs blessés et des dizaines d'arrestations", relate le parti dans un communiqué mis en ligne. Le RCD condamne "avec la plus grande fermeté la répression qui s'abat sur les populations du Sud", avertissant sur "les périls qui pèsent sur la nation à cause d'une politique qui redistribue la richesse nationale en fonction des rapports de forces construits et entretenus par les clans au pouvoir". Pour la formation de centre-gauche, "la stratégie de répression-corruption a fait son temps" et "seule une scène publique assainie et restituée à la transparence et l'arbitrage citoyen peut éviter le pire à la nation". Depuis une semaine, plusieurs actions sont organisées dans la région de Tamanrasset, distante de quelque 2.000 km de la capitale Alger, en particulier à In Salah où a été inauguré le premier puits expérimental. Les habitants de cette région, qui affirment inscrire leur mouvement dans la durée, formulent de nombreuses inquiétudes quant aux effets néfastes du gaz de schiste sur la santé publique et l'environnement. L'activité est quasiment paralysée dans la ville d'In Salah, située à près de 700 km au nord de Tamanrasset, chef-lieu de la wilaya. Plusieurs centaines de citoyens ont planté des tentes et tiennent quotidiennement des rassemblements devant le siège de cet arrondissement, qui doit recevoir mercredi la visite d'une importante délégation ministérielle. Dans la ville de Tamanrasset, plus de 400 étudiants ont manifesté, ce mardi, dans le siège de la wilaya, avant de se disperser "dans le calme", selon l'agence APS. Des médias électroniques rapportent que les services de sécurité, tous corps confondus, sont en état d'alerte maximale pour faire face à tout débordement des manifestations anti-gaz de schiste. Le ministre algérien de l'Energie, Youcef Yousfi, a annoncé, la semaine dernière, le succès du forage pilote de gaz de schiste dans le bassin d'Ahnet, à In Salah, avec des réserves de 200.000 milliards de m3 de gaz, dont 10 pc peuvent en être extraites. Confrontée à la baisse drastique des prix du pétrole, l'Algérie est tout aussi préoccupée par le tarissement de ses ressources d'hydrocarbures, précipitant ainsi l'orientation vers le gaz de schiste, en dépit de l'opposition des populations, des experts et des écologistes.