Le Maroc organise l'un des forums sur les droits de l'Homme les plus importants de l'histoire. Cinq mille associations, 92 pays y participent. Marrakech, pendant quatre jours, est la Mecque des militants des droits humanitaires. C'est un fait qui consacre une démarche, des choix, des réalisations, sûrement imparfaites, mais crédibles. Huit organisations marocaines ont choisi de boycotter l'événement., voire pour certaines le saborder. On y retrouve les irréductibles de l'Amazighité, Al Adl Wal et Ihssan dont la pensée politique nie l'individu et qui ne fait qu'instrumentaliser les droits humains, une organisation qui est pour la peine de mort et qui ne lutte que pour avoir pignon sur rue, sans se soumettre aux lois en vigueur, et surtout l'AMDH. Dans ce conglomérat, l'Association Marocaine des droits de l'Homme est la plus grande inconnue. C'est une association qui, de fait, n'a plus rien à voir avec les droits de l'homme parce qu'elle est assujettie à un courant politique qui rêve de renverser la monarchie, qui soutient le Polisario et qui se considère toujours comme un outil révolutionnaire marxiste-léniniste. Des positions qui ont leur place dans une démocratie quand c'est le parti d'Annahj qui les porte. Mais utiliser, instrumentaliser le combat pour les droits humains à travers l'AMDH est une escroquerie. Cependant ce n'est pas la seule incongruité ni le seul biais, il y a pire. L'AMDH met en avant, pour justifier son boycott, la déclaration du ministre de l'Intérieur sur les financements étrangers, colossaux selon les chiffres qui circulent, les interdictions de manifestations publiques. Sur le premier point, les militants du PADS ont quitté l'AMDH en excipant du refus de la direction de toute transparence sur l'utilisation des fonds recueillis. Sur le second point, l'AMDH vient d'être réconfortée par un jugement du tribunal administratif qui a considéré comme illégale l'interdiction d'une action publique. Les institutions fonctionnement donc dans le sens de l'affirmation des droits humains. L'objectif du boycott est donc politicien et n'a rien à voir avec la lutte pour les droits de l'homme. Il faut saper toute tentative de récolter un quelconque bénéfice pour le régime par l'organisation d'un forum aussi important sur son sol. Driss Elyazami, a explicitement déclaré que ce forum était ouvert à toutes les associations sans aucune condition, y compris à celle d'Aminatou Haidar la séparatiste. Ils auraient pu y participer et défendre leurs points de vue, dénoncer les manquements aux droits de l'Homme, les insuffisances de la transition marocaine. Ils auraient été dans leur rôle. L'ADMH a préféré s'inscrire dans une mélasse qui la dépasse. Une chaîne française, publique pourtant, se prépare à les accompagner et à faire des reportages avec les familles des victimes des années de plomb. Exit l'IER et l'exemplarité de cette expérience de justice transitionnelle. Les refuzniks ont décidé d'organiser des caravanes, des sit-in. Il est évidement que ce sont les zélotes d'Al Adl Wal Ihssan qui fourniraient les troupes. Or, à part les libertés politiques, que défendent-ils? L'argent étranger, les manœuvres de parties étrangères, le contrôle des islamistes irréductibles, c'est la masse peu flatteuse dont l'AMDH veut d'être la vedette. On a connu plus belle fin pour une organisation militante.