Le président russe Vladimir Poutine effectuait lundi une visite en Turquie pour évoquer les questions énergétiques et commerciales entre les deux pays, qui, malgré des différences sur les crises en Syrie et en Ukraine, sont décidés à renforcer leur coopération. M. Poutine, accompagné de nombreux ministres, sera reçu dans l'après-midi par son homologue Recep Tayyip Erdogan dans son tout nouveau, luxueux et très controversé palais présidentiel pour un entretien en tête-à-tête suivi d'une réunion de la commission de coopération bilatérale de haut niveau. Des accords de coopération doivent être signés par les deux dirigeants, qui s'adresseront ensuite à la presse aux alentours de 15H00 GMT. Selon une source officielle turque, la rencontre de lundi devrait également faire avancer les discussions engagées par Ankara pour obtenir un rabais sur le prix de ses importations de gaz naturel russe, qui représentent 60% de son approvisionnement. Le gouvernement islamo-conservateur turc a également demandé à Moscou une augmentation de ses livraisons de gaz. Gazprom a d'ores et déjà promis d'en fournir 30 milliards de mètres cubes cette année contre 26,7 milliards en 2013. La Turquie arrive au deuxième rang des clients du gaz naturel russe, après l'Allemagne. La coopération énergétique est une priorité des deux pays. Moscou a décroché le contrat pour la fabrication de la première centrale nucléaire russe, pour un montant de 20 milliards de dollars. Le projet a connu des soucis techniques mais le premier des quatre réacteurs devant être opérationnel d'ici 2020, selon Ankara. Le montant des échanges commerciaux bilatéraux a atteint 32,7 milliards de dollars en 2013. Sûres d'elles, les deux capitales se sont fixé l'objectif ambitieux de le tripler pour lui faire atteindre rapidement la barre des 100 milliards. «Relations stables» Depuis plusieurs années, la Turquie, membre de l'Otan, et la Russie de M. Poutine, ont noué d'étroites relations commerciales, malgré de sérieuses divergences diplomatiques sur des sujets aussi sensibles que la guerre en Syrie et la crise en Ukraine. Moscou reste l'un des derniers soutiens du régime du président Bachar al-Assad, devenu à l'inverse la bête noire d'Ankara qui milite de longue date pour son départ. La Turquie a par ailleurs condamné l'annexion de fait par la Russie de la province ukrainienne de Crimée et exprimé ses craintes pour sa minorité tatare turcophone. Les deux pays, dont ces deux crises ont nettement tendu les relations avec les pays occidentaux, continuent toutefois à entretenir des liens étroits. «Les relations entre la Turquie et la Russie restent stables, maintiennent leurs cours et ne dépendent pas de la situation actuelle», a déclaré avant sa visite Vladimir Poutine à l'agence gouvernementale turque Anatolie. Le dirigeant russe a admis que les positions des deux Etats «ne peuvent pas être exactement les mêmes sur certains dossiers ou peuvent diverger» mais jugé cela «naturel pour des pays menant une politique étrangère indépendante». De nombreux commentateurs ont souligné les nombreuses ressemblances de Recep Tayyip Erdogan, 60 ans, et Vladimir Poutine, 62 ans. Les deux dirigeants sont charismatiques, ambitieux et dénoncés par leurs opposants pour leurs pratiques jugées autoritaires. Et ils ont réussi à se faire élire à la tête de leur pays malgré de forts mouvements de contestation.