« Aoualou al ghaït katrah », un adage arabe qui stipule que le début de l'averse est une goutte. Cela a commencé par l'initiative, sans précédent pour un pays d'Europe occidentale, du Premier ministre suédois, Stefan Löfven, qui avait annoncé, au début du mois passé octobre, la reconnaissance par le Royaume de Suède de l'Etat de Palestine. Une dizaine de jour après, le 13 octobre, par le vote d'une motion, la Chambre des communes du Royaume-Uni enjoignait le gouvernement britannique à suivre la voie suédoise. Dans la foulée, Paris a emboîté le pas à Stockholm en réitérant « l›»urgence» de faire progresser la solution des deux Etats Israël/Palestine et souligné qu›»il faudrait bien, à un moment, reconnaître l›Etat palestinien». Il est urgent de faire progresser la solution des deux Etats, et d›aboutir à l›établissement d›un Etat de Palestine vivant dans la paix et la sécurité aux côtés d›Israël», a déclaré le porte-parole du Quai d›Orsay, Romain Nadal, invité à réagir à la décision suédoise. Et en attendant que l'axe Paris-Londres concrétise ses vœux, voilà que Helsinki entre en ligne et annonce son intention de reconnaitre l'Etat de Palestine. Par la voix de son chef de la diplomatie, la Finlande n'exclut plus la possibilité de reconnaître la Palestine comme un Etat indépendant. «Je considère la reconnaissance de l'Etat palestinien comme une possibilité », avait souligné M. Erkki Tuomioja, pour qui l'essentiel est d'exercer une forte pression sur les parties au conflit en vue de revenir à la table des négociations et mettre en place la solution de deux Etats, déplorant le fait qu'Israël «est devenu un pays divisé et dominé par la droite». Et pourtant, le président finlandais Sauli Niinisto avait indiqué que Helsinki n'envisageait pas de suivre la position suédoise, sauf que la pression de trois des huit principaux groupes parlementaires a été la plus forte et a poussé Helsinki à réviser sa position. La Ligue verte, le Parti social-démocrate de Finlande et l'Alliance de gauche, se sont ligués pour demander au Premier ministre Alexander Stubb de suivre l'exemple de son homologue suédois. Voilà déjà un pays de l'UE qui a reconnu officiellement l'Etat Palestine, et trois autres sont sur la voie de le faire. Sans oublier que plusieurs autres Etats européens avaient déjà reconnu l'Etat Palestine avant qu'ils n'intègrent l'UE. Il s'agit de la République tchèque, la Hongrie, la Pologne, la Bulgarie, la Roumanie, Malte et Chypre. Pour rappel, quelque 135 pays ont déjà reconnu l'État de Palestine. Ces « premières » reconnaissances de l'Etat Palestine, et surtout l'avalanche d'autres reconnaissances qui risque de s'en suivre, ne sont pas, bien sûr, pour plaire...aux USA avant Israël. Washington, qui n'arrive plus à dissimuler son opposition à l'établissement d'un Etat palestinien, use de tous les moyens pour détourner les Palestiniens de toute démarche qui viserait la fin de l'occupation. La dernière initiative US consiste en une offre de M. Kerry qui proposerait, au négociateur en chef palestinien Saëb Erakat, des «solutions intermédiaires» pour dissuader les Palestiniens de réclamer à l'ONU la fin de l'occupation israélienne. Le comble de l'ironie ou du cynisme. Car, que pourrait-on offrir à quelqu'un d'occupé pour le convaincre de rester sous occupation ? La paix peut-être? Mais quand Washington et Tel-Aviv parlent de processus de paix, il faudrait surtout entendre qu'il s'agit de paix pour Israël et personne d'autre. Pour les Palestiniens, le processus de « paix », initié il y a une vingtaine d'années déjà, n'équivaut qu'à l'élargissement ininterrompu des colonies israéliennes en territoires palestiniens, qu'à la confiscation des terres de Palestiniens, qu'à la démolition des maisons de Palestiniens, qu'à l'appauvrissement des populations palestiniennes, qu'à la répression et l'emprisonnement de Palestiniens et surtout à l'emmurement de ces populations palestiniennes par la construction de la muraille de « séparation ». Mais comme le trop de chose peut mener à son contraire, le trop d'injustice subit par le peuple palestinien commence à éveiller les consciences de par le monde. D'où l'élargissement de la vague de reconnaissances de l'Etat Palestine et l'isolement, qui commence à pointer, de plus en plus de l'axe Tel-Aviv/ Washington. Pour preuve, le dernier vote d'une Résolution contre l'embargo américain sur Cuba à l'Assemblée Générale de l'ONU. Une Résolution qui a recueilli l'appui de 181 pays membres contre deux, États-Unis et Israël. Même si la Résolution n'est pas contraignante pour les États-Unis, elle démontre à qui veut le voir que l'axe USA / Israël est de plus bien isolé au sein de la communauté internationale.