La violence s'est déchainé lundi soir à Ferguson, après l'annonce par le grand jury de la relaxe du policier accusé du meurtre de Michael Brown, jeune noir de 18 ans abattu en août dernier. Les émeutes raciales suivant des «bavures» policières sont monnaie courante aux Etats-Unis. Six ans après son élection, Barack Obama est rattrapé par la question noire. Un problème qui hante l'Amérique depuis la fin de la ségrégation il y a cinquante ans. Des émeutes du ghetto de Watts en 1965 à la toute récente affaire de Ferguson, c'est à chaque fois le même scénario qui se profile: à l'origine, une altercation policière plus ou moins meurtrière qui dégénère en révolte de la communauté noire. Plus de 2.000 soldats de la Garde nationale ont sillonné mardi soir les rues de Ferguson aux Etats-Unis pour prévenir une nouvelle nuit d'émeutes au lendemain du non-lieu prononcé dans l'affaire Michael Brown.A la nuit tombée, plusieurs dizaines de manifestants se sont rassemblés aux cris de «Pas de justice, pas de paix!» près du commissariat de cette commune de la banlieue de St Louis, dans le Missouri. Au moins deux personnes refusant de quitter les lieux ont été interpellées. L'onde de choc consécutive à l'annonce dela décision du grand jury de ne pas poursuivre le policier responsable de la mort d'un jeune Noir américain à Ferguson a continué à se propager, mardi 25 novembre. Des manifestations protestant contre ce que beaucoup considèrent comme un déni de justice ont été organisées dans plusieurs villes des Etats-Unis, mardi soir. La chaîne américaine CNN a dénombré 37 Etats dans lesquels des manifestations étaient organisées pour réclamer justice en faveur de Michael Brown, tandis qu'à Fergusonle dispositif militaire a été renforcé pour éviter que la situation ne dégénère à nouveau. Les manifestations sont restées pacifiques, mardi soir, ici à Boston, devant Wall Street, à Washington ou encore à Atlanta où la police anti-émeute a toutefois été mobilisée et cinq personnes arrêtées. «Justice pour Ferguson» L'un des rassemblements majeurs s'est tenu à New York, où les manifestants ont bloqué la circulation dans le quartier de Times Square et du Lincoln Tunnel, qui joint Manhattan au New Jersey. Deux organisateurs des mouvements ont été arrêtés. Un autre groupe de manifestants s'était donné rendez-vous à Union Square, dans le sud de Manhattan, avant de commencer à marcher dans les rues en changeant sans cesse de direction pour échapper au contrôle de la police. Parmi les manifestants, se trouvaient des étudiants de la City University of New York (CUNY), des membres du Parti vert de Brooklyn ou encore des associations de gauche et des anarchistes. «La prison pour les policiers meurtriers!», «Nous demandons justice pour Ferguson», pouvait-on lire sur certaines de leurs pancartes. « Si nous laissons cela impuni, un jour cela risque de nous toucher aussi. Il est temps que quelqu'un fasse quelque chose », estimait un jeune manifestant d'origine mexicaine. Lundi, deux personnes avaient été arrêtées à New York pour agression contre les forces de l'ordre, dont l'un pour avoir envoyé de la peinture rouge sur le chef de la police Bill Bratton. Barack Obama appelle à un débat constructif après Ferguson Barack Obama a invité mardi les Américains à engager un débat «constructif» sur les tensions raciales et le maintien de l'ordre aux Etats-Unis en réponse au drame de Ferguson, tout en promettant la fermeté contre les fauteurs de troubles. Le président américain, en déplacement à Chicago pour un discours sur l'immigration, s'est exprimé pour la deuxième fois en deux jours sur les événements qui secouent la petite ville du Missouri. Un grand jury a décidé lundi de ne pas engager de poursuites contre le policier blanc qui a abattu le jeune Noir Michael Brown en août dernier. La décision a déclenché une nuit d'émeutes. «Incendier des bâtiments, brûler des voitures, détruire des biens, mettre des personnes en danger, tout cela est destructeur et inexcusable. Ce sont des actes criminels. Et ceux qui commettent des actes criminels doivent être poursuivis en justice», a déclaré Barack Obama. Les émeutes de Ferguson ont relancé le débat sur les tensions raciales aux Etats-Unis, obligeant le président démocrate à apaiser les esprits tout en esquissant des réponses sur le traitement par la police des minorités. Barack Obama a ainsi annoncé que son ministre de la Justice Eric Holder organiserait une série de réunions à travers le pays pour améliorer la confiance entre communautés. «Les frustrations que nous avons vues ne sont pas seulement un incident isolé. Elles sont profondément enracinées dans de nombreuses communautés de couleur qui ont le sentiment que nos lois ne sont pas toujours appliquées de manière uniforme ou équitable», a-t-il dit. S'adressant à ceux qui profiteraient du drame de Ferguson pour se livrer à des violences, il a ajouté: «Je n'ai aucune sympathie pour ceux qui détruisent leurs propres communautés.» Le gouverneur du Missouri, Jay Nixon, a ordonné l'envoi de renforts de la Garde nationale pour empêcher de nouvelles violences à Ferguson, une ville de la. banlieue de St Louis.