L'Assemblée nationale débatait, vendredi 28 novembre, d'une résolution invitant le gouvernement à reconnaître l'Etat palestinien, avant un vote, mardi 2 décembre. Une discussion très encadrée, qui n'a duré qu'une heure et quart à l'initiative du groupe socialiste. Le texte devrait être approuvé par une majorité de députés. A quoi sert le vote de cette résolution ? Le texte soumis au vote des députés, mardi dernier, et qui sera également débattu au Sénat le 11 décembre, est une résolution non-contraignante pour le gouvernement. Ses auteurs invitent le gouvernement «à reconnaître l'Etat de Palestine en vue d'obtenir un règlement définitif du conflit» au Proche-orient et jugent que «la solution des deux Etats, promue avec constance par la France et l'Union européenne, suppose la reconnaissance de l'Etat de Palestine aux côtés de celui d'Israël». S'il était adopté, le texte n'obligerait pas le gouvernement à effectivement reconnaître l'Etat palestinien, geste qui serait lui-même symbolique. Mais cette démarche est de plus en plus envisagée comme un moyen de faire pression sur Israël pour relancer les négociations. «Le vote de cette résolution est éminemment symbolique, mais il peut en déclencher d'autres et permettre à François Hollande, en tant que chef de la diplomatie, de prendre des initiatives au niveau européen», a espéré le député Benoît Hamon dans une interview à Metronews. Le Parlement britannique, le Sénat irlandais et le Congrès des députés espagnols ont récemment approuvé des textes similaires à celui proposé par les députés PS, et la Suède est devenue, le 30 octobre, le premier pays à reconnaître la Palestine, en étant membre de l'Union européenne. Le gouvernement a donné son aval à la démarche des parlementaires, mais «n'est pas lié» par leur décision, a rappelé le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius, qui plaide pour une reconnaissance «utile» à un règlement du conflit, et pas simplement symbolique. En France, qui est pour et qui est contre ? Le texte est présenté par les députés socialistes, mais une dizaine d'entre eux ne l'a pas signé, notamment Armand Jung, président du groupe d'amitié France-Israël, et le maire de Sarcelles (Val-d'Oise), François Pupponi, commune qui abrite une forte population de confessions juive et musulmane. A gauche, la résolution est soutenue par les écologistes et le Front de gauche, qui avaient déposé leurs propres textes. La reconnaissance de la Palestine rencontre en revanche l'opposition d'une grande partie de l'UDI et de l'UMP, même si ce dernier parti répartira son temps de parole, vendredi, entre un orateur favorable et deux défavorables au texte. Principal argument du chef de file du groupe UMP, Christian Jacob : une telle question diplomatique relève du «domaine réservé de l'exécutif». En meeting, mardi, Nicolas Sarkozy a, lui, appelé à voter contre «une reconnaissance unilatérale quelques jours après un attentat meurtrier, et alors qu'il n'y a aucun processus de paix». Enfin, le Front national est divisé sur la question : Gilbert Collard votera contre le texte mais Marion-Maréchal Le Pen a annoncé qu'elle l'approuverait. «Au FN, nous sommes pour la reconnaissance d'un Etat palestinien parce que nous estimons que cette reconnaissance donnera des droits, mais aussi des devoirs et des moyens pour lutter notamment contre le terrorisme» a-t-elle expliqué. Quels pays ont déjà pris cette décision ? Si elle reconnaissait la Palestine, la France ne serait pas minoritaire, loin de là. La Suède est devenue, fin octobre, le 135e Etat à le faire. La liste inclut la quasi-totalité des pays du Moyen-Orient, d'Asie, d'Afrique et d'Amérique du Sud, comme le montre cette carte du site Quartz, mais aussi un certain nombre de pays européens comme la Roumanie, la Hongrie ou la Pologne qui l'avaient reconnue avant leur entrée dans l'Union européenne. Paris soutient un calendrier de deux ans pour aboutir à un règlement La France soutient un calendrier de deux années pour aboutir à un règlement définitif du conflit israélo-palestinien, a déclaré vendredi le chef de la diplomatie Laurent Fabius, au moment où les Palestiniens s'apprêtent à demander à l'Onu la fin de l'occupation israélienne en 2016. «Aux Nations Unies, nous travaillons avec nos partenaires pour essayer de faire adopter une résolution du Conseil de sécurité en vue d'une relance et d'une conclusion des négociations pour laquelle le terme de deux années est le plus souvent évoqué. Et le gouvernement français peut reprendre ce chiffre à son compte», a déclaré Laurent Fabius lors d'un débat à l'Assemblée sur la reconnaissance de l'Etat palestinien