Le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU s'est prononcé, jeudi, en faveur d'un projet de résolution ouvrant la voie à la définition de normes contraignantes pour les entreprises multinationales en matière des droits humains. Le texte, adopté par 20 votes pour, 14 contre et 13 abstentions, invite les Etats membres des Nations unies à mener des négociations en vue d'un instrument international sur les obligations des firmes transnationales. Les 47 membres du conseil, dont le Maroc, décident ainsi de mettre sur pied un groupe de travail intergouvernemental chargé "d'élaborer un instrument international juridiquement contraignant pour réglementer les activités des sociétés transnationales". La résolution prévoit que le groupe de travail se réunisse pour la première fois au cours de l'année 2015. En présentant la résolution, l'Equateur a rappelé les violations et abus commis par des sociétés transnationales comme Chevron en Amazonie, Shell au Nigeria et Pana Plaza au Bangladesh. "Les victimes attendent toujours des réparations pour leur préjudice", a affirmé le représentant de l'Equateur devant l'enceinte onusienne. Les Etats-Unis, l'Union européenne, et le Japon, opposés au texte, ont fait valoir que les principes directeurs sur les multinationales adoptés il y a deux ans par le Conseil des droits de l'Homme étaient suffisants. Le Royaume-Uni a, pour sa part, indiqué que les Etats qui adhéreraient au futur traité pourraient donner un coup dur aux investissements et que la question du respect des droits de l'Homme par les firmes transnationales doit relever de la seule compétence des juridictions nationales. Dans un communiqué, un groupe d'ONG ont souligné que le texte de résolution, dont le principe avait été soutenu par 85 Etats de la planète en septembre dernier, "offre une opportunité historique pour combler un manque flagrant". "Il n'existe pas, au niveau international, d'instrument juridiquement contraignant pourvu de mécanisme de sanction pour réguler et contrôler les impacts des multinationales sur les droits humains et assurer l'accès des victimes à la justice", ont assuré ces organisations. Des centaines d'ONG et de mouvements sociaux du monde entier ont soutenu le projet initié par l'Equateur et l'Afrique du Sud et se sont élevés contre le vote en bloc des pays européens et de l'OCDE contre ce texte.