Brice Hortefeux, proche de Nicolas Sarkozy, souhaite que l'ancien chef de l'Etat «soit candidat à la présidence de l'UMP» lors du congrès du parti prévu en octobre, dans un entretien au journal Le Monde publié mercredi. Le retour de l'ancien président français Nicolas Sarkozy, annoncé comme «une nécessité» par un de ses proches, met l'UMP (opposition de droite) en ébullition, plusieurs concurrents potentiels n'ayant aucune intention de se laisser faire. «Le retour de Nicolas Sarkozy, qui était une possibilité, devient une nécessité. Je souhaite donc qu'il soit candidat à la présidence de l'UMP à l'automne», a déclaré M. Hortefeux. L'ancien ministre de M. Sarkozy juge «inutile» le recours à une primaire pour désigner le candidat de l'UMP à l'élection présidentielle de 2017 «lorsqu'un choix s'impose naturellement.» Il est donc «totalement opposé» à la proposition d'Alain Juppé, qui souhaite que le futur président de l'UMP ne soit pas candidat à cette primaire. Pour M. Hortefeux, «l'enjeu est double. D'abord, l'opposition républicaine est sans ligne et bientôt sans tête. Sans réaction forte, cela nous condamne. Ensuite la question doit être crûment posée: parmi les trois principales forces politiques, UMP, FN et PS, quelles seront les deux qualifiées au second tour de la présidentielle?» Evoquant «une crise de l'opposition, tétanisée par la poussée du Front National», M. Hortefeux estime que «chacun peut constater qu'il (M. Sarkozy) est le seul dirigeant à avoir trouvé les mots, les gestes et les actes capables d'endiguer la progression du FN. Il l'a montré de manière spectaculaire en 2007 et l'a encore confirmé en 2012 en arrivant dix points devant la candidate du FN alors que les sondages les avaient donnés à égalité.» Au premier tour de l'élection présidentielle de 2007, Jean-Marie Le Pen avait recueilli plus de 3,8 millions de suffrages (10,44%). Au terme des cinq années de présidence de M. Sarkozy, au premier tour de la présidentielle de 2012, Marine Le Pen a quant à elle recueilli plus de 6,4 millions de suffrages (17,90%). L'UMP est en crise ouverte depuis l'éclatement de l'affaire autour de la société de communication Bygmalion, fondée par deux proches de Jean-François Copé. Ce dernier a été poussé à la démission de la tête du parti la semaine dernière. Un triumvirat composé des trois anciens Premiers ministres Alain Juppé, Jean-Pierre Raffarin et François Fillon doit diriger le parti avant le congrès prévu en octobre, mais sa légitimité a été contestée la semaine dernière par deux proches de M. Sarkozy, Nadine Morano et Claude Guéant. L'ex-chef de l'Etat devrait s'exprimer «autour de l'été», a déclaré jeudi sur RMC et BFMTV son ami intime de quarante ans, l'ex-ministre Brice Hortefeux, soulignant que son retour relevait de «l'intérêt général». L'ancien président, concurrencé dans les sondages par l'ex-Premier ministre Alain Juppé et dont le nom se retrouve mêlé à l'affaire Bygmalion portant sur le financement de sa campagne de 2012, paraît déterminé à replonger dans l'arène politique. Il pourrait briguer la présidence de l'UMP à l'automne, ce qui devrait, pour ses amis, le conduire tout droit à la candidature pour la présidentielle, sa vraie ambition. Alors que l'UMP est en plein marasme en raison d'un système de fausses factures présumé qu'aurait mis en place l'agence de communication Bygmalion, «le retour de Nicolas Sarkozy devient une nécessité», affirme Brice Hortefeux dans Le Monde daté de jeudi. «Je souhaite donc qu'il soit candidat à la présidence de l'UMP à l'automne», ajoute-t-il. Autre fervent soutien de Nicolas Sarkozy, l'ex-ministre Nadine Morano a estimé sur i-TELE que l'ancien président «n'a pas le choix, il doit revenir» pour «mettre de l'ordre dans notre famille politique.» M. Hortefeux plaide, lui, pour un report du congrès de l'UMP, prévu le 12 octobre - au cours duquel doit être élu un nouveau président - et considère «inutile» l'organisation d'une primaire à droite. Or, les partisans de la primaire, inscrite dans les statuts de l'UMP, sont nombreux: les ex-Premiers ministres François Fillon et Alain Juppé, et ex-ministres Xavier Bertrand, Bruno Le Maire. Ils veulent tous en être. Il n'y a de fait plus de chef à l'UMP depuis la démission forcée de Jean-François Copé le 25 mai. La troïka formée des trois ex-Premiers ministres - Alain Juppé, François Fillon et Jean-Pierre Raffarin - subit les foudres des «sarkopéistes», qui dénoncent une violation des statuts de l'UMP. Quid de la ligne ? S'allier avec le centre, comme le suggèrent Juppé et Fillon ? Ou ancrer le parti dans une droite aux convictions plus tranchées en matière d'immigration et de sécurité ? Une série d'obstacles Une fois le chef installé, le cap sera trouvé : droit sur 2017. En jeu : la présence de la droite républicaine au second tour de la présidentielle, loin d'être assurée après la victoire du Front National (extrême droite) aux européennes. Mais ce scénario risque de se heurter à une série d'obstacles, à la fois judiciaires et politiques. L'un de plus proches collaborateurs de Nicolas Sarkozy, Claude Guéant, ancien ministre de l'Intérieur, vient de subir une garde à vue de trois jours pour son rôle dans un arbitrage litigieux lorsqu'il était secrétaire général de l'Elysée - auprès de l'ex-président. Et l'aveu sur les fausses factures à l'UMP a été fait par Jérôme Lavrilleux, qui était en 2012 directeur de campagne adjoint de Nicolas Sarkozy. Xavier Bertrand a le premier donné la charge en lâchant que tous ceux qui ont eu rôle dans la campagne de 2012 «doivent se tenir à l'écart» de l'UMP. Il faudra donc à Nicolas Sarkozy éliminer des concurrents qui n'ont aucune intention de se laisser faire : d'abord Alain Juppé, qui le talonne désormais dans le coeur des Français de droite, selon les sondages. Et ensuite François Fillon, son porte-parole ayant prévenu qu'en l'absence de primaire, «le premier tour de la présidentielle» en ferait office. En revanche, son ex-plus grand ennemi, Dominique de Villepin, ancien Premier ministre, juge que Sarkozy est aujourd'hui l'un «des très rares», avec Juppé, à pouvoir rassembler la droite. Pour Sarkozy, qui n'avait pas prévu un retour aussi rapide, le chemin est escarpé. «En revenant maintenant, dit un ancien ministre, il ne choisit pas la meilleure des solutions, mais la moins mauvaise».