Le décret loi bloquant le départ à la retraite des enseignants en 2014-2015 a choqué nos enseignants du scolaire et de l'universitaire et beaucoup d'entre eux ont même pensé porter cette affaire devant la justice car ils se sentirent comme objets de réquisition en temps de guerre ou de crise. « Nous sommes prêts à donner même nos vies ou ce qui en reste pour notre patrie, mais cette décision prise à la hâte et à la « tel est mon bon pouvoir » des temps anciens, a froissé notre dignité et nous nous sommes sentis comme du bétail qu'on cède pour la « Touiza », c'est révoltant... », Devait réagir un enseignant de premier cycle qui avait déjà obtenu un visa pour rejoindre ses deux enfants émigrés. «C'est merveilleux la vieillesse...dommage que ça finisse si mal !», aurait écrit un jour François Mauriac, écrivain français. La vieillesse est donc un âge de sénescence, d'affaiblissement et de sénilité et par conséquent un âge de fragilité physique et morale que Pierre Corneille avait personnifiée ainsi : « Ô vieillesse ennemie ! » Or, notre gouvernement, pourtant fait en majorité de vieilles personnes, semble ne pas accorder la déférence et la révérence qu'on doit à « ces cheveux blancs » qui ont sacrifié leur jeunesse, leur vigueur et toute leur vie pour leur patrie et qui se retrouvent aujourd'hui harcelés par des mesures de rafistolage ou de bricolage, mesures choquantes et rebutantes car prises unilatéralement ou improvisées à la dernière minute sans aucun égards pour les répercussions surtout morales qu'elles engendreraient sur les personnes ciblées. Et comme par miracle, on se rend compte que les enseignants qui sortent en retraite dès l'entame de la saison scolaire laissent un vide en matière de personnel et par conséquent nos élèves allaient se retrouver sans « maitres » pour terminer leurs programmes scolaires. Et comme par miracle, la première inspiration de nos génies en matière de rafistolage et qui optent sans trop s'ingénier pour la facilité et le « prêt à porter », cible sans hésitation aucune nos enseignants qui avaient attendu non sans douleur cette retraite pour enfin souffler après des années de labeur et d'abnégation. Ainsi, les préretraités de l'éducation nationale et de l'enseignement supérieur concernés et qui sont au nombre de 5542 dont 130 professeurs universitaires ne pourront pas partir en retraite au cours de l'année scolaire et universitaire 2014-2015. Ils seront obligés d'attendre la fin de l'année pour jouir de leur droit car ils seront soumis à la décision prise ou manigancée par le gouvernement aux dernières minutes pour éviter que des élèves et des étudiants restent sans encadrement pédagogique durant la nouvelle année scolaire et universitaire. Pour valider cette décision, jugée par tous unilatérale et affligeante et ne relevant pas du pouvoir réglementaire, le gouvernement a eu recours précipitamment au décret loi 2.14.596 complétant la loi n° 012.71 fixant la limite d'âge des fonctionnaires et agents de l'Etat, des municipalités et des établissements publics affiliés au régime civil, ainsi que la loi n° 05.89 fixant la limite d'âge des personnels relevant du régime collectif d'allocation de retraite, approuvée le 1er septembre. Ce décret loi, constitutionnel (article 81 de la constitution de 2011), a été donc présenté pour approbation devant les 2 commissions permanentes compétentes dans les deux chambres du parlement. Seulement sa constitutionnalité a été lésée, puisque le quorum exigé pour son adoption ne s'est pas réuni. Il a été voté à la chambre des représentants par 14 députés seulement à la chambre des représentants, dont 9 pour, et par 7 conseillers à la deuxième chambre, dont 4 seulement ont voté pour. Ainsi, sitôt sorti, cette décision fit l'objet d'un tollé général et à l'unanimité syndicale, la présentation de ce décret loi a été considérée comme la preuve que le gouvernement gère le pays sur fond de rafistolage, bricolage, replâtrage et donc sans prospection et sans planification ni à moyen, ni à long terme. Cela confirme que notre gouvernement réagit toujours aux problèmes comme s'ils tombaient du ciel... En plus, cette décision survient au moment où le dossier de la réforme de la retraite est sur la table des négociations. Le gouvernement aurait pu au moins demander l'avis des enseignants concernés et les écouter pour d'éventuelles suggestions en recourant aux contrats par exemple, ce qui peut motiver le fonctionnaire de l'enseignement concernés à rester parce qu'ils peuvent gagner un supplément pécuniaire toujours bien acquis en de telles circonstances. Maintenir des retraités contre leur gré et sans motivation, n'est pas la meilleure solution pour assurer un enseignement de qualité à nos enfants car il se pourrait que « astreints » à revenir à la classe, nos enseignants le feraient dans la langueur et l'apathie. Certes, personne ne peut contester le droit de notre gouvernement de veiller à la continuité et la régularité d'un service public, surtout quand il s'agit d'un service stratégique, mais à condition que les décisions et les mesures prises par ce gouvernement prouvent leur pertinence, leur bien-fondé et donc leur recevabilité. Et il faut vraiment reconnaitre que cette décision de dernière minute de maintenir arbitrairement en poste des enseignants ayant atteint l'âge légal de la retraite, est une décision qui ne peut émaner que d'un système de gestion défaillant et velléitaire. Et pour le prouver, même le syndicat des islamistes resurgit et rejette l'étiquette de l'appartenance pour récuser ce projet gouvernemental, objet de scandale dans les milieux éducatifs même s'il a été approuvé par les parlementaires du PJD à la chambre des représentants : démagogie ou réel éveil de conscience ? Certains observateurs avisés traduisent déjà cette réaction du syndicat allié comme un indéniable jeu électoraliste cynique. Enfin et dans tous les cas, enseignants et syndicats ont exprimé leur rejet total de ce décret gouvernemental jugé impropre et impopulaire et ont revendiqué son annulation immédiate même s'il a été adopté par nos chambres, Proudhon, un polémiste, journaliste, philosophe et sociologue français, n'avait –il pas écrit un jour que « Le despotisme des assemblées est cent fois pire que celui d'un seul ».