Le ministre de l'éducation nationale et de la formation professionnelle, Rachid Belmokhtar, a affirmé que le nouveau projet éducatif (vision 2030) a pour objectif de transformer l'école marocaine en vue d'offrir à tous les citoyens une formation de qualité, susceptible de les habiliter à élargir leurs horizons pour contribuer efficacement à la formation du capital humain dont le pays a besoin tout en s'ouvrant sur des principes universels.« Une nouvelle école pour le citoyen de demain » est le logo choisi pour mobiliser autour de l'école publique basée sur les principes suprêmes de la Nation, particulièrement la Constitution du pays qui stipule que l'enseignement est un droit fondamental, que l'Etat, les établissements publics et les collectivités territoriales œuvrent à la mobilisation de tous les moyens disponibles pour faciliter l'égale accès des citoyennes et des citoyens aux conditions leur permettant de jouir du droit à une éducation moderne, accessible et de qualité ( Article 31) et que l'enseignement fondamental est un droit de l'enfant et une obligation de la famille et de l'Etat (Article 32). La Vision 2030 devrait donc permettre de transformer l'école marocaine pour offrir, de manière équitable, à tous les citoyens une formation de qualité qui permet de s'inscrire, dans une approche dialectique, dans l'universel tout en respectant les fondements et les constantes sacrées de la Nation. Les contours du nouveau projet appelé à insuffler un nouveau souffle à l'école publique marocaine est conçu selon cinq finalités essentielles, consolider le degré d'appartenance, une connaissance fondamentale, la prise en compte du capital social, de l'ambition individuelle et des besoins économiques pour le développement du pays. Le ministère a rendu public les mesures prioritaires pour la dynamisation de ce projet qui porte sur neuf axes d'intervention, déclinés en en 23 projets relatifs notamment à l'acquisition des apprentissages fondamentales (Lire, écrire, s'épanouir), la maitrise de la langue arabe et des langues étrangères, la fusion de l'enseignement et de la formation professionnelle tout valorisant la formation professionnelle, au développement de l'initiative de la prise du risque, de l'ouverture individuelle par la consolidation des compétences transversales, l'amélioration de l'offre scolaire, l'encadrement éducatif, la gouvernance, la moralisation de l'école et la valorisation de l'élément humain et de la compétitivité de l'entreprise dans la formation professionnelle. Le ministre, qui a prévu de présenter le nouveau projet, en marge des travaux des conseils d'administration des académies, a souligné que les mesures adoptées pour la maitrise de la langue arabe portent sur l'adoption d'un nouveau programme lors des 4 premières années du cycle primaire, la définition des seuils pour le passage d'un cycle à un autre pour mettre fin à cette aberration de déclarer « réussis » des élèves avec 3 et 4 sur 20, le renforcement des langues étrangères au secondaire collégial et le changement du modèle de l'enseignement tout en généralisant le baccalauréat international.La fusion entre l'enseignement publique et la formation professionnelle nécessitera la qualification des établissements scolaires, l'adoption du principe des écoles partenaires, la promotion de l'enseignement préscolaire, la dynamisation de l'encadrement éducatif à travers le renforcement de l'encadrement et la formation par la pratique et la révision de la formation initiale des enseignants et la restructuration des CRMEF (Centres Régionaux des Métiers de l'Education et de la Formation). Le ministre a indiqué que des études, les conclusions des rencontres de consultation avec les différents intervenants dans le système éducatif, ont montré des malgré les efforts consentis, le système de l'enseignement souffre encore de plusieurs dysfonctionnements relatifs comme la déperdition scolaire, le décrochage, l'encombrement le nombre élevé des classes à niveaux multiples, l'état des infrastructures, la faible maitrise des langues, l'intégration difficile de la vie professionnelle, le déficit en ressources humaines et la faiblisse de l'implication des acteurs locaux. Un diagnostic alarmant qui nécessite une thérapie de choc. Mais l'espoir est de mise, vu certaines avancées concernant l'élargissement du baccalauréat marocain (option française) pour englober l'ensemble des académies, l'instauration du baccalauréat professionnel dans les domaines de l'industrie automobile, l'aviation et l'agriculture pour créer une adéquation entre le système de l'enseignement et le milieu économique et lancer des expériences pilote en anglais (Rabat, Casablanca et Tanger) et en espagnol (Tétouan et Nador). Un projet qui a le mérite d'être clair, d'identifier les véritables défis et de proposer des solutions réalisables. Mais le grand défi de ce projet, comme d'ailleurs toutes les réformes engagées antérieurement, est d'assurer l'implication des vrais acteurs du système, à savoir les enseignants. Trop de directives, de circulaires, de changements de cap...ont créé un climat de méfiance pour ne pas dire délétère, renouer la relation avec les enseignants, valoriser leur travail en tant qu'acteurs principaux, écouter leurs doléances pour les remobiliser s'avère nécessaire. C'est un climat de confiance à restaurer pour dépasser certaines tensions crées artificiellement auparavant. Les poches de résistance au changement existent partout, surtout dans le ministère lui-même, Belmokhtar réussira-t-il à les contourner ? Il en a la compétence, aura-t-il le courage ?