La lutte contre les crimes économiques et financiers et les moyens de renforcer la vigilance face à ce nouveau type de criminalité sont au centre d'une conférence qui s'est ouverte, jeudi, à l'Institut royal de la police de Kenitra. Les participants aux premiers panels de cette rencontre de deux jours organisée par la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN), ont relevé que l'ouverture accrue de l'économie nationale sur le monde et le positionnement du Maroc en tant que terre d'attraction pour les investissements étrangers, ainsi que le développement des TIC, rendent indispensable le renforcement des mesures de veille et de sensibilisation quant à ce nouveau genre de criminalité transnationale. Ce phénomène, en plus de peser sur les efforts de développement économique et social, impacte négativement la sécurité et l'ordre public et génère de graves conséquences autant pour les individus que pour la société en général, a-t-on souligné. Cette nouvelle génération de crimes représente une véritable problématique aux dimensions politique et économique, notamment du fait qu'elle peut être exploitée pour financer des actions terroristes, le crime organisé, les guerres et d'autres facteurs de déstabilisation des Etats. A cet égard, le Directeur général de la Sûreté nationale, Bouchaib Rmail, a affirmé, dans une allocution introductive, que la recrudescence des risques liés aux crimes financiers et économiques rend nécessaire l'amélioration des approches sécuritaires visant à juguler ce danger et limiter son impact sur le tissu économique national, la sécurité, la stabilité et l'ordre public. Le progrès technologique et la banalisation de l'utilisation d'internet représentent un défi en termes de vigilance et d'adaptation de l'arsenal juridique, des éléments essentiels pour lutter efficacement contre les délits et opérations douteuses sur le web, qui peuvent aussi porter atteinte à l'image du Maroc en tant que pays attractif pour les investissements et passerelle vers les marchés économiques africains, a-t-il ajouté. M. Rmail a aussi mis l'accent sur l'importance de sensibiliser sur ce phénomène, renforcer les compétences des agents d'application de la loi chargés d'enquêter sur ce genre de crimes et rechercher les mécanismes opérationnels et techniques à même de faire face à ce genre de criminalité organisée. Le président de l'Instance centrale de prévention de la corruption (ICPC), Abdeslam Aboudrar a, pour sa part, indiqué que les crimes économiques et financiers et la corruption, définie par la convention des Nations Unies, entrée en vigueur le 14 décembre 2005, est une problématique globale qui a différentes dimensions et qui résulte généralement de l'abus de pouvoir conduisant à plusieurs crimes dont le détournement de fonds et le blanchiment d'argent. Cette nouvelle génération de crimes représente un danger qui peut dépasser les frontières nationales, d'où la problématique du financement du terrorisme et du crime organisé et ses répercussions sur la paix et la sécurité, a-t-il expliqué. Il a, à cet égard, rappelé les mesures prises par le Maroc pour lutter contre ce genre de crimes, dont la création de brigades spécialisées relevant de la police judiciaire et l'élargissement des prérogatives de l'ICPC et du conseil de la concurrence, outre l'amendement de la procédure pénale pour la création de chambres criminelles chargées des crimes financiers au sein des cours d'appel. La lutte contre ce genre de crimes requiert l'adoption d'une approche participative à travers la promotion de mécanismes de coopération entre tous les acteurs concernés aux niveaux national et international, a noté M. Aboudrar. Cette rencontre, qui connaît la participation d'experts juridiques, de responsables gouvernementaux et de responsables dans les organes de police, examine plusieurs thèmes dont l'impact des crimes économiques et financiers sur le capital immatériel du Maroc et la relation entre ces crimes et les nouvelles technologies de la communication et de l'information.