Sous la houlette de Vladimir Poutine, la Russie a lancé un vaste programme de modernisation de ses armées. Entre 2004 et 2013, son budget de la défense a plus que doublé pour devenir le troisième au monde, derrière ceux des États-Unis et de la Chine. Cet effort continu a profité aux entreprises russes d'armement, dont les ventes ont progressé de 20 % en 2013, à 31 milliards de dollars, souligne l'Institut international de recherche pour la paix de Stockholm (Sipri) dans son étude annuelle sur les 100 premiers groupes de défense dans le monde. Il s'agit d'un record postsoviétique.Les groupes russes, souligne le Sipri, ont exporté pour 8,23 milliards de dollars de matériels militaires, profitant de la forte demande sur leurs marchés traditionnels: Inde, Chine, Azerbaïdjan et Syrie. Une estimation que contestent les experts russes dont la méthodologie diffère de celle du Sipri. «Le chiffre réel est compris entre 14 et 15 milliards de dollars. La Russie exporte de manière stable. Je pense qu'il n'y aura pas de croissance en 2014 et en 2015, à moins qu'un très gros contrat ponctuel avec l'Inde ne modifie la donne», souligne Igor Korotchenko, directeur du centre d'analyse russe du commerce mondial des armes. Il estime que la détérioration des relations entre la Russie et l'Occident n'aura pas d'impact sur les exportations d'armes. «Il est trop tôt pour lire l'impact des sanctions américaines et européennes sur l'activité des groupes russes mais ils pourraient avoir plus de difficultés à accéder aux technologies de défense avancées occidentales», souligne le Dr Aude Fleurant, directeur de programme au Sipri.Le «dynamisme» russe a permis de freiner la baisse du chiffre d'affaires des 100 premiers groupes d'armement mondiaux. Au total, leurs ventes ont reculé de 2 %, à 402 milliards de dollars, par rapport à 2012 (-3,9 %). Ultradominants - 69 groupes sur 100 - les Américains ont malgré tout connu une nouvelle baisse (- 4,5 %) de leurs ventes. «Cette tendance n'est pas due à la décrue - relative - des dépenses militaires depuis 2011 en raison du Budget Control Act, mais avant tout à la baisse du budget des opérations extérieures (Opex) liée au retrait des troupes américaines d'Afghanistan et d'Irak», souligne Aude Fleurant. Le Congrès américain a cependant voté, le 12 décembre, en faveur d'une hausse de 10 % du budget de la défense 2015 à 577 milliards de dollars dont près de 64 milliards pour les Opex, notamment pour entraîner les forces irakiennes et les rebelles syriens. Les Lockheed Martin, Boeing, Northrop Grumman, Raytheon... et des sociétés de services militaires telles que KTR (Groupe Halliburton) devraientêtre les premiers à en bénéficier. Ils devraient aussi récolter les fruits de leurs efforts à l'exportation où ils sont en compétition frontale avec les Européens. Globalement, ces derniers ont vu leurs ventes se stabiliser en 2013. «Malgré la stabilité du budget de la défense en France, Thales et DCNS ont progressé en gagnant des contrats exports», souligne Aude Fleurant. Thales, première entreprise française du Top 100 du Sipri, a même gagné une place au 10e rang, derrière Airbus DS, classé au 7e rang.