Tragi-comique, le récent rapport de Human Right Watch (HRW) sur la situation des Droits humains dans les camps de la honte de Tindouf, en Algérie. Ou l'art de reconnaître, du bout des lèvres, que les Polisariens et leurs parrains algériens piétinent allégrement les droits des habitants des camps de Tindouf, mais uniquement pour mieux tordre le coup à cette atroce réalité, que l'on s'empresse d'amoindrir, et ramener le sujet au Maroc. Après tout, le Royaume n'est-il pas le pays ou les membres de HRW ont toujours été libre de se rendre, alors que «l'Algérie est le seul pays du Maghreb où l'accès pour nous est difficile», comme la déclaré récemment Eric Goldstein, directeur adjoint du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord au sein de ladite ONG. Tout le courage consiste à s'en prendre à celui qui ouvre sa porte. «Pas sur les écrans : Les droits humains dans les camps de réfugiés de Tindouf», intitulé dudit rapport de HRW, exprime toute la peine de ses auteurs de révéler toute la noirceur du système algéro-polisarien. «Il existe des cas d'abus au Sahara occidental, mais il y a eu aussi des exagérations de la part de certaines parties», estime Sarah Leah Whitson, directrice de la division Moyen Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch. Après tout, en quoi est-ce si grave que même les Nations Unies n'ont jamais pu recenser le nombre des habitants des camps de la honte, en Algérie, que l'expression d'un avis contraire aux thèses du Polisario vaut emprisonnement et exil ? D'ailleurs, tout ça ne constitue pas une preuve, pour HRW, comme quoi le Polisario embastille ceux qui ne sont pas d'accords avec ses dirigeants. Si la pratique de la torture est bel et bien indiquée dans le rapport, ses auteurs se dépêchent aussitôt de souligner qu'elle n'est pas «régulière» ! Les victimes des bourreaux polisariens devraient savoir gré au HRW de leur apprendre cette si «bonne» nouvelle. Et si des civils passent en jugement, pour des délits de droits communs, devant des tribunaux des militaires du Polisario, HRW ne va quand même pas faire scandale, comme ce fût le cas quand des polisariens égorgeurs d'agents de force de l'ordre, à Gdeim Izik, sont passés devant un tribunal militaire marocain. Les Polisariens peuvent même garder pendant des mois des prévenus en détention, ou prolonger la peine d'incarcération de condamnés, là encore, ce n'est pas ce qui fait pousser à HRW des cris d'orfraie. Le Polisario limite arbitrairement les déplacements des habitants des camps, mais pas «de façon générale». Et les points de contrôle le long des routes, ce sont juste des mesures de «sécurité» pour soi disant lutter contre le terrorisme et la contrebande. Ce n'est pas grave, pour HRW, si ces fameuses «mesures» n'ont nullement empêché des polisariens d'aller par milliers combattre avec des bandes jihadistes, au nord du Mali, ni l'enlèvement de travailleurs humanitaires européens en plein quartier général du Polisario. Quand à la contrebande, HRW fait semblant d'ignorer que ce n'est pas un phénomène restreint dans les camps de Tindouf, mais la source de revenu essentielle pour nombre de ses habitants. Quand à l'esclavagisme, le rapport de HRW parle de «formes» qui persistent dans les camps de la honte, en Algérie, mais qui seraient «isolées». Un mouvement de «libération» esclavagiste, c'est toute la rhétorique anti-marocaine qui tombe à l'eau. Chose que HRW ne semble pas vouloir se permettre. Concernant les victimes de l'esclavage dans les camps de Tindouf, il s'agirait de «sahraouis ayant la peau foncée», mais honni soit qui penserait au racisme ! Pas HRW, en tout cas. Les auteurs dudit rapport vont même jusqu'à préciser que cet esclavagisme «prend surtout la forme de travaux ménagers non volontaires» (le doux euphémisme !). Mais ils ont toutefois omis de préciser ce que les maîtres de ces esclaves «non volontaires» pourraient faire faire à ces derniers, à part des travaux ménagers ou surveiller des troupeaux, sur cette terre stérile et inhospitalière qu'est Lahmada, dans le sud-ouest algérien. Cultiver la terre ? Creuser dans des mines ? Travailler en usine ? Le passage du rapport de HRW sur Mahdjouba Mohamed Hamdidaf, la jeune espagnole d'origine sahraouie séquestrée jusqu'à hier dans les camps de Tindouf, n'aurait pas été renié par Ponce Pilate. Entre «traditions», «société patriarcale» et «liens familiaux complexes», se dilue la responsabilité du Polisario, qui n'est tenu que de «signifier clairement» aux «parties concernées» que la séquestration est un crime grave ! Et que «c'est à l'Algérie qu'il incombe, en fin de compte, d'assurer la protection des droits de toutes les personnes vivant sur son territoire». A part ça, ça va... Non, peu importe les crimes de la bande de terroristes qu'est le Polisario, que HRW dénonce avec timidité et embarras. L'essentiel pour cette ONG, c'est le Maroc, qui «occupe» le Sahara occidental et qui aurait bloqué le référendum, mais sans piper mot sur les difficultés du processus d'indentification. Après tout, cette Histoire de nation millénaire, régie pendant des siècles par le Droit musulman, à laquelle fait référence le Maroc pour défendre son intégrité territoriale, ce ne sont pas les Occidentaux qui l'ont forgée. Ils l'ont même foulé au pied pendant la période coloniale. Reconnaître que des nations non-occidentales disposaient d'autres cadres juridiques qui fondaient leur légitimité, c'est admettre que partout ou les pays occidentaux ont mis les pieds, ils n'ont laissé derrière eux que des problèmes. Et que le mieux que les Occidentaux puissent faire actuellement et de se mêler de ce qui les regardent. A moins qu'ils ne puissent s'imaginer les autres pays du monde que démembrés comme la Yougoslavie, ou alors détruits comme la Libye, ou en passe de l'être comme l'Irak et la Syrie. HRW peut présumer ce qu'elle veut, mais le Maroc est un État souverain à l'intérieur du territoire duquel, au nord comme au sud, la Minurso n'a rien d'autre à observer que les termes de la résolution onusienne par laquelle elle a été créée. Par contre, ses militants devraient sérieusement remettre en question leurs conceptions très particulières des Droits humains. Qu'est-ce que l'usage de la torture de façon non-«régulière» ? Serait-ce moins douloureux et dégradant pour ceux qui en font l'objet ? Dans quelle limite l'obstruction aux déplacements des personnes est «généralement» admise et quelles sont donc ces «formes» d'esclavage «non-volontaire» qui différent de l'asservissement crûment nommé ? HRW se doit de «signifier clairement» tout cela à l'opinion publique internationale.