Avec la disparition tragique de Abdellah Baha, ministre d'Etat et secrétaire général adjoint du Parti Justice et Développement (PJD), décédé dimanche dans un accident ferroviaire près de Bouznika, le paysage politique national perd un homme politique sage ayant réussi, au fil des épreuves, à forcer le respect de ses pairs, lesquels, éplorés, garderont de lui l'image d'un homme d'Etat au calme olympien. Né en 1954 dans la commune d'Ifrane Atlas Saghir (province de Guelmim), feu Baha, du haut de sa sagesse, était pour ses proches «l'homme de l'ombre, du consensus, du dialogue et des équilibres». Ses qualités humaines et professionnelles ont fait de lui un théoricien de grand acabit et une référence incontournable dans la planification de l'avenir de sa formation politique et de la trajectoire de ses organisations parallèles. En fin connaisseur des arcanes de la sphère politique nationale, le regretté était le recours de tous au sein du parti au moment où les divergences atteignaient leur paroxysme. Loin d'être un carriériste, feu Baha, a constamment contribué, au sein du parti de la lampe, à dégripper des situations des plus critiques, fort en cela de son discernement avéré et son flegme unique. Pour Mohamed Darif, professeur des sciences politiques à l'Université Hassan II de Mohammedia, Abdellah Baha est perçu comme une personnalité s'étant vaillamment évertuée à préserver les équilibres au sein du PJD, dont il est vice-secrétaire général depuis 2004. Il y était aussi une force de proposition dans la mesure où il était à l'origine de certaines dispositions du mémorandum du parti relatif au projet de la Constitution 2011. Feu Baha avait occupé les postes de vice-président de la Chambre des représentants (2007), chef du groupe PJD (2003/2006) et président de la Commission de la justice, de la législation et des droits de l'Homme (2002/2003). Après des études secondaires, le défunt rejoint l'Institut agronomique et vétérinaire Hassan II à Rabat où il décrocha en 1979, le diplôme d'ingénieur agronome. Il a été député de la circonscription de Rabat-Chellah pour trois mandats consécutifs, à compter des législatives de 2002. Le regretté a pris part à plusieurs étapes politiques, notamment au sein du Mouvement unicité et réforme (MUR), dont il était membre du bureau exécutif, avant de rejoindre le parti d'Abdelkrim Al Khatib vers la fin des années 1990. De l'avis de plusieurs observateurs et analystes politiques, Abdellah Baha était une figure de proue du parti et l'un des rouages essentiels dans le cercle fermé de ses décideurs. Le défunt, qui est toujours, du moins souvent, resté loin des feux de la rampe, est présenté par la plupart de ses confrères comme étant un homme visionnaire, un planificateur sage et un fin stratège du parti, des qualités qui lui ont valu le respect de tous et une place de choix au sein de sa formation politique, dont il a été l'un des fondateurs en 1996. Feu Abdellah Baha a été également directeur de publication du quotidien «Attajdid» et des publications «Al Islah» et «Arraya».