Le ministre finlandais des Affaires étrangères, Erkki Tuomioja, a indiqué que son pays n'exclut pas la possibilité de reconnaître la Palestine comme un Etat indépendant. «Je considère la reconnaissance de l'Etat palestinien comme une possibilité. S'il y avait un accord de paix, ce serait très clair», a souligné le chef de la diplomatie finlandaise dans une interview publiée vendredi par le quotidien finlandais +Demokraatti+. Selon M. Tuomioja, la reconnaissance pourrait donner un nouvel élan au processus de paix entre les Palestiniens et Israéliens et pousser les deux parties à parvenir à un accord de paix durable. «Si le processus de paix n'avance pas, il faut réfléchir si la reconnaissance de la Palestine aurait un effet dans ce sens et si elle soutiendrait le modèle de deux Etats,» a-t-il dit. Le haut responsable finlandais a relevé, en outre, que l'essentiel est d'exercer une forte pression sur les parties au conflit en vue de revenir à la table des négociations et mettre en place la solution de deux Etats, déplorant le fait qu'Israël «est devenu un pays divisé et dominé par la droite». Ces nouvelles déclarations du ministre finlandais des Affaires étrangères, qui ouvrent la voie à une éventuelle reconnaisse par son pays de l'Etat de Palestine, représentent un changement de la position officielle de son pays. Il y a deux semaines, le président finlandais Sauli Niinisto avait indiqué que Helsinki n'envisage pas de suivre la position suédoise, mais soutient le statut spécial obtenu par l'Autorité nationale palestinienne auprès de l'ONU. Au cours des derniers jours, plusieurs voix en Finlande se sont élevées pour demander au Premier ministre Alexander Stubb de suivre l'exemple de son homologue suédois, Stefan L?fven, qui a décidé de reconnaître formellement l'Etat de Palestine. La Ligue verte, le Parti social-démocrate de Finlande et l'Alliance de gauche, trois des huit principaux groupes parlementaires, ont souligné que cette reconnaissance va aider les Palestiniens et Israéliens à multiplier les efforts en vue de trouver un règlement définitif et durable au conflit au Moyen Orient. La Suède est devenue jeudi le premier pays occidental de l'Union européenne à reconnaître officiellement la Palestine comme un Etat indépendant. Reconnaître la Palestine : Et si c'était au tour de la France ? «Lorsqu'il ne se passe rien sur place, on ne parvient pas à convaincre de l'urgence du dossier, et lorsque c'est l'embrasement, on nous dit que ce n'est pas le moment. Et bien voilà, nous, nous avons décidé que c'est le moment». La sénatrice écologiste Esther Benbassa, qui vient, avec les sénateurs de son groupe EELV, de déposer une résolution demandant la reconnaissance par la France de la Palestine, est loin de découvrir le dossier israélo-palestinien. La spécialiste de l'histoire du judaïsme, qui a vécu un temps en Israël, se revendique militante du camp de la paix. «Israël doit exister», soulignait-elle jeudi matin au Sénat. «Mais dans ses frontières, pas dans des frontières messianiques», expliquait-elle. Les sénateurs souhaitent, disent-ils, que «le gouvernement français reconnaisse sans délai l'Etat palestinien souverain et démocratique sur la base des frontières de 1967 avec Jérusalem comme capitale des deux Etats». Une proposition de résolution qui intervient quelques jours après le vote par la Grande-Bretagne d'un texte allant dans le même sens et alors même que la Suède a, jeudi, officiellement reconnu la Palestine comme un Etat à part entière. Il s'agit du 135è pays à reconnaître officiellement la Palestine comme un Etat. «Une résolution n'est pas une décision» a tenu à préciser Esther Benbassa. «Nous attendons des pourparlers négociés entre les deux parties, nous ne souhaitons en aucun cas nous substituer à ces deux Etats qui doivent enfin se mettre sérieusement autour d'une table», a-t-elle affirmé jeudi matin, soulignant l'existence de certains obstacles à l'aboutissement rapide d'un accord : «Tant que le Hamas ne reconnaîtra pas Israël, il ne pourra pas y avoir de réel accord de paix. Mais en tant qu'historienne, je sais voir les choses dans la durée», a souligné la sénatrice. «L'OLP n'est-elle pas passée d'un mouvement terroriste à des costumes cravates autour d'une table ?» Pression israélienne Du côté israélien à Paris, cette résolution n'a pas soulevé grand enthousiasme. Le service politique de l'ambassade a envoyé un mail à l'ensemble des sénateurs jeudi matin pour souligner combien «une déclaration de reconnaissance unilatérale (...) durcirait les positions de chacune des parties», assurant qu'alors «les chances de compromis s'éloigneront encore davantage», prenant appui sur une tribune de l'ancien Premier ministre espagnol José María Aznar qui appelait dans le «Times» le 25 octobre à ne pas reconnaître la Palestine. L'ambassadeur d'Israël en France aurait d'ailleurs sollicité un entretien auprès de Gérard Larcher, président du Sénat, pour plaider sa cause. «Il y a des pressions très fortes», a confirmé Esther Benbassa. «Mais cette résolution est capitale. Je crois aux symboles. Et l'adoption par les sénateurs d'une résolution demandant à la France de reconnaître la Palestine en serait un très fort. Faut-il attendre la prochaine guerre pour se réintéresser à ces pays ?», a souligné la sénatrice. Reste à obtenir que cette résolution soit placée à l'ordre du jour. «Nous devons négocier avec les autres sensibilités sinon cela n'ira pas très loin», a concédé Esther Benbassa, soulignant avoir eu d'ores et déjà des retours positifs de radicaux de gauche, de certains socialistes ou encore de membres de l'UDI