Le quartier des Habous à Diour Jamâa fait partie du patrimoine historique de la ville de Rabat, tout comme son école, "Madrassat Al Ahbass" (Ecole des Habous), construite en 1938 et inaugurée par feu Mohammed V en 1945. L'école, petit joyau architectural dans ce grand joyau qu'est le quartier des Habous, est classée par l'UNESCO patrimoine universel. C'est un patrimoine tout aussi architectural qu'immatériel. Pleine d'Histoire, cette école a toujours accompli son rôle dans la formation des enfants du quartier. Au fil des générations, elle a constitué la fierté des enfants et de leurs parents, comme de tous les habitants de Diour Jamâa. Aujourd'hui, sa noble mission est menacée parce que l'école risque purement et simplement d'être fermée. Elle est donc en passe de cesser de jouer son rôle pour lequel elle a été fondée, ce qui serait un gâchis impardonnable. Le délégué régional du ministère de l'Education nationale a en effet décidé de fermer l'école pendant l'année scolaire 2014-2015 sous prétexte de détérioration de la construction. Or, l'école, très bien bâtie, jouit d'une bonne santé à part des chutes d'enduit au niveau de certains plafonds et quelques traces d'humidité. C'est d'ailleurs ce qu'a relevé une contre-expertise réalisée pour le compte de l'Association des parents d'élèves de l'école qui a noté "l'absence de flambement des poutres porteuses du plancher haut, l'absence de fissures de décollement entre poutres et plancher et l'absence de fissurations des poteaux et murs". La conclusion de l'expertise est sans équivoque: "Les chutes d'enduits ne sont pas dues à des anomalies structurelles et l'étage ne présente pas de signes d'instabilité de la structure porteuse. Donc le bâtiment visité ne présente pas de danger potentiel". Point barre. Il suffirait donc de traiter les zones dégradées, c'est-à-dire l'enduit du plancher haut, ce qui peut aisément se faire pendant les vacances d'été sans avoir à fermer l'école et à dispatcher les élèves sur d'autres écoles, opération qui ne manque pas de désagréments pour les élèves comme pour les parents. A quoi rime au fait toute cette mise en scène ? C'est la grande question que se posent, à juste titre, les habitants du quartier et les parents d'élèves. Un climat de très forte suspicion a pris place au regard de la tendance à la privatisation des écoles publiques, d'autant plus que le sort de la voisine école des Jardins, cédée après des années de fermeture à une mission étrangère, n'est pas pour calmer les esprits. Les plaignants craignent que l'histoire de la fermeture pour une saison scolaire ne soit que le prélude d'un plan qui ne voudrait pas dire son nom. C'est ce qui a amené l'Observatoire Marocain de l'Education et le Réseau Marocain des Associations des Parents d'élèves à entrer en lice et à exhorter, par lettre, le ministre de l'Education nationale et de la Formation professionnelle en vue d'agir pour faire annuler la décision de la fermeture de l'école. Les deux organismes expriment leur solidarité avec les habitants du quartier des Habous et avec l'Association des parents d'élèves et attirent l'attention sur l'intérêt des élèves. Surtout que les réparations nécessaires peuvent se faire rapidement. Affaire à suivre.