Les dirigeants palestiniens, qui promettent depuis plusieurs semaines une offensive diplomatique majeure, semblent sur le point de passer à l'acte. Ils annoncent vouloir déposer dans les tout prochains jours, au Conseil de sécurité de l'ONU, un projet de résolution exigeant la fin de l'occupation israélienne et fixant, à cet effet, une date butoir. Cette démarche a été immédiatement rejetée par le premier ministre israélien. «Nous n'accepterons pas les tentatives visant à nous imposer des mesures unilatérales alors que l'islamisme radical se propage dans le monde entier», a déclaré Benyamin Nétanyahou. Les responsables israéliens, farouchement opposés à toute internationalisation des pourparlers sur le conflit au Proche-Orient, espèrent que leur allié américain opposera son veto à cette résolution. «Jusqu'à présent, les États-Unis ont contré toutes les initiatives unilatérales qui allaient à l'encontre des intérêts fondamentaux de l'État d'Israël, et nous espérons qu'ils persévéreront dans cette voie», confie un diplomate israélien. Les Palestiniens, soutenus par les États membres de la Ligue arabe, espèrent de leur côté que Washington acceptera de s'abstenir. «À l'heure où l'Administration américaine s'appuie sur une large coalition de pays arabes dans sa lutte contre l'État islamique, personne ne comprendrait qu'elle fasse échouer notre démarche», dit un responsable palestinien. Paris prône un changement de méthode Face à ce dilemme, les États-Unis se sont pour l'heure abstenus de faire connaître leur position. Mais ils ont laissé entendre que celle-ci, non automatique, dépendra du texte soumis au Conseil de sécurité. La mouture préparée à Ramallah, qui appelle «au retrait de la totalité des territoires occupés depuis 1967» d'ici à novembre 2016 et réclame un régime de protection internationale pour le peuple palestinien, leur semblera sans doute inacceptable. Mais il n'est pas exclu qu'ils laissent adopter un texte plus «équilibré», sur lequel la diplomatie française travaille depuis plusieurs semaines dans l'espoir de relancer le processus de paix. Ce projet de résolution appelle à la reprise des négociations sur la base des paramètres connus - coexistence de deux États dans les frontières de 1967, avec Jérusalem pour capitale, moyennant le règlement du problème des réfugiés -, mais leur assignerait une durée maximale de deux ans. Passé ce délai, et en l'absence d'accord, la France a indiqué qu'elle reconnaîtrait l'État de Palestine. Laurent Fabius a par ailleurs proposé que ces pourparlers soient lancés à l'occasion d'une conférence internationale. Il espère ainsi marquer un changement de méthode, après vingt et un ans d'un huis clos largement infructueux entre Israéliens, Palestiniens et Américains. Les négociations en vue de parvenir à un texte de consensus doivent se poursuivre mardi à Londres, où John Kerry rencontrera Saeb Erekat, le négociateur en chef de l'OLP (Organisation de libération de la Palestine), ainsi que le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil al-Arabi. Pour l'heure, ni les Israéliens ni les Palestiniens n'ont officiellement pris position sur l'initiative française. Les premiers, qui viennent d'entrer en campagne électorale, aimeraient en obtenir l'ajournement jusqu'à la formation du prochain gouvernement. Les seconds, sous forte pression de leur opinion publique, insistent au contraire pour que le délai imparti aux négociations soit aussi court que possible. Un sentiment d'urgence que renforce la récente aggravation des violences à Jérusalem et en Cisjordanie. «La tension est forte, reconnaît-on au département d'État, et personne ne veut voir l'actuelle escalade déboucher sur une explosion.» Une Palestinienne vend du raisin sur une place de Jérusalem-Est pendant la retransmission du discours de Mahmoud Abbas devant l'Assemblée générale des Nations Unies le 26 septembre.